Ammal (Boumerdès) : La bataille de Djerrah revisitée

19/09/2024 mis à jour: 05:15
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Perché sur les hauteurs d’Ammal, au sud de Boumerdès, le village de Djerrah s’est remémoré hier une des épopées de la glorieuse Guerre de Libération nationale. Il s’agit de la bataille du 18 Septembre 1957, qui avait opposé les troupes de l’ALN à l’armée coloniale. Certains témoins parlent de 75 morts du côté algérien et de pertes chez l’ennemi. 

La bataille a été «revisitée»  hier à l’occasion de son 67e anniversaire, en présence des autorités civiles et militaires de la wilaya, de familles et proches des martyrs, de moudjahidine et de nombreux citoyens. L’événement a été marqué par la participation du Commandant Azzedine, ancien officier de l’ALN et de la Wilaya IV historique. Malgré son âge avancé (90 ans), ce dernier a impressionné plus d’un par sa verve et sa force puisées dans des années de combat contre le colonialisme.

 Sa prise de parole en a ému plus d’un. «Après la mort de Ali Khodja en octobre 1956, près de Bordj El Kiffan, c’est moi qui ai reconstitué son commando. J’ai accompli une trentaine d’actions durant lesquelles nous n’avons perdu aucun homme. On pratiquait la tactique de la guérilla, qui consiste à frapper l’ennemi, de récupérer les armes et les vêtements et de s’enfuir rapidement.  C’était notre force de frappe», a-t-il relaté. A Djerrah, en septembre 1957, les troupes de l’ALN étaient au summum de leur puissance. «Les moudjahidine étaient bien structurés. La bataille du 18 Septembre a duré toute la journée. Moi, j’étais de l’autre côté de l’oued. 

Les affrontements ont eu lieu entre la katibat de Boualem Boukarai et l’armée coloniale. Je n’ai pas beaucoup de détails, mais je sais qu’il y a eu beaucoup de pertes du côté français. Leurs morts ont été récupérés par hélicoptère», se souvient Mokhtar Bouldjenet (90 ans), un moudjahid de la région qui dit avoir «fait les deux guerres». «Celle de 1954 et celle des années 1990 contre le terrorisme», lance-t-il avec fierté. 

Honorée à l’occasion, une nièce de feu Boukarai Boualem affirme que 15 membres de sa famille sont morts pour la Révolution. «Boukarai était mon cousin maternel. C’était un grand patriote», dit-elle, les larmes aux yeux.  Pour venger ses soldats, l’armée coloniale n'hésite pas à s’en prendre aux civils. 

Certains parlent de plus de 45 cadavres, dont 24 chouhada qui ont été bombardés dans une grotte au lieu-dit Djabel Ahmed et qui attendent encore d’être déterrés et réinhumés au cimetière des martyrs. C’est dire que cette région ayant subi les affres du terrorisme et de l’enclavement est gorgée d’histoire. 

Le 18 mai 1956, l’armée coloniale y avait perdu toute une section (20 soldats). C’était lors de la fameuse embuscade de Djerrah (connue sous le nom de l’embuscade de Palestro), tendue par les hommes de Ali Khodja et qui a ébranlé la France coloniale. En guise de représailles, l’armée d’occupation avait bombardé tous les villages de la région en massacrant plus de 140 civils, selon des historiens.En 1871, des centaines d’habitants de la région ont pris part à la révolte d’El Mokrani. 

Réputé pour être un grand résistant, leur chef, Caid Hadj Ahmed Bendahmane, fut guillotiné en mai 1973 à la prison  Barberousse d’Alger. Des dizaines de ses fidèles ont été massacrés et 23 ont été déportés en Nouvelle Calédonie, rapporte l’historienne Raphaëlle Branche dans son livre L’embuscade de Palestro 1956, adopté en film en 2012.   

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