Après l’avoir accablé de tous les maux, Israël a officialisé sa rupture avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en le déclarant «persona non grata» sous prétexte qu’il n’a pas condamné l’Iran.
Après avoir été accusé d’antisémitisme, de soutien au terrorisme et sommé de démissionner de son poste de secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres a été déclaré «persona non grata» par Israël Katz, ministre des Affaires étrangères israélien, et interdit d’entrée en Israël. Prévisible, cette décision était déjà dans l’air depuis plusieurs semaines.
Katz n’a fait que l’officialiser à travers un communiqué, pour ne pas dire un pamphlet, rendu public hier, en prenant comme prétexte la déclaration du secrétaire général de l’Onu, publiée sur son compte X (anciennement Twitter), à travers laquelle il a condamné «l’élargissement du conflit au Moyen-Orient», en déplorant «l’escalade après l'escalade» avant de plaider : «Cela doit cesser. Il nous faut absolument un cessez-le-feu.» Pour Israël, il y a «absence de condamnation dans cette déclaration du secrétaire général de l’Onu».
Mais la réponse de Guterres ne s’est pas fait attendre. Dans une déclaration reprise par la chaîne qatarie Al Jazeera, le chef de l’Onu a rappelé que l’entité sioniste «a rejeté une proposition américano-française de cessez-le-feu au Liban et a intensifié ses frappes, y compris après l’assassinat de Hassan Nasrallah», le chef de la résistance libanaise, en soulignant que «la sûreté et la sécurité de tout le personnel des Nations unies doivent être garanties».
Par ses propos, le SG de l’Onu fait allusion non seulement à la responsabilité de l’entité sioniste dans la guerre génocidaire contre Ghaza, l’élargissement du conflit au Liban et à l’Iran, à travers les opérations d’assassinat des chefs de la résistance palestinienne et libanaise respectivement à Téhéran et à Beyrouth, mais aussi aux 200 humanitaires de l’Onu tués à Ghaza où, a-t-il affirmé, l’armée israélienne «a lancé une offensive militaire, considérée comme la plus sanglante et la plus destructrice de toutes celles de mes années de service en tant que secrétaire général».
Il faut dire que le chef de la diplomatie israélienne a été très violent dans sa déclaration contre Guterres, qu’il a accusé d’apporter son «soutien aux terroristes, aux violeurs et aux meurtriers du Hamas, du Hezbollah, des Houthis, et maintenant à l’Iran, le vaisseau-mère du terrorisme mondial». Pour Katz, «une personne qui ne peut pas condamner ouvertement l’attaque odieuse de l’Iran contre Israël, comme le font presque tous les pays du monde, ne mérite pas de poser le pied sur le sol israélien».
L’UNRWA, ce témoin gênant
Il faut dire qu'Israël, en tant que force occupante des Territoires palestiniens et depuis sa création par l’Onu en 1948, n’a jamais accepté d’être sanctionné ou vilipendé par l’Organisation onusienne pour ses actes qui violent le droit international et humanitaire. En juillet 2023, soit deux mois avant les attaques du 7 octobre de la même année, son ambassadeur a tiré à boulet rouge sur l’Unrwa, l’agence onusienne qui assure la prise en charge des réfugiés palestiniens, qui, selon lui, donnait l’espoir d’un retour à une population qui n’en a plus le droit.
Pour Israël, l’Unrwa est un témoin gênant de sa politique de déplacement forcé des Palestiniens. Depuis son offensive génocidaire contre Ghaza, l’armée sioniste a pris pour cible non seulement le personnel de l’Unrwa mais aussi les écoles, qui servent de refuge aux personnes déplacées, alors qu’ils sont protégés par le droit international.
Pour couper les vivres à cette agence, Israël a accusé son personnel d’avoir participé aux attaques du 7 octobre. Des accusations que des enquêtes internes et indépendantes ont démenties faute de preuves tangibles contre l’agence, qui reste la seule institution onusienne qui permet aux Palestiniens de Ghaza de survivre.
Mais Israël est allé plus loin. Il a déclaré l’Unrwa «organisation terroriste», en vertu d’un texte de loi adopté en première lecture au mois de juin dernier, avant trois autres lectures au Parlement. Le 18 septembre dernier, lors de l’Assemblée générale consacrée au débat sur le siège en tant qu’Etat membre de l’Onu accordé à la Palestine, l’ambassadeur israélien a entamé son discours par décrire la tribune comme un «cirque» palestinien où, selon lui, «le mal est légitime, la guerre est la paix, le meurtre est justifié, le terrorisme est applaudi».
Des attaques réitérées le 27 du même mois par son Premier ministre, Benyamin Netanyahu, devant l’Assemblée générale de l’Onu, dans une salle désertée par l’écrasante majorité des délégués en signe de protestation contre la guerre génocidaire qu’il mène à Ghaza depuis près d’une année.
Dans un discours provocateur et mensonger, Netanyahu a qualifié l’Onu de «farce méprisante» en déclarant avec arrogance : «Je vous le dis, jusqu’à ce qu’Israël, jusqu’à ce que l’Etat juif, soit traité comme les autres nations, jusqu’à ce que le marécage antisémite soit asséché, l’ONU sera considérée par les gens justes comme rien de plus qu’une farce méprisante.»