Sider El Hadjar a conclu le mois dernier un important contrat de vente de scories, un sous-produit solide issu de la fusion à partir de ses aciéries à raison de 12 à 15% de scories par tonne d’acier liquide brute produite. Stockée depuis plusieurs années de production, cette scorie, utilisable dans les domaines des travaux publics et des routes, cumule aujourd’hui quelque 12 millions de tonnes.
Selon nos sources, l’entreprise ayant remporté cet important marché est privée, basée à Annaba. Ses engins sont depuis quelques jours sur le vaste site du crassier.
Contacté, le directeur général de Sider El Hadjar confirme : «Ce contrat concerne l’ensemble des opérations de vente, des scories fraîches générées par les aciéries, et celles stockées au niveau du crassier interne (zone HF); à l’exception des déchets métalliques (ferreux et non ferreux) qui seront restitués à Sider El Hadjar.»
A raison de 210 DA/tonne en hors taxe, ce contrat est estimé à trois milliards de dinars toutes taxes confondues (TTC) qui iront renflouer les caisses du complexe.
Le traitement du crassier à l’intérieur du périmètre du complexe, qui cumule 12 millions de tonnes, permettra, selon les experts, la récupération d’au moins 20% de matières valorisables. Il s’agit des métaux ferreux et non ferreux dont la ferraille et le réfractaire. Au terme de cette longue opération, Sider El Hadjar pourra récupérer une importante assiette de terrain abritant le crassier interne qui s’étale sur une superficie d’environ 20 hectares.
Un foncier industriel de forte valeur qui pourrait accueillir un éventuel investissement. A souligner que durant plusieurs années, le complexe Sider El Hadjar payait une importante taxe liée à l’atteinte de l’environnement, sachant que les déchets dont la scorie et le laitier sont une source importante de pollution de l’air, de l’eau et du sol, ce qui nuit encore plus à la végétation et à la santé humaine.
Nouveaux PDG aux groupe Imetal et Sider
A quelques encablures du crassier de Sider El Hadjar, un nouveau PDG au groupe Sider de Annaba a été désigné par Djamel Babouri, le nouveau PDG du groupe des industries métallurgiques et sidérurgiques (Imetal). Il s’agit de Lamine Mohamed Sedrati, un cadre dirigeant au niveau du même groupe. Il a été également choisi par la justice pour occuper le poste d’administrateur au groupe Maazouz.
En marge de l’installation officielle de Djamel Babouri en tant que président-directeur du groupe des industries métallurgiques et sidérurgiques (Imetal), le ministre de l’Industrie et la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a abordé la situation de Sider El Hadjar. Empreint d’un ton optimiste, M. Aoun a estimé : «Avec un seul haut fourneau, le HF N°2, Sider El Hadjar produit quotidiennement de la fonte et de l’acier. Mieux encore, il effectue même des opérations d’exportation de ses produits sidérurgiques.»
C’est avec cet optimisme qu’il accompagnera aujourd’hui le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane pour rendre visite à Sider El Hadjar. On s’attend à une importante annonce ayant trait à un éventuel partenariat avec des entreprises asiatiques à l’effet d’entamer la 2e phase du plan d’investissement, adapté et révisé à la baisse plusieurs fois. Il faut savoir que Sider El Hadjar, qui a toujours financé ses opérations par des crédits bancaires remboursables, dispose aussi de son propre fonds pour engager la 2e phase de son plan de développement (PLD). Ainsi, plus de 46,5 milliards de dinars de Sider El Hadjar sont toujours bloqués.
«Dans le cadre de son plan de développement, Sider El Hadjar bénéficiait, depuis la première phase, du régime dérogatoire de la convention d’investissement, relative au développement de l’investissement pour la réhabilitation et l’extension du complexe sidérurgique d’El Hadjar.
Par cette convention, établie avec l’ANDI, Sider El Hadjar profitait des exonérations en matière de franchise de droits et taxes et tout autre prélèvement à caractère fiscal», a expliqué l’un des financiers de Sider El Hadjar.
Cependant, la convention initiale avait expiré et n’avait été renouvelée qu’une seule fois. Cette dernière a encore expiré fin 2019, sans pour autant entamer la deuxième phase du plan de développement de l’entreprise. «Depuis, malgré toutes les démarches (verbales, écrites et physiques) pour obtenir une prolongation de délai et pouvoir entamer la 2e phase, l’ANDI nous a informés que malgré la résolution du CPE, elle ne peut déroger à une loi, ses prérogatives se limitent à deux accords de prolongation.
Toujours selon l’ANDI, la demande relève du Conseil national d’investissement (CNI), qui devra l’examiner et statuer», regrette la même source. Rappelons que le Conseil de participation de l’Etat (CPE), dans sa session du mois de mars 2018, avait validé le PLD actualisé qui lui a été présenté, et avait accordé à Sider El Hadjar une rallonge budgétaire de 25,5 milliards de dinars pour la mise en œuvre de la 2e phase.
A l’époque, Sider El Hadjar disposait encore d’un reliquat de budget de la première phase, de l’ordre de 20 milliards de dinars.
Ces deux enveloppes totalisent un montant de 45,5 milliards de dinars, objet d’une résolution CPE du mois de mars 2018. Depuis, rien n’a été fait. Les commission et les inspecteurs se succédaient au complexe et au groupe Sider au terme de leurs «visites», plusieurs hauts cadres ont été écroués, d’autres placés sous contrôle judiciaire par le tribunal de Sidi M'hamed d’Alger.
Quant aux 6000 sidérurgistes sur place, ils scrutent avec impatience cette annonce salutaire que pourraient déclarer aujourd’hui le Premier ministre et son ministre de l’Industrie. A suivre…