La 14e édition du Festival culturel du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès s’est ouverte lundi soir au théâtre régional Abdelkader Alloula d’Oran, avec la participation de six troupes en lice et en présence d’une foule constituée essentiellement d’amateurs du 4e art.
Les moulins lui donnent des ailes : passionnée par ce symbole des Pays-Bas, une artiste, connue pour peindre sur les voiles usagées de moulins à vent, a décidé de devenir meunière, fait rare pour une femme dans un univers très masculin. Perchée à près de dix mètres du sol sur l’une des quatre ailes du moulin De Heimolen, construit en 1866, Peet Wessels, 59 ans, attache une toile sur les lattes en bois. Elle descend ensuite à toute allure et court autour de la structure pour desserrer un frein et mettre en mouvement les ailes grinçantes de cet ancien moulin à blé, à Rucphen-Bosschenhoofd, dans le sud des Pays-Bas.
«Il ne faut pas avoir le vertige si vous voulez devenir meunier», s’exclame auprès de l’AFP Mme Wessels, vêtue d’un jean et d’un sweat à capuche à l’effigie de la Guilde néerlandaise des meuniers, une paire de chaussures robustes aux pieds. Depuis près de deux ans, l’artiste, dont la maison est ornée de plus d’une centaine de photos, croquis, gravures et autres objets d’art représentant des moulins à vent, suit une formation pour pouvoir exercer ce métier de tradition, au côté de 2000 autres personnes. Mme Wessels estime être la seule femme dans ce cas dans sa province du Brabant du Nord, non loin des célèbres moulins de Kinderdijk, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Les Pays-Bas comptent environ 200 femmes meunières, précise-t-elle, principalement basées autour de la ville d’Utrecht, dans le centre du pays.
«Plutôt dans un moulin»
Les apprentis meuniers sont formés à la mécanique du moulin, à l’art de manipuler en toute sécurité et sans les endommager les ailes massives, et à lire la météo. «C’est un peu comme être le capitaine d’un voilier», note Mme Wessels. Peet Wessels ne se voit pas comme une pionnière dans un monde traditionnellement masculin depuis des siècles. «Mais je préfère être dans un moulin plutôt que d’assister à un défilé de mode», plaisante-t-elle. Ingénieure chimiste de profession, l’artiste a toujours été intéressée par les moulins à vent. Après avoir travaillé comme ingénieure aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, elle décide de se lancer dans une carrière de peintre à la fin des années 1990.Mais après une chute des ventes et la crise économique de 2008, Mme Wessels se sent contrainte «de faire quelque chose de différent». Un jour, elle passe en vélo devant un moulin à vent. «J’ai dit au meunier que je voulais faire quelque chose avec les moulins et les peindre», raconte-t-elle. Elle lui demande s’il a quelque chose qu’elle pourrait utiliser. Il lui montre une toile usagée issue d’une aile du moulin, et c’est alors qu’une idée naît.
La toile était «puante et pleine d’insectes, j’ai donc d’abord dû la nettoyer», se souvient-elle. Sa formation en génie chimique s’est avérée utile, l’aidant à trouver la bonne façon de traiter la toile pour montrer à la fois la peinture et le processus de vieillissement naturel des tissus. «Le tissu et la peinture devaient fonctionner ensemble. Ils doivent montrer l’histoire du tissu qui a fait partie du moulin depuis parfois 20 ans ou plus», affirme-t-elle. Deux de ses œuvres préférées trônent dans sa cuisine, Ciels néerlandais et Paysage néerlandais. Toutes deux ont été peintes sur la toile d’un moulin de Kinderdijk datant de 1740. Mme Wessels a peint de nombreux moulins, dont De Kat, au nord d’Amsterdam, le dernier moulin à vent au monde utilisé pour fabriquer des pigments de peinture. «Presque tous les meuniers me connaissent. Avant, je les sollicitais pour des vieilles toiles, mais maintenant, ils me téléphonent lorsqu’ils en ont», dit-elle en souriant.