Dans un article publié par le journal L’Est Républicain, un ancien appelé en Algérie, Yves Cargnino, confirme que lors de son service en 1956, des armes non conventionnelles ont été utilisées en Algérie lors de la guerre coloniale.
C’est ainsi, explique notre confrère de la presse régionale, que «sont nommés les gaz toxiques répandus sur ordre dans des grottes et mines en Algérie».
Le journal explique qu’Yves Cargnino était l’un de ces combattants chargés de les manipuler : «Ce jeune sergent de 23 ans, fils d’officier, a déjà deux ans de combat en Algérie lorsqu’il est désigné pour former une section spécialisée. ‘‘J’étais chef de la première équipe au sein de la section Arme Spéciale Alias Section grotte de la 75e Compagnie du Génie Aéroporté, 50 bonshommes à former, sur le tas’’.» «Il s’occupe de déloger les combattants algériens du FLN dans les grottes.»
L’ancien combattant explique : «Jusque-là, on s’occupait des embuscades, des barbelés, du déminage. Cette fois, les combats se passaient dans les grottes et sous terre.»
Et il ajoute que les lance-flammes sont abandonnés au profit de grenades remplies d’un gaz toxique. Les combattants algériens avaient le choix entre la mort rapide au bout de quelques minutes, ou bien sortir pour se rendre. Yves Cargnino ajoute que les soldats français aussi prenaient leur dose toxique de façon collatérale : «Les masques ANP 51 n’étaient pas adaptés aux gaz utilisés.» Il révèle enfin que 2500 à 3000 hommes, appelés et cadres, ont été envoyés en mission dans les grottes. «Nous étions une dizaine encore vivants il y a 15 ans.»
Sans compter ceux dont la descendance en portera les conséquences, avec des enfants nés handicapés. «Il cite un autre sapeur, qui a lui aussi engagé un procès pour obtenir la reconnaissance d’une invalidité militaire, mort pendant la procédure. ‘‘Il était déjà grabataire, invalide à 100%, cet homme devrait être déclaré Mort pour la France’’.»
Si Yves Cargnino se vide ainsi d’un lourd secret dont il détient des éléments probants dans ses archives, il regrette cependant que l’invalidité ne soit pas reconnue pour les soldats français engagés dans cette utilisation non conventionnelle que les droits de la guerre condamnent. Et si l’ancien appelé a du remords, c’est aussi pour s’apitoyer sur son sort et celui des siens qui en gardent des séquelles.
L’article ne dit pas les graves conséquences sur les Algériens ainsi soumis aux gaz, ni ce que les Français faisaient de ceux qui se rendaient.
Paris
De notre bureau Walid Mebarek
Source : https://www.estrepublicain.fr/societe/2022/03/19/guerre-d-algerie-yves-cargnino-a-ete-temoin-d-agressions-chimiques-dans-les-grottes