Ayant pour objectif d’expérimenter de nouvelles méthodes pour l’alphabétisation des femmes en milieu rural, le grand programme de formation dans le domaine de l’éducation s’est clôturé, hier, après 4 ans de travail. Les résultats dévoilent une autre facette de la femme rurale.
«Nous avons été agréablement surpris par les aspirations des femmes rurales durant notre enquête et programme d’alphabétisation de cette catégorie délaissée. En dehors du cliché de celles qui veulent juste apprendre à lire et écrire, il y en avait beaucoup qui cherchaient de l’autonomie financière et sociale.
Apprendre à lire et écrire leur permettrait de lancer leur propre petit business, d’assister leurs enfants dans leur cursus scolaire et d’être indépendante dans la vie sociale», déclare Brahim Benmoussa, expert en sociologie faisant partie de ce projet lancé en 2018 entre l’Office national d’alphabétisation et d’enseignement pour adultes (ONAEA) et l’Union européenne sous la houlette du ministère de l’Education nationale.
Entrant dans le cadre du Programme d’appui à la mise en œuvre de l’accord d’association (P3A), ces deux actions ponctuelles ont visé des apprenantes