Organisé par l’association culturelle de musique andalouse, Es Soundoussia, qui célèbre également cette année son 36e anniversaire, le récital a été accueilli à l’auditorium du palais de la culture Moufdi Zakaria sous le slogan Lahbab aâmlou louila.
Composé d’une vingtaine d’instrumentistes issus de différentes associations, dont Es Soundoussia, Kortoba, Nassim Essabah et Dar El Ghernatia, l’orchestre, sous la direction de Moussa Haroun, a embarqué l’assistance près de deux heures durant dans un voyage initiatique à plusieurs stations. Trois programmes réunissant une vingtaine de pièces ont orné le silence de la salle avec de belles variations modales et rythmiques allant du mode zidane, au ghrib, passant par raml el maya, au plaisir d’un public conquis, venu faire part de sa reconnaissance au «ténor de la douceur», Noureddine Saoudi.
Parmi les pièces entonnées, Ahabbou qalbi (inqileb) suivi de la nouba zidane avec ses déclinaisons rythmiques et mélodiques, Mir el Gharam s’ken m’hadji, Adrouni yah’l el h’wa, Twahach’t b’ghit en’zour, Amt’lek’t wes’daft gh’ram et Had el gharam elladhi karemtou. Avec une voix présente à la tessiture large et un vibrato qui y coule sans effort, Noureddine Saoudi, œuvrant à la préservation et à la socialisation de la mémoire culturelle et musicale andalouse, a brillamment interprété Djadaka el gheïthou.
Le récital a également été embelli par les voix cristallines de Yanel Akkab, Radia Nouacer, Lisa Aissani, ainsi que celles étoffées de Moussa Haroun, Karim Semmar et Abderrezak Guennif qui a interprété un programme chaâbi très applaudi par l’assistance. Pour cette grande soirée, à la double circonstance, de grandes figures de cette musique savante se sont retrouvées, à l’instar du grand Mohamed Khaznadji, Abdelkader Chaou, H’cissen Sadi, Nacer Mokdad, Djamel Ghazi, Salah Fethi, Nacereddine Galiz, ou encore Farid Khodja.
Venus de l’univers de la musique classique universelle contribuer à ce bel hommage, Djamel Ghazi à la flûte traversière et Salah Fethi au violon ont présenté Echo de la Nouba Dziriya, une réécriture adaptée à la polyphonie, de nouba dziriya, une des compositions de Noureddine Saoudi, rendue dans une série d’extraits, tenant compte des déclinaisons rythmiques existant dans une Nouba andalouse. Une série de photographies commentées par l’artiste mise à l’honneur, retraçant sa vie depuis son enfance jusqu’à sa consécration, a été projetée en ouverture du concert, alors qu’auparavant, la soirée a débuté avec la troupe zorna Tchougal, qui a donné le ton, en rappelant la tradition ancestrale algéroise. La présidente de l’association El Soundoussia, Bahidja Triki, accompagnée du directeur des droits voisins à l’ONDA, Abdelhamid Cherdoud a remis la distinction honorifique et autres présents symboliques à Noureddine Saoudi, sous des youyous nourris et des salves d’applaudissements.
A l’issue d’une prestation de haute facture, déroulée dans des atmosphères conviviales, le public, qui a savouré tous les moments de la soirée, a longtemps applaudi les artistes. Elève des derniers grands maîtres de l’école algéroise, Noureddine Saoudi a obtenu en 1974, le 1er prix au Conservatoire d’Alger où il fut nommé professeur quatre années plus tard. Membre fondateur de plusieurs associations de musique andalouse, à l’instar d’El Fakhardjia et Essendoussia, le ténor a enregistré plusieurs nouba, avant d’être nommé en 2016 à la direction de l’Opéra d’Alger Boualem Bessaih.