Souffrant d’une Insuffisance rénale chronique (IRC), plusieurs malades ont refusé avant-hier de dialyser au niveau de l’hôpital Ibn Sina, relevant du CHU Annaba. Conscients de s’exposer à un grave risque sanitaire, les malades protestataires se disent «assumer cette action, puisque notre silence mène au même résultat».
Désespérés, ils se sont massés devant l’unité de dialyse, relevant du service de néphrologie, pour crier, une énième fois, à qui veut les entendre qu’ils sont intoxiqués à l’aluminium et n’ont plus les moyens pour assurer les analyses médicales. «Nous dialysons au moins trois fois par semaine à raison de quatre heures par séance. L’eau qui passe par les machines contient des taux élevés d’aluminium qui, dans nos corps, s’accumule à chaque opération de dialyse. Pour déterminer le taux de ce métal lourd, on doit débourser 4500 DA par mois.
L’absence de prise en charge de notre situation est désormais flagrante, voire condamnable», dénonce un des malades protestataires, Ahmed Akriche, rencontré sur place à l’hôpital Ibn Sina. D’autres patients ont répliqué, non sans émotions, dont Bahlouli Karim et Debbabi Mounir, en révélant que «plusieurs malades parmi les 35 qui dialysent régulièrement à l’hôpital Ibn Sina ont récemment perdu la voix avant de rendre l’âme, suite aux complications dues à une forte toxicité à l’aluminium.
L’eau qui alimente les machines de dialyse ne filtre pratiquement pas ce métal lourd». Du côté de l’administration, comme d’habitude, on s’est engagé à régler le problème de la qualité de l’eau à travers l’installation des filtres dans la salle d’eau.
Il a fallu le déplacement du secrétaire général du CHU Annaba pour convaincre les malades de revenir sur leur décision et dialyser. Le directeur général, dont les malades exigeaient sa présence, avait d’autres préoccupations plus importantes.
Il faut savoir que la valeur réglementaire de la présence de l’aluminium ne dépasse pas les 0,2 mg/litre, une norme fixée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Quant aux effets toxiques de l’aluminium sur le corps humain, ils affectent essentiellement le système nerveux central, donnant lieu à des encéphalopathies et des troubles psychomoteurs.
Rappelons que l’unité de dialyse de l’hôpital Ibn Sina est très vétuste. Datant de l’ère coloniale, elle est l’objet à plusieurs reprises de secousses et d’effondrement. Le dernier en date remonte à décembre 2021, où le vétuste mur de soutènement du service de dialyse a totalement cédé aux intempéries. Durant la même année, le directeur des services de santé (DSS) du ministère de la Santé avait visité ce service. Depuis, il n’a rien fait, tout autant que le directeur général du CHU de Annaba.