A 63 ans, Rudi Völler doit à nouveau enfiler la tenue de pompier de service à la rescousse d’un football allemand qui prend feu de toutes parts, d’abord comme sélectionneur intérimaire ce soir mardi (21h) contre la France, ensuite pour trouver un successeur à Hansi Flick, limogé dimanche.
Ironie de l’histoire, c’est contre une équipe de France étincelante depuis une décennie (finale de l’Euro-2016, titre mondial en 2018, lauréate de la Ligue des nations 2021, finale du Mondial-2022), sous les ordres de Didier Deschamps avec qui il a remporté la Ligue des champions sous les couleurs de l’Olympique de Marseille en 1993, que Rudi Völler effectuera probablement son unique passage sur le banc de la Mannschaft en 2023, dans le Westfalenstadion de Dortmund.
C’est ce qui est en tout cas prévu par la Fédération allemande (DFB), qui n’a eu d’autre choix que d’écarter le sélectionneur Hansi Flick, une première dans l’histoire de l’institution, après l’humiliation contre le Japon (4-1) samedi soir à Wolfsburg.
Champion du monde comme joueur avec la Mannschaft en Italie, en 1990, Völler a déjà connu ce rôle de pompier pour éteindre les départs d’incendie avant que le feu ne devienne incontrôlable. En 2000, l’Allemagne se fait sortir dès le premier tour de l’Euro en Belgique et aux Pays-Bas, alors qu’elle avait été sacrée championne d’Europe, quatre ans plus tôt, en Angleterre.
Après la démission d’Erich Ribbeck, Völler est nommé à la tête de la sélection, officiellement pour un intérim d’un an, le temps qu’arrive son successeur désigné Christoph Daum, encore sous contrat avec Leverkusen. Mais Daum se retrouve impliqué dans une affaire de consommation de cocaïne, et doit quitter toutes ses fonctions. Le «pompier» Völler, tout en restant sélectionneur, va alors faire un bref intérim comme entraîneur de Leverkusen, avant de se reconcentrer sur la Mannschaft, cette fois pour un bail beaucoup plus long.
Echec en 2004
Son parcours au Mondial-2002, en Corée du Sud et au Japon, dépasse toutes les attentes, porté par son gardien et capitaine Oliver Kahn, avec une finale perdue contre le Brésil.
Le nom de Völler n’est, toutefois, pas une garantie absolue de succès. Son passage comme sélectionneur s’est notamment terminé sur une démission à l’été 2004, après une nouvelle sortie dès le 1er tour de l’Euro au Portugal. A l’époque, l’Allemagne était à 24 mois de «sa» Coupe du monde à domicile.
Désormais, la priorité de Rudi Völler, en poste comme directeur sportif de la DFB depuis le 1er février 2023, va bien au-delà de la rencontre amicale contre la France, que l’Allemagne ne fera qu’enjamber. «La mission la plus urgente après, ce sera d’engager un sélectionneur qui devra réorganiser notre équipe et la préparer pour l’Euro à la maison l’année prochaine» a-t-il affirmé dimanche.
Membre du groupe de travail mis en place par la DFB, après le fiasco au Mondial-2022 (élimination au premier tour), il participera à la recherche d’un «sélectionneur qui doit ensuite remettre sur le long terme la Mannschaft au niveau que l’on connaît d’elle et que l’on attend».
Pour le match contre la France, sa première décision de sélectionneur intérimaire, complètement anecdotique, s’est révélée des plus judicieuses. La Mannschaft avait le choix entre le bus ou le train pour faire la liaison entre Wolfsburg et Dortmund lundi et Völler a décidé d’opter pour le bus. Bien vu : le train un temps envisagé n’a pas marqué l’arrêt à Wolfsburg.