«Les travailleurs marocains gagneraient des salaires plus élevés en Israël qu’au Maroc», informe le quotidien L’Opinion.
Devant un immeuble à Casablanca, des jeunes et moins jeunes font le pied de grue. A l’intérieur, des bureaux ne portant aucune inscription reçoivent les dossiers en catimini d’une potentielle main-d’œuvre «qualifiée». Quelque peu gêné, un père de famille, carreleur, justifie son choix de partir travailler chez les Hébreux : «Je suis sans travail ici, pour gagner mon pain, je suis prêt à aller dans n’importe quel pays du monde.»
Il explique que selon son interlocuteur du bureau de liaison, chargé de recrutement auprès des entreprises israéliennes, «au départ, tout est pris en charge, les billets d’avion et l’hébergement, entre autres, mais l’employeur procédera à des ponctions sur salaire pour le remboursement de ces frais».
Un autre demandeur d’emploi, peintre en bâtiment, se donne une raison : «Je ne veux pas mourir de faim ici et je suis prêt à m’allier au diable pour me faire une situation.» L’étude des dossiers pour le recrutement de la main-d’œuvre marocaine par des entreprises israéliennes a commencé moins de deux mois après la visite, le 21 juin dernier à Rabat, de la ministre israélienne de l’Intérieur, Ayelet Shaked, où un accord prévoyant le recrutement des travailleurs marocains dans les secteurs des soins infirmiers et de la construction, a été conclu entre l’Etat hébreu et le royaume chérifien.
«Le but est de commencer d’ici un mois (juillet, ndlr) à faire venir en Israël des travailleurs marocains dans les secteurs des soins infirmiers et de la construction», a-t-elle précisé, lors d’un point de presse après des échanges avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
Dans une de ses éditions, le quotidien L’Opinion avance le chiffre de 15 000 travailleurs marocains, entrant dans un large processus de recrutement par des entreprises de l’entité sioniste. «Ils gagneraient des salaires plus élevés en Israël qu’au Maroc», informe le journal.
Cet accord, appelé «le pacte de la honte» par une grande frange de la société marocaine, notamment des journalistes indépendants, rejetant fermement la normalisation entre les deux pays, expriment leur indignation et leur colère : «Nous suivons avec grande inquiétude la dangereuse voie de la normalisation poursuivie par l’Etat marocain, depuis décembre 2020, à travers plusieurs accords et décisions qui permettent aux institutions de l’occupation sioniste de profaner notre pays» et attirent, dans un communiqué, l’attention de l’opinion nationale et internationale sur «les dangereuses dérives du makhzen et sa profanation de notre pays».
Aux dernières nouvelles, fortement dénoncé, le bureau de recrutement en question, aurait suspendu son activité, même si, selon un confrère marocain, «ce bureau a seulement changé sa façon de faire : il opère par le biais d’intermédiaires dans la discrétion totale et c’est une petite victoire pour les hommes libres qui sont contre la normalisation».