Astronomie : Nouveaux éléments-clés pour la vie découverts sur une lune de Saturne

18/12/2023 mis à jour: 01:40
AFP
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Encelade, une lune glacée de la planète Saturne, recèle un océan qui paraît de plus en plus  habitable, selon des biophysiciens qui affirment y avoir détecté de nouveaux éléments-clés pour l’apparition de la vie. 

Invisible à l’œil nu, la petite lune, une boule blanche d’un diamètre de seulement 250 km à la surface comme striée de cicatrices, est en orbite autour de Saturne, la sixième planète la plus éloignée du Soleil. La sonde Cassini, qui l’a survolée à plusieurs reprises lors de sa mission vers Saturne et ses anneaux entre 2004 et 2017, a établi la présence d’un vaste océan d’eau salée caché sous une épaisse couche de glace. Et y a découvert des geysers de vapeur d’eau jaillissant de fissures dans cette surface glacée. En traversant ces panaches, elle a détecté du sel, des éléments organiques, du méthane et du dioxyde de carbone. 

L’analyse des données enregistrées par la sonde a perduré bien après sa fin, comme avec l’annonce l’été dernier de la présence de phosphore, un autre élément clé pour la vie. Cette fois, l’élément vedette identifié par une équipe de Harvard, outre de l’acétylène du propylène et de l’éthane, est du cyanure d’hydrogène. 

«C’est une brique essentielle à la formation de molécules plus complexes, comme les acides aminés ou les sucres, qui sont important pour l’origine de la vie», explique à l’AFP le biophysicien américain Jonah Peter, doctorant à Harvard et premier auteur de l’étude.  Cette molécule fait tout l’intérêt de l’annonce, indique à l’AFP Athéna Coustenis, astrophysicienne et planétologue à l’Observatoire de Paris-Meudon PSL, qui n’a pas participé à l’étude. 
Car elle est à la base d’une chimie organique beaucoup plus complexe quand on considère les conditions d’habitabilité.Cette habitabilité reste sans rapport avec celle que pourrait espérer un humain, la température de surface d’Encelade évoluant en moyenne autour de -200 degrés Celsius. 
 

«Y retourner » 

Mais la température pourrait être bien plus élevée dans les grands fonds de son océan, où les scientifiques imaginent la présence d’évents géothermiques. Ces sortes de cheminées pourraient laisser remonter des gaz brûlants venus des entrailles de cette lune, comme ceux identifiés par exemple dans la Cité perdue, une zone profonde de l’océan Atlantique où ces évents fournissent l’énergie propice à des réactions chimiques. 

La détection d’hydrogène dans des panaches d’Encelade, annoncée en 2017, avait été justement vue comme la signature d’une activité hydrothermale. Pour sa part, M. Peter estime très probable que l’échantillon de matière recueilli par Cassini provienne de l’océan sous la surface d’Encelade. La nouvelle brique apportée par l’équipe de Harvard renforce l’intérêt porté au petit satellite de Saturne. «Il réunit à peu près toutes les conditions pour être potentiellement habitable: le liquide, les sources d’énergie, les nutriments - ces éléments essentiels de la chimie organique - et puis un environnement stable», selon Mme Coustenis. 

Tout comme sa voisine Titan, autre lune de Saturne, ou encore deux des lunes de Jupiter, Europe et Ganymède. Pour en avoir le cœur net, il faudrait d’autres observations. La mission Juice de l’ESA, qui a décollé en avril dernier va s’intéresser à Ganymède. L’an prochain, Europa Clipper pour la Nasa, filera vers Europe. Et Encelade ? «Pour en apprendre plus sur les geysers et l’océan, il faut y retourner avec des instruments plus sensibles», estime Jonah Peter. Voire essayer d’en rapporter un échantillon.

 «C’est dans les cartons de l’Agence spatiale européenne», avec son programme Voyage 2050, rappelle Athéna Coustenis, qui se félicite de toutes ces «missions qui replacent le système solaire dans la course à la détection de la vie au delà de la Terre». Il faudra être patient. Le seul trajet aller de Cassini jusqu’à Saturne avait pris sept ans. 

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