Si vous êtes de passage au Mexique, évitez de rendre visite au groupe de momies exposées dans la capitale. Non, il n’y a aucun risque pour qu’elles se réveillent et viennent hanter les rues mexicaines. Le problème qu’elles posent est de type sanitaire, révèle Popular Mechanics.
En effet, ces momies seraient à l’origine de la diffusion d’un champignon potentiellement dangereux. L’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique (INAH) indique que l’apparition de champignons sur leurs coffres de transport est véritablement problématique, au point que l’organisation des expositions, la manipulation des momies et leur présentation au public sont à revoir.
Appelée «Les momies de Guanjuato», l’exposition est présentée dans divers musées depuis 1969. Mais c’est récemment, à Mexico, qu’elle a soulevé quelques questions de sécurité : l’étanchéité des cages en verre comportant les six cadavres embaumés a été remise en question.
«Sur quelques photos des corps exposés, qui ont été inspectés par l’Institut en novembre 2021, on remarque des traces de prolifération d’une potentielle colonie de champignons, explique l’INAH. C’est d’autant plus inquiétant que le public n’est pas tenu au courant des risques biologiques liés à l’exposition.»
Champignons mortels et films d’horreur
Désormais, les soucis de santé sont au cœur des débats. «Nous devons étudier les momies avec précaution afin de déterminer si elles présentent un risque pour ceux qui les manipulent, mais aussi pour ceux qui viennent simplement les voir», poursuit l’Institut.
Les risques d’infections liés aux champignons présents sur les corps ne sont pas à prendre à la légère : bien qu’ils soient rares, plusieurs cas ont été mortels.
En 1970, par exemple, à l’ouverture de la tombe du roi Casimir IV en Pologne, dix des douze scientifiques présents sont décédés quelques semaines plus tard, probablement à cause d’une infection présente dans le tombeau.
Les momies de Guanjuato, elles, n’auraient a priori pas été volontairement momifiées. Certains spécialistes pensent qu’aux XIXe et au XXe siècles, l’environnement riche en minéraux et les chambres funéraires souterraines sèches ont permis de préserver les cadavres et de leur donner cet aspect momifié, sans que ce soit voulu.
Certaines momies ont ainsi encore quelques cheveux, de la peau et des vêtements, sans pour autant montrer de signes d’embaumement.
Les squelettes, cadavres et momies font partie intégrante de l’imaginaire collectif fantastique. Dans les films d’horreur ou les livres, ils sont bien souvent exploités pour susciter la peur.
Au début des années 1900, les momies étaient placées dans certaines positions, notamment les bras croisés sur la poitrine et la mâchoire ouverte pour imiter un cri, afin de jouer sur l’effervescence autour du genre de l’horreur.
Depuis, la façon dont elles sont présentées au public a été largement critiquée. «Ce sont juste des personnes normales, dépositaires d’informations sur la période à laquelle elles ont vécu», insiste Gerald Conlogue, professeur émérite d’imagerie diagnostique à l’université Quinnipiac dans le Connecticut.
«Elles ont foulé ces rues, elles sont allées au marché, elles ne devraient pas être vues comme des monstres.» En février 2022, un projet d’identification des corps des momies de Guanjuato a été mis en place, afin de rendre aux momies leur humanité passée.