Après avoir pris la présidence de l’Union européenne : La Hongrie réclame à l’Ukraine un «cessez-le-feu» avec la Russie

03/07/2024 mis à jour: 03:08
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’entretenant hier avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban - Photo : D. R.

Volodymyr Zelensky et Viktor Orban entretiennent des relations plutôt fraîches et leurs rares rencontres sont très scrutées. Le dirigeant hongrois a néanmoins évoqué sa volonté d’«améliorer» les relations bilatérales, marquées aussi par des tensions autour de la minorité hongroise d’Ukraine.

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, dont le pays proche de la Russie vient de prendre la présidence de l’Union européenne (UE), a appelé hier à Kiev l’Ukraine à un «cessez-le-feu», à rebours des positions des Ukrainiens et de leurs alliés européens.

«J’ai demandé au Président de considérer rapidement la possibilité d’un cessez-le-feu», qui serait «limité dans le temps et permettrait d’accélérer les négociations de paix», a déclaré V. Orban, seul dans l’UE à être resté proche du Kremlin depuis le début de la guerre avec Kiev en février 2022, selon des propos recueillis par l’AFP.

Les «initiatives» du président ukrainien «prennent beaucoup de temps, sont lentes et compliquées en raison des règles de la diplomatie internationale», a indiqué le responsable hongrois dont le pays vient de prendre la présidence tournante de l’UE le 1er juillet pour 6 mois. Il a remercié V. Zelensky pour «la franchise» de la conversation et promis de «rapporter» le contenu de ces discussions au Conseil de l’UE «pour que les décisions européennes nécessaires puissent être prises».

Au côté de son invité, le président ukrainien n’a pas réagi à sa  proposition. Dans le passé, il a déjà fermement rejeté l’idée d’une trêve avec la Russie, estimant que Moscou ne l’utiliserait que pour renforcer son armée. L’Ukraine voit le retrait des forces russes de son territoire comme un préalable à la paix, alors que Moscou réclame qu’elle lui abandonne cinq régions et renonce à ses ambitions de rejoindre l’Otan.

De son côté, V. Zelensky a réaffirmé que la visite de V. Orban illustrait les «priorités européennes communes, à quel point il est important d’apporter une paix juste à l’Ukraine et à l’ensemble de l’Europe». Il a également plaidé pour le maintien «à un niveau suffisant» de l’aide militaire versée par l’Europe à Kiev. Le Premier ministre hongrois se démarque aussi par son opposition à cette assistance, extrêmement précieuse pour l’Ukraine face à la Russie.

En début d’année, il avait mis son veto à une enveloppe de 50 milliards d’euros, finalement validée avec retard. Volodymyr Zelensky et Viktor Orban entretiennent des relations plutôt fraîches et leurs rares rencontres sont très scrutées.

Le dirigeant hongrois a néanmoins évoqué sa volonté d’«améliorer» les relations bilatérales, marquées aussi par des tensions autour de la minorité hongroise d’Ukraine. Dans un entretien téléphonique mardi, le ministre russe des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov et son homologue hongrois Peter Szijjárto ont «souligné la nécessité pour Kiev de garantir sans condition les droits de toutes les minorités nationales vivant dans le pays», selon un communiqué des Affaires étrangères russes.

«Intégrité territoriale»

A Kiev, toutefois, «on essaie de laisser les discussions du passé derrière nous», a assuré V. Orban, remerciant son hôte pour l’atmosphère «franche et ouverte» de leurs échanges. «Nous sommes à la disposition de l’Ukraine et nous ferons tout ce que nous pourrons pour l’aider», a-t-il assuré.

Hostile à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, il a finalement accepté de quitter la table du sommet des dirigeants des Vingt-Sept en décembre dernier, le temps que ses 26 homologues décident d’ouvrir les négociations d’adhésion avec Kiev.

Interrogé mardi sur le déplacement de Viktor Orban en Ukraine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a décrit V. Orban comme un homme qui «défend fermement les intérêts de son pays».

Le dirigeant hongrois désapprouve les sanctions européennes votées contre la Russie et tente de les adoucir. Il a qualifié à plusieurs reprises l’intervention russe en Ukraine d’ «opération militaire», reprenant l’expression du Kremlin pour ne pas dire «guerre». Le mois dernier, le président russe V.

Poutine a exigé des troupes ukrainiennes qu’elles abandonnent les territoires dans le sud et l’est du pays, si elles voulaient un cessez-le-feu, exigences aussitôt rejetées par V. Zelensky décrites comme un «ultimatum» à la «Hitler». Lors d’un important sommet de paix organisé en Suisse le mois dernier, la Hongrie a cependant approuvé un document appelant au respect de «l’intégrité territoriale» de l’Ukraine dans tout accord de paix final.

Le dirigeant ukrainien cherche à rallier le soutien de la communauté internationale à son plan de paix, qui prévoit le retrait total des troupes russes du pays, y compris de la péninsule de Crimée annexée par Moscou en 2014, et le paiement des dommages causées depuis l’invasion en février 2022.

La visite de Viktor Orban se produit à un moment difficile pour l’armée ukrainienne, manquant d’hommes et d’armements face aux forces russes qui grignotent lentement du terrain sur le front de l’Est.

Par ailleurs, le secrétaire à la Défense américain  Lloyd Austin a annoncé hier un nouveau volet de 2,3 milliards de dollars  d’aide à l’Ukraine, incluant des moyens de défense antiaérien et des armes antichar. «Les Etats-Unis vont bientôt annoncer plus de 2,3 milliards de dollars d’une nouvelle aide sécuritaire pour l’Ukraine », a déclaré L. Austin en recevant au Pentagone son homologue ukrainien Roustem Oumerov.

 

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