Cette haut fonctionnaire correspond au profil recherché par l’ancien-nouveau locataire de l’Elysée pour donner l’orientation souhaitée au début de sa seconde mandature.
Trois semaines après sa réélection, le président français, Emmanuel Macron, a nommé Elisabeth Borne comme Première ministre. Avant l’annonce officielle de sa nomination, lundi, le nom de la ministre du Travail du gouvernement sortant était déjà pressenti, avant même le second tour de la présidentielle d’avril dernier.
Et pour cause, cette haut fonctionnaire correspond au profil recherché par l’ancien-nouveau locataire de l’Elysée pour donner l’orientation souhaitée au début de sa seconde mandature : une femme, plutôt de gauche et audible sur les questions écologiques et sociales.
De surcroît, Macron, qui incarne parfaitement le présidentialisme de la Ve République française, trouve dans cette nomination un intérêt politique tant Mme Borne, plutôt technocrate, est appelée à gouverner sans lui faire de l’ombre et en exécutant sa nouvelle feuille de route pour «réformer la France autrement».
Le ton est, d’ailleurs, donné dès les premières minutes de sa nomination. «Madame la Première ministre… Ecologie, santé, éducation, plein-emploi, renaissance démocratique, Europe et sécurité : ensemble, avec le nouveau gouvernement, nous continuerons d’agir sans relâche pour les Françaises et les Français», a écrit le président français sur son compte Twitter.
Lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur, Jean Castex, la nouvelle patronne de Matignon a, d’ores et déjà, exprimé sa volonté de «relever de nombreux défis», particulièrement au sujet de l’écologie et des questions sociales, sans oublier d’exprimer son émotion : «Je suis évidemment très émue ce soir et je ne peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pour la première femme qui a occupé ces fonctions, Edith Cresson (1991-1992, ndlr). Et peut-être je voudrais dédier cette nomination à toutes les petites filles en leur disant : ‘‘Allez au bout de vos rêves’’ et rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société.»
Emmanuel Macron a fait le choix stratégique de désigner une femme comme cheffe de son gouvernement afin de donner une impulsion à son projet de société, se voulant plus progressiste et paritaire.
Mais il y a aussi un autre enjeu derrière cette désignation, plus pragmatique. Elisabeth Borne, qui était très proche du Parti socialiste avant de rejoindre le macronisme en 2017, est ainsi utilisée comme gage d’une future politique gouvernementale plus sociale et écologique pour tenter de rassurer et gagner les électeurs de la gauche dite «modérée», qui seraient tentés par le vote en faveur de la Nupes (Nouvelle union populaire, écologique et sociale) lors des législatives de juin prochain.
Ce mouvement de la gauche plurielle formé autour de Jean-Luc Mélenchon, allant des communistes jusqu’aux écologistes en passant par les socialistes, compte imposer une cohabitation à Macron. Ce que ce dernier veut absolument éviter.
C’est pourquoi, dès le lendemain de sa nomination, Mme Borne a affirmé sa volonté de mener et de gagner le combat électoral des 12 et 19 juin en étant elle-même candidate. «Il nous faut une majorité la plus large possible», a-t-elle déclaré devant les députés sortants de la majorité, à l’Assemblée nationale. En cas d’échec, elle risque de perdre son poste et, peut-être, de battre un record historique de la plus courte longévité.
Pour rappel, Elisabeth Borne a occupé plusieurs postes ministériels : ministre des Transports (2017-2019), ministre de la Transition écologique et solidaire (2019-2020), ministre du Travail (2020-2022).