La numérisation et l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur de la santé deviennent désormais une nécessité, non seulement pour le bien-être du malade, mais surtout pour la rationalisation des dépenses.
Cette importance du rôle de l’IA a été abordée, hier, lors d’une rencontre organisée à l’hôtel Marriott de Constantine par l’Association nationale des pharmaciens algériens (Anpha), ayant pour thème «Antidiabétiques : médicaments essentiels et innovation», en présence de nombreux médecins.
Mais comment l’IA peut-elle être utile dans la prise en charge du malade ? «L’intelligence artificielle est un outil validé maintenant dans différents domaines de la prise en charge de la santé. Actuellement, elle est utilisée dans le monde pour déceler les problèmes de santé publique, surtout pour le diabète et les maladies chroniques.
Cette IA a besoin de Big Data d’informations à l’échelle nationale pour qu’elle trouve son compte, afin d’établir des hypothèses. Ces dernières permettent d’avoir un algorithme pour déduire des solutions utilisées par l’homme pour diagnostiquer et prendre en charge le malade», a répondu à El Watan Nassim Nouri, professeur en endocrinologie diabétologie au CHU Dr Ben Badis de Constantine. Et d’expliquer : «Par exemple, le contrôle continu du taux de glucose dans le sang donne des datas.
Chaque trois minutes, il donne une glycémie et déduit selon l’intelligence artificielle le temps passé dans l’intervalle admis étant comme un intervalle où on est équilibré. Ces données changent la vie du malade.»
Le Pr Nouri a souligné que l’IA, qui n’est pas encore utilisée en Algérie, en dépit des compétences existantes, donne des résultats à moyen et à long termes. L’une des causes de son inutilisation réside dans le manque d’un lien entre l’université avec ses compétences et le milieu économique et social.
Le Pr Nouri a affirmé qu’il existe des compétences algériennes classées premières dans ce domaine à l’étranger et qu’on peut les solliciter dans ce sens, car l’IA vient avec la numérisation qui se veut comme «le moyen de demain» du secteur de la santé. Elle permettra la traçabilité et la transparence des données et de la gestion des dépenses publiques. «L’IA actuellement est une nécessité absolue pour l’Algérie, à l’instar de tous les pays du monde. Il est obligatoire d’utiliser les techniques de l’intelligence artificielle surtout dans le système de santé», a insisté le Pr Nassim Nouri. Mais comment peut-on se pencher sur ce problème en l’absence de statistiques actualisées et fiables ?
Notre interlocuteur a appelé à mettre de l’argent dans la genèse de ces Big Data, fournissant des informations accessibles par tout le monde au niveau du site du ministère de la Santé. C’est à ce moment-là que l’individu devient sensible à ces informations et ces statistiques sur le diabète ou une autre pathologie.
Pour sa part, le Pr El Hadia Mansouri, responsable à la Direction générale des pharmacies et des équipements de santé (DGPES) au ministère de la Santé, a fait savoir que le diabète est classé comme deuxième pathologie non transmissible importante en Algérie, après l’hypertension artérielle. En 2017, l’Algérie a recensé une prévalence de 14,4% de diabétiques suite à une enquête diligentée en collaboration avec l’OMS.
Qu’en est-il des nouvelles technologies ? En marge de la rencontre et en réponse à la question d’El Watan, le Pr Mansouri a affirmé que l’évaluation des technologies de la santé passe par plusieurs étapes. D’abord, ajoute-t-elle, il faut connaître les bénéfices, si cette technologie est sûre, est-ce qu’elle a des effets indésirables ou autres. «Il faut les outils qu’il faut pour évaluer ce volet et quelle est la valeur ajoutée dans la prise en charge de cette maladie», a-t-elle indiqué. Et d’affirmer que le ministère de la Santé travaille maintenant pour améliorer le système d’information, à l’instar de la numérisation du secteur qui est l’objectif de l’année 2023.
Cela permettra d’avoir un dossier médical du patient, avec toutes les données. Les mesures envisagées pour prendre une décision basée sur des preuves aboutiront, selon notre interlocutrice, à une bonne gestion du budget alloué «là où il faut et au moment qu’il faut».