Rebondissant sur le principal point d’achoppement des négociations, à savoir l’occupation du corridor de Philadelphie à la frontière égypto-palestinienne, Netanyahu a réitéré son intransigeance concernant le contrôle de cette zone stratégique. L’Egypte a vivement réagi à ces propos. Le Caire «tient le gouvernement israélien pour responsable des conséquences de telles déclarations qui aggravent encore la situation et visent à justifier des politiques agressives et incendiaires qui conduisent à une nouvelle escalade dans la région», a dénoncé hier un communiqué du ministère égyptien des Affaires étrangères.
Le porte-parole des brigades Azzeddine El Qassam, Abou Obeida, s’est exprimé ce lundi pour apporter un certain nombre de clarifications, notamment après l’affaire des six otages israéliens retrouvés morts dans un tunnel à Rafah. D’après lui, l’entêtement de Netanyahu à vouloir forcer la libération des otages par des opérations militaires au lieu de privilégier la voie de la négociation «signifie que les otages retourneront dans des cercueils» a-t-il prévenu. Abou Obeida a précisé que «de nouvelles instructions ont été données aux gardes qui surveillent les otages après ce qui s’est passé à Nuseirat».
Le 8 juin, l’armée israélienne a libéré 4 otages dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de la bande de Ghaza, et cette opération a coûté la vie à 274 Palestiniens, selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza.
Les nouvelles consignes laissent entendre que dans le cas où des soldats israéliens s'approchaient du lieu de détention des otages, cela pourrait provoquer leur exécution pure et simple. Israël accuse justement le Hamas d’avoir exécuté les six captifs «de sang-froid, à bout portant».
Le mouvement de résistance palestinien riposte en faisant endosser la responsabilité de ce qui s’est passé à Netanyahu et son obstination à poursuivre la guerre au lieu de sceller un accord de cessez-le-feu.
«Seuls Netanyahu et l'armée d'occupation portent l'entière responsabilité du meurtre des prisonniers après avoir délibérément fait échec à tout accord pour des intérêts étroits et tué des dizaines d’otages par des bombardements», martèle le porte-parole de la branche militaire du Hamas. Et de lancer : «Les familles des prisonniers israéliens doivent choisir entre leur retour morts ou vivants.»
Netanyahu persiste dans sa politique jusqu’au-boutiste
La nouvelle sortie d’Abou Obeida est intervenue en réaction à une conférence de presse de Benyamin Netanyahu au cours de laquelle le Premier ministre israélien a déclaré qu’il ne fera aucune concession au Hamas, notamment en ce qui concerne l’occupation du couloir de Philadelphie, objet d’un véritable bras de fer entre les deux parties. «Quiconque exige que nous fassions des concessions après que le Hamas ait tué six de nos otages les encourage à commettre plus de meurtres», a déclaré le Premier ministre israélien.
En Israël, la pression est montée d’un cran contre Netanyahu après la mort des six otages, sachant que trois d’entre eux au moins allaient être libérés par le Hamas dès la première phase de la trêve, si les négociations avaient abouti. «En Israël, la mobilisation s'intensifie : nouvelles manifestations dans des villes israéliennes, grève dans plusieurs secteurs avec perturbations à l'aéroport de Ben Gourion, multiplication des déclarations appelant au départ de B. Netanyahu», note l’AFP.
Le président américain, Joe Biden, a accusé de son côté le chef du gouvernement d’extrême droite israélien de «ne pas faire assez» pour arriver à un accord. Benyamin Netanyahu a demandé publiquement «pardon pour ne pas avoir ramené en vie ces otages», rapporte l’AFP.
Malgré ce geste de contrition, il persiste dans sa politique jusqu’au-boutiste. Dans son discours, lundi, il a clairement annoncé son intention de poursuivre la guerre «jusqu’à la destruction du Hamas». En l’écoutant, on comprend qu’à moins d’une inflexion induite par un rapport de force, sous la pression notamment de l’opinion publique et de la rue israéliennes, rien ne semble en mesure d’arrêter la machine de guerre Netanyahu.
