Alors que les médiateurs tentent d’arracher un cessez-le-feu après dix mois de guerre contre Ghaza : L’Iran tient à son «droit de riposte»

10/08/2024 mis à jour: 03:53
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Les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte, les trois pays qui jouent le rôle de médiateurs dans les négociations indirectes entre Palestiniens et Israéliens, ont invité les deux parties, à travers un communiqué commun diffusé jeudi, à reprendre les discussions à la date du 15 août 2024. «Les dirigeants des Etats-Unis, de l’Egypte et du Qatar ont appelé jeudi Israël et le Hamas à se rencontrer pour des négociations le 15 août afin de finaliser un accord de cessez-le-feu à Ghaza et de libération des otages», rapporte l’agence Reuters. 

«Un accord-cadre est désormais sur la table et il ne reste plus qu’à conclure les détails de sa mise en œuvre», peut-on lire dans le communiqué. «En tant que médiateurs, nous sommes prêts, si nécessaire, à présenter une proposition finale qui pourrait résoudre les questions de mise en application (de l’accord) d’une manière qui réponde aux attentes de toutes les parties», précise le document. 

La dernière proposition soumise à discussion pour un accord-cadre «est basée sur les principes énoncés précédemment par M. Biden», affirme le communiqué. «Le moment est venu de conclure un cessez-le-feu et un accord pour la libération des otages et des prisonniers. Il n’y a plus de temps à perdre ni d’excuses pour aucune des parties pour justifier un retard supplémentaire», insistent les signataires du texte.Israël a d’emblée assuré qu’il enverra des négociateurs le jour J. «A la suite de la proposition des Etats-Unis et des médiateurs, Israël enverra le 15 août une délégation de négociateurs à l’endroit qui sera convenu pour conclure les détails de concrétisation d’un accord», a annoncé, avant-hier soir dans un communiqué, le bureau du Premier ministre israélien, cité par l’AFP. Le Hamas, lui, n’a pas encore donné sa réponse. 


«Israël a commis une erreur stratégique et ça lui coûtera cher»

C’est la première fois en dix mois de conflit, soit depuis le début de la guerre contre Ghaza, que les dirigeants des trois pays médiateurs s’impliquent aussi vigoureusement dans les négociations en signant un communiqué commun. Cet effort s’explique par «les craintes croissantes d’un éventuel conflit plus large dans la région impliquant l’Iran après l’assassinat de hauts responsables des groupes militants du Hamas et du Hezbollah», note l’agence Reuters. 

Au point de vue timing, cette proposition intervient peu après la désignation de Yahya Sinwar à la tête du Hamas. «Ce n’est pas comme si l’accord allait être prêt à être signé jeudi. Il y a encore beaucoup de travail à faire», prévient un haut responsable américain cité par l’AFP. Ce même responsable affirme qu’Israël «s’est montré très réceptif» à la reprise des pourparlers. Même si un accord de cessez-le-feu était signé avec le Hamas, le mal est fait. Cela ne stoppera pas les conséquences des assassinats ciblés exécutés en série par Israël, avec notamment l’attentat contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran et l’élimination de Fouad Chokr, haut chef militaire du Hezbollah, à Beyrouth, ou encore le sacrifice de 92 innocents bombardés en bloc à Khan Younès pour avoir la peau de Mohamed Al Daïf, le chef d’état-major des Brigades Ezzeddine Al Qassam. Donc il ne faut s’attendre à aucune retombée positive des négociations avec le Hamas sur les conflits collatéraux déclenchés par Israël. 


