La justice grecque a décidé de reporter à aujourd’hui l’audition de cet homme de 59 ans, mis en cause pour avoir commis une erreur fatale ayant conduit à l’accident mardi soir, a annoncé son avocat Stefanos Pantzartsidis, à l’AFP. Le juge d’instruction de Larissa, ville la plus proche du lieu de l’accident, devra décider à l’issue de cette audition s’il l’inculpe d’«homicide involontaire par négligence». Alors que la colère qui gronde depuis cette catastrophe ne redescend pas, de nouvelles manifestations étaient attendues samedi soir en Grèce à l’appel des jeunesses communistes. Un vaste rassemblement d’étudiants, d’employés des chemins de fer et du secteur public est également prévu aujourd’hui à 11h (9h GMT), sur la place Syntagma, en face du Parlement. A la gare de Tempé, près du lieu du drame, les familles des victimes ont également prévu de se recueillir dimanche. Les inhumations des victimes ont par ailleurs débuté dans une immense émotion. Ce drame a bouleversé toute la Grèce, notamment parce que les victimes étaient pour beaucoup de jeunes étudiants rentrant d’un week-end prolongé à Thessalonique, la grande ville universitaire du Nord.
Inexpérimenté
Selon le quotidien Kathimerini, la justice cherche à comprendre comment un chef de gare inexpérimenté s’est retrouvé, seul, sans personne pour le superviser, à la gare de Larissa pendant quatre jours alors que le trafic ferroviaire sur cette ligne était intense en raison de ce long week-end lié à un jour férié orthodoxe. Cet homme, dont l’identité n’a pas été révélée, n’avait en outre reçu qu’une formation de 40 jours pour devenir chef de gare. Mais selon une source judiciaire, l’enquête vise aussi «à engager des poursuites pénales, si nécessaires, contre des membres de la direction de l’entreprise» Hellenic Train, les chemins de fer grecs, alors que la vétusté du réseau est pointée du doigt. Une perquisition a d’ailleurs été menée vendredi dans la gare de Larissa. Le gouvernement a également décidé de charger un comité d’experts d’enquêter sur les causes de l’accident. Depuis le lendemain de la catastrophe, les Grecs sont descendus dans les rues pour manifester leur colère, accusant les autorités d’incurie et pointant du doigt la vétusté des infrastructures ferroviaires. Ces poussées de colère ont aussi entraîné des heurts à Athènes et à Thessalonique. Vendredi soir, la police a fait usage de grenades lacrymogènes et assourdissantes dans ces deux villes. La colère est avant tout dirigée contre Hellenic Train. Le mot «Assassins» a été peint en rouge sur la vitre du siège à Athènes devant lequel s’étaient massées vendredi plus de 5000 personnes en colère et réclamant des comptes, a constaté l’AFP. L’entreprise est mise en cause pour de nombreuses négligences et lacunes ayant entraîné cette catastrophe qualifiée de «tragédie nationale» par les autorités. «Nous vivons la plus grande tragédie de notre histoire», a affirmé la direction de l’université Aristote de Thessalonique, la plus grande du nord de la Grèce. Neuf étudiants de cette université sont morts. Les jeunes réclament la vérité malgré le mea culpa du gouvernement sur les défaillances «chroniques» du réseau ferroviaire qui ont conduit à l’accident. «Nous sommes remplis de rage et ne pouvons accepter qu’un événement aussi tragique puisse se produire en 2023», a souligné le président d’un syndicat étudiant, Angelos Thomopoulos, pour qui la plupart des universités sont restées portes closes vendredi. La justice et la population veulent comprendre pourquoi un train transportant 342 passagers et 10 cheminots a pu être autorisé à emprunter la même voie unique reliant Athènes à Thessalonique (nord) qu’un convoi de marchandises.
Grève
Les trains n’ont pas circulé jeudi et vendredi après un appel à la grève des syndicats de cheminots. L’appel a été reconduit vendredi pour 48 heures de plus. Le métro athénien a également prévu de débrayer une nouvelle fois aujourd’hui après une première grève jeudi. Le président du syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias, a mis en exergue les manquements à la sécurité sur la ligne incriminée. Les représentants syndicaux de la compagnie des chemins de fer Hellenic Train avaient tiré la sonnette d’alarme il y a trois semaines. «Nous n’allons pas attendre l’accident qui arrivera pour voir les responsables verser des larmes de crocodile», avaient-ils averti.