Rebondissant sur le principal point d’achoppement des négociations, à savoir l’occupation du corridor de Philadelphie à la frontière égypto-palestinienne, il a réitéré son intransigeance concernant le contrôle de cette zone stratégique. «Ils nous disent de quitter l’axe de Philadelphie pendant 42 jours, et je dis que si nous le faisons, nous n’y reviendrons pas, même après 42 ans». «L'axe de Philadelphie est le tube d'oxygène du Hamas et doit être coupé», a-t-il argumenté. «Notre retrait de l'axe de Philadelphie revient à ouvrir la voie à l'entrée d'armes au profit du Hamas.»
Le torchon brûle entre Le Caire et Tel-Aviv
L’armée israélienne s’est retirée du couloir de Philadelphie en 2005, sous Sharon. «Notre départ du couloir de Philadelphie a fait de Ghaza une source de grande menace pour nous», estime Netanyahu. Et de révéler : «Quand Sharon a décidé de quitter la bande de Ghaza, je n'ai jamais accepté d'évacuer l'axe de Philadelphie.»
«Après avoir quitté le Liban, nous aurions dû y revenir avec le premier missile tiré contre nous», renchérit-il. Et de lâcher : «Notre position sur l’axe de Philadelphie est ferme et ne changera pas. Je ne ferai preuve d'aucune flexibilité sur les questions sensibles et cruciales liées à notre sécurité.»
La position du Hamas est tout aussi ferme. «Nous avons accepté le document présenté par le président Biden et adopté par le Conseil de sécurité. Nous avons demandé simplement des clarifications. La réponse de Netanyahu à notre acceptation a été de s’y soustraire, puis d’imposer de nouvelles conditions.
Il a exigé de rester dans le corridor de Philadelphie et l’axe Netzarim et a refusé la libération de nos prisonniers âgés condamnés à la réclusion à perpétuité», a expliqué Khalil El Hayya, le chef des négociateurs côté palestinien, dans une interview accordée à Al Jazeera diffusée dimanche.
Et de préciser : «Netanyahu a dit clairement qu’il n’y aura pas de sortie de Netzarim ni de retrait (de l’armée israélienne) du couloir de Philadelphie, et je dis clairement ici que sans retrait complet de la bande de Ghaza, il n’y aura pas d’accord.» L’Egypte a vivement réagi aux déclarations de Benjamin Netanyahu.
Dans un communiqué rendu public hier, le ministère égyptien des Affaires étrangères a fait savoir que «la République arabe d'Egypte exprime son rejet total des déclarations faites le 2 septembre par le Premier ministre israélien, dans lesquelles il a tenté d'utiliser le nom de l'Egypte pour distraire l'opinion publique israélienne et entraver la conclusion d'un accord de cessez-le-feu et d'échange de détenus, ainsi que les efforts de médiation entrepris par l'Egypte, le Qatar et les Etats-Unis».
Le Caire «affirme également son rejet de toutes les allégations formulées par les responsables israéliens à cet égard». «La République arabe d’Egypte, poursuit le communiqué, tient le gouvernement israélien pour responsable des conséquences de telles déclarations qui aggravent encore la situation et visent à justifier des politiques agressives et incendiaires qui conduisent à une nouvelle escalade dans la région.»
L’Egypte a réaffirmé «sa volonté de continuer à jouer son rôle historique en dirigeant le processus de paix dans la région de manière à conduire à la préservation de la paix et de la sécurité régionales et à réaliser la stabilité pour tous les peuples de la région», conclut le communiqué.
40 819 morts et 94 291 blessés à Ghaza
Le bilan de la guerre menée par Israël contre la bande de Ghaza a grimpé à 40 819 morts et 94 291 blessés, selon les autorités sanitaires locales. La même source a indiqué que 33 morts et 67 blessés ont été enregistrés en 24 heures, entre lundi soir et mardi matin.