Après le tirage au sort organisé la semaine écoulée au profit des 2041 bénéficiaires de logements à caractère social, une grande joie et un véritable soulagement ont été exprimés par plusieurs familles. Ces dernières, dont certaines étaient des locataires chez autrui ou habitant des logements précaires, attendaient depuis des années cette attribution pour mettre fin à leur calvaire.
Mais cette joie a été de courte durée pour un grand nombre de bénéficiaires, en particulier ceux du lot de 450 unités de la zone M situées au lieudit Eddarih et le quota des appartements de type F2 se trouvant à la nouvelle ville Massinissa dans la daïra d’El Khroub. Une immense déception s’est emparée des concernés lorsqu’ils s’étaient rendus sur les lieux, particulièrement après les dernières intempéries qui se sont abattues sur la région.
Des gravats un peu partout, des anomalies dans la réalisation, des travaux bâclés à l’intérieur de certaines unités, des dégradations de certaines parties des immeubles, une étanchéité en mauvais état, des infiltrations d’eau à l’intérieur des appartements et des inondations dans certains rez-de-chaussée font partie de la longue liste des défaillances constatées. «Quand j’ai voulu vérifier mon appartement au rez-de-chaussée, j’étais choqué. Je ne pouvais même pas entrer à l’intérieur du bloc à cause des eaux stagnantes devant l’entrée. Il est question aussi de la qualité des travaux», a déclaré un des bénéficiaires rencontré sur la zone M au lieudit Eddarih, soulignant que sa voisine a commencé à chercher comment échanger son appartement avec un autre bénéficiaire.
Son voisin du troisième étage a fustigé la qualité des travaux de l’intérieur comme de l’extérieur. «Je peux accepter les anomalies enregistrées à l’intérieur du logement, telles que l’installation du réseau de l’électricité et toutes les portes des chambres qui sont à refaire et autres, mais le problème de l’étanchéité est très sérieux. Toutes les pluies des dernières intempéries se sont infiltrées à l’intérieur des appartements, pas uniquement ceux du cinquième étage, même ceux du troisième étage ont subi le même sort, sachant que ce genre de travaux peut coûter 60 millions de centimes ou plus», a fulminé ce dernier.
Des logements neufs dégradés
De nombreux bénéficiaires interrogés ont affirmé que certains travaux ont été bâclés, à l’instar de la pose de la dalle de sol à l’intérieur de certains appartements, des fuites des canalisations d’eau et des PVC percés, des plafonds abîmés à cause des intempéries et autres.
«Il s’agit de nouveaux logements inhabités, ces dégradations sont inadmissibles pour un projet récemment achevé. Certes l’emplacement du projet est stratégique avec une école primaire à deux pas de la cité, mais il reste beaucoup de choses à faire», a regretté un père de famille.
Lors de notre déplacement sur les lieux, samedi 2 décembre, nous avons constaté de visu une importante mobilisation de nombreux éléments de la Seaco, de l’OPGI et des employés du chantier, dont les peintres. Certains étaient en train de réparer les conduites, d’autres vérifiaient l’étanchéité, ramassaient les gravats et mettaient en place de la terre dans les aménagements destinés aux espaces verts.
Tout le monde était à cheval pour la remise officielle des clefs prévue dans les prochains jours. Certains bénéficiaires se sont dits heureux et satisfaits de cette mobilisation, qui a pour but de régler les problèmes signalés et mettre en valeur leur site. «Le chef de daïra nous a promis de tout corriger avant d’occuper nos logements.
En dépit des défaillances signalées, je peux vous dire que 60% de la zone M a été réalisée selon les normes. En plus cette semaine, il y aura l’alimentation du site en gaz, en électricité et en eau», a témoigné un citoyen rencontré devant son immeuble. Bien que cette mobilisation des différents services a été appréciée par certains, elle a été farouchement critiquée par d’autres.
Certains l’ont qualifiée de bricolage, nous montrant les fissures apparues sur les immeubles et les travaux inachevés. La peinture et la terre pour les espaces verts, martèlent-ils, ne font que camoufler et maquiller la façade et ne résolvent pas les problèmes. Les conséquences peuvent être fâcheuses. Il a fallu, selon leurs dires, contester auprès de l’APC d’El Khroub, la daïra et l’OPGI pour que les choses bougent. Ils se sont même demandé pourquoi toutes ces tâches n’ont pas été accomplies auparavant. Une semaine, s’interrogent-ils, est-elle suffisante pour corriger et terminer certains travaux ?
Pour ce qui est des appartements du type F2 à Massinissa, la situation est encore plus critique. L’état de certaines unités à l’intérieur, selon les photos remises par certains bénéficiaires, est catastrophique. Même s’il s’agit d’un logement à caractère social, un minimum de considération est requis pour les bénéficiaires. Selon les témoignages recueillis, des promesses ont été données par les services concernés pour refaire beaucoup de travaux afin d’améliorer l’état des appartements dans les prochains jours.