C’est dans un climat extrêmement tendu que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a entamé dimanche sa neuvième tournée au Moyen-Orient avec pour mission express de relancer les pourparlers entre le Hamas et Israël. Après deux jours de discussions à Doha, les négociations (indirectes) doivent reprendre prochainement au Caire. Le Hamas a déjà prévenu qu’il rejetterait le projet d’accord remanié qui a lui a été soumis par les médiateurs, et qui, regrette-t-il, s’est plié aux exigences israéliennes. L’armée d’occupation sioniste est résolument contre un retrait total de la bande de Ghaza comme le préconisait initialement le plan Biden.
Un coup de froid s’est abattu sur le nouveau round de négociations parrainées par le président américain Joe Biden. Après des débuts jugés «prometteurs», les discussions qui se sont tenues ce week-end à Doha ont débouché encore une fois sur une impasse. Hamas a carrément rejeté la dernière mouture présentée par les Etats-Unis, arguant du fait que ce projet d’accord n’était pas conforme à la version du plan Biden qu’il avait approuvée début juillet.
De fait, de «nouvelles conditions» ont été imposées par Israël à travers lesquelles l’entité sioniste a notamment exprimé son opposition à un retrait total de la bande de Ghaza. Netanyahu veut coûte que coûte maintenir ses troupes au corridor de Philadelphie qui sépare Ghaza de l’Egypte, et autour du point de passage de Rafah.
Le couloir de Philadelphie est stratégique pour Israël dans la mesure où cela lui permettrait de contrôler les tunnels utilisés par la «Moqawama», la résistance palestinienne, et qui déboucheraient sur le Sinaï égyptien.
Israël veut également maintenir ses hommes le long de l’axe Netzarim qui coupe Ghaza en deux. Netanyahu a posé une autre condition, portant celle-là sur le nombre et l’identité des prisonniers qui seront libérés en échange de la libération des otages israéliens.
«C’est un moment décisif»
De son côté, le Premier ministre israélien a accusé Hamas de bloquer les négociations. Pourtant, c’est bien lui qui déclarait dimanche, en Conseil des ministres : «Il y a des points sur lesquels nous pouvons faire preuve de flexibilité, et d’autres sur lesquels nous ne pouvons transiger.»
«Parallèlement aux efforts considérables que nous déployons pour ramener nos otages, nous restons fermes sur les principes que nous avons établis et qui sont essentiels à la sécurité d’Israël.» Allusion aux nouvelles exigences sécuritaires qu’il a formulées, et qui signifient clairement le placement de Ghaza sous contrôle militaire israélien après le cessez-le-feu.
C’est dans ce climat extrêmement tendu que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a entamé, dimanche, sa neuvième tournée au Moyen-Orient. Il s’est entretenu hier avec le président israélien, Isaac Herzog, avant de rencontrer Netanyahu.
«C’est un moment décisif, c’est probablement la meilleure, peut-être la dernière occasion de ramener les otages chez eux, d’obtenir un cessez-le-feu », a-t-il insisté, rapporte l’AFP. « C’est aussi le moment de s’assurer que personne ne fait quoi que ce soit qui pourrait faire dérailler le processus» a-t-il ajouté.
«Nous travaillons pour nous assurer qu’il n’y a pas d’escalade ni de provocations ni aucune action qui pourrait d’une manière ou d’une autre nous éloigner de cet accord ou élargir le conflit à d’autres endroits ou augmenter son intensité», a encore souligné le chef de la diplomatie américaine. M. Blinken doit se rendre aujourd’hui au Caire où les discussions sont censées reprendre à une date indéterminée.
Selon le dernier bilan communiqué hier par le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza, la guerre contre le peuple palestinien a fait 40 139 morts et 92 743 blessés. 40 personnes ont été tuées et 134 autres ont été blessées en 24 heures dans l’enclave martyrisée, entre dimanche soir et lundi matin, précise la même source.
Plus de 280 travailleurs humanitaires tués à Ghaza
L’UNRWA dit avoir noté une intensification des attaques israéliennes ces derniers jours contre le territoire palestinien, un acharnement que l’agence onusienne n’a pas manqué de dénoncer. «Au cours des dernières 48 heures, la bande de Ghaza a été soumise à des bombardements et à des frappes incessants» a déploré hier Louise Waterridge, une porte-parole de l’UNRWA.
«Les Palestiniens de la bande de Ghaza espèrent seulement survivre la nuit, au milieu des bombardements intenses», plaide Mme Waterridge. Alors que ce 19 août marquait la Journée mondiale de l’aide humanitaire, l’UNRWA a affirmé avoir perdu 207 de ses employés à Ghaza depuis le 7 octobre.
Pour sa part, l’Organisation des Nations unies a fustigé hier «les violences inadmissibles qui se banalisent contre les travailleurs humanitaires, dont 280 ont été tués dans le monde en 2023, un record nourri par la guerre à Ghaza», rapporte Onu-Info, le site d’information des Nations unies.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), «ce chiffre (de 280 travailleurs humanitaires qui ont perdu la vie, ndlr) représente une augmentation de 137% par rapport à 2022, année au cours de laquelle 118 travailleurs humanitaires avaient été tués». «Pire, l’année 2024 pourrait être encore plus meurtrière», prévient l’OCHA.
Du 1er janvier au 7 août 2024, «172 travailleurs humanitaires ont été tués», révèle la même source. Ce décompte est fondé sur la base de données «Aid Worker Security Database», qui remonte à 1997.
«Plus de la moitié des morts de 2023 (163) sont des humanitaires tués à Ghaza lors des trois premiers mois de la guerre entre Israël et le Hamas, principalement dans des frappes aériennes», indique le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.
Et de livrer cette autre statistique effroyable : «Depuis octobre, plus de 280 travailleurs humanitaires ont été tués à Ghaza, dont une majorité d’employés de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).»