Dans un entretien accordé à l’AFP en marge de la réunion de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui s’est tenue jeudi à Djeddah, le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim, Ali Bagheri, a déclaré : «L’acte que les sionistes ont commis à Téhéran est une erreur stratégique et ça leur coûtera cher.» M. Bagheri a accusé Israël de vouloir «étendre la tension, la guerre et le conflit à d'autres pays», tout en assurant que l’Etat hébreu n’a «ni la capacité ni la force» pour combattre l’Iran. Le chef de la diplomatie iranienne a mis l’accent sur le soutien affiché à son pays par les membres de l’OCI. «Ceux à qui nous avons parlé hier (mercredi, ndlr), que ce soit par téléphone ou directement, ont tous souligné le droit de la République islamique d’Iran de riposter à ce crime terroriste», a-t-il soutenu. S’agissant de l’organisation tactique de la riposte et d’une possible coordination avec le Hezbollah, Ali Bagheri a répondu : «Nous avons des objectifs similaires mais, sur le terrain, chaque mouvement de résistance agit en fonction de sa propre compréhension de la situation et de ses intérêts.» 


Le Liban sur le qui-vive

Hassan Nasrallah a déclaré pour sa part mardi que le Hezbollah et l’Iran sont «obligés de riposter» contre Israël, «quelles qu’en soient les conséquences». Le chef du parti chiite libanais a précisé que le Hezbollah riposterait «seul ou dans le cadre d’une réponse unifiée» de tout l’Axe de la résistance, dirigé par Téhéran. «Notre riposte viendra, elle sera forte et efficace», a martelé Nasrallah. «Les contacts internationaux se poursuivent pour une désescalade (...), mais il faut rester prudent même si la tension a relativement diminué au cours des deux derniers jours», a tenté de dédramatiser auprès du journaliste de à l'AFP une source ministérielle à Beyrouth. 

«Le Liban, survolé plusieurs fois ces jours-ci par des avions militaires israéliens à basse altitude, reste sur le qui-vive, de même qu’Israël et notamment le nord du pays, frontalier du sud du Liban. Les échanges de tirs, le long de cette frontière, entre l’armée israélienne et le Hezbollah sont devenus presque quotidiens depuis le début de la guerre à Ghaza», relève l’agence de presse française.  


Autre élément qui n’est pas fait pour réduire les tensions : Israël a promis d’éliminer le nouveau patron du Hamas, le redoutable Yahya Sinwar. «Nous allons multiplier les efforts pour le retrouver et l’attaquer», a promis le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi. 

Il n’y a pas que Sinwar qui est traqué et attaqué. Dans la bande de Ghaza, la machine de guerre israélienne continue à faucher et broyer sauvagement la vie de centaines d’innocents. Jeudi, au moins 18 personnes ont été tuées suite au bombardement de deux écoles situées dans la ville de Ghaza, selon la Défense civile palestinienne.  
Au cours de la journée d’hier, au moins 12 personnes ont péri et plusieurs autres ont été blessées suite à des frappes sur Khan Younès, rapporte l’agence Wafa. 


La même source précise que parmi ces 12 victimes, quatre personnes ont trouvé la mort lorsque les forces d’occupation ont bombardé une habitation dans la région de Tahlia, au centre de Khan Younès ; cinq ont été tuées dans un raid aérien à Al Mawasi, à l’ouest de Khan Younès, deux ont été fauchées à Al Fokhari, à l’est de Khan Younès et, enfin, un civil a été tué par balle dans la localité d’Al Qarara, à l’est de Khan Younès. 

L’agence d’information palestinienne ajoute que 4 autres civils sont tombés en martyrs hier suite à un raid au camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de la bande de Ghaza. Deux autres morts ont été déplorés à Al Maghazi.
 

A noter par ailleurs cette information rapportée par l’agence de presse palestinienne : hier Tamim Maamar, journaliste à la télévision palestinienne ainsi qu’à la radio Sawt Falastine (La voix de la Palestine), a péri ainsi que plusieurs membres de sa famille «suite à un bombardement qui a visé leur maison à Khan Younès». Al Jazeera nous apprend qu’un autre journaliste, Abdellah Al Soussi, travaillant à la chaîne de télévision Al Aqsa, a également été tué hier dans une autre frappe sur Khan Younès. 

Au total, 39 699 morts et 91 722 blessés ont été recensés par le ministère de la Santé de la bande de Ghaza en dix mois d’une guerre épouvantable contre le peuple palestinien. Mustapha Benfodil

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