Le patron de la centrale syndicale UGTA, Amar Takdjout, a dénoncé le «harcèlement administratif» subi par de nombreux travailleurs, ce qui entraîne des conséquences psychologiques graves.
Les travailleurs ne sont pas des kleenex», a dénoncé hier Amar Takdjout, secrétaire général de l’Union nationale générale des travailleurs (UGTA), sur les ondes de la Radio Chaîne 3. Indigné par la détérioration des relations de confiance entre les entreprises et le monde du travail, il a exprimé sa préoccupation quant à l’avenir des travailleurs. «Il est primordial d’instaurer un climat de confiance entre l’entreprise et les travailleurs», a-t-il insisté.
Selon lui, le respect des lois est essentiel. «Les lois sont faites pour être appliquées et respectées. Sans cela, c’est l’anarchie qui s’installe. Je suis frappé par la légèreté avec laquelle elles sont parfois traitées.» Il a notamment pointé du doigt ce qu’il nomme «l’hostilité» face à la loi 23-02, régissant l’organisation du monde du travail. «Les gens ont du mal à l’accepter.
Par le passé, les syndicats servaient davantage les intérêts de cercles occultes que ceux des travailleurs. Cette loi vise à assainir cette situation», indique-t-il. Takdjout a également dénoncé le non-respect des décisions de justice, un fléau qui, selon lui, menace les fondements de l’Etat. «Certains chefs d’entreprise refusent d’appliquer ces décisions, au détriment des travailleurs brimés. Si ce n’est pas la justice qui doit arbitrer en pareille circonstance, qui le fera ?»
Le patron de la centrale syndicale UGTA a, par ailleurs, souligné le «harcèlement administratif» subi par de nombreux travailleurs, ce qui entraîne des conséquences psychologiques graves. «Combien de personnes dépensent en médicaments à cause de ces pressions ?» s’est-il interrogé. «On empêche les travailleurs de s’organiser, on les fait travailler à notre convenance. Je lance un appel à la prise de conscience, à ne pas céder à la facilité des intérêts personnels», déclare-t-il.
Le secrétaire général de l’UGTA a également plaidé pour une révision du salaire national minimum garanti (SNMG), soulignant qu’une croissance économique serait indissociable de l’amélioration des salaires. «Il est important d’investir dans l’économie, de soutenir les entreprises et de pousser les entreprises publiques à aller plus loin», plaide-t-il.
Aussi est-il impératif, à ses yeux, de discuter et de définir la question du pouvoir d’achat. «Il est inacceptable que chez nous, le loyer d’un logement dépasse trois fois le salaire. Il est temps d’aborder ces questions : quelle est la part de l’alimentation, des loisirs ? Le salaire, fruit du travail, doit avoir du sens», affirme encore Takdjout.
Concernant l’impôt sur le revenu global (IRG), Amar Takdjout a appelé à une révision de son application aux retraités. «Il est inconcevable que les retraités soient soumis au même impôt que les salariés. C’est une double peine. Déjà que cet impôt est difficile à supporter pour un salarié, il l’est encore plus pour un retraité», clame-t-il, précisant que l’UGTA formulera bientôt des propositions afin que l’IRG pour les retraités et les petits salaires soit à un niveau «symbolique».
Enfin, le secrétaire général a plaidé pour la mise à la retraite des travailleurs après 32 ans de service. Il affirme à cet effet : «Il faut permettre aux salariés qui souhaitent partir de le faire. Aujourd’hui, on entre tard dans le monde du travail, et ceux qui demandent la retraite après 32 ans de service sans avoir atteint l’âge requis sont peu nombreux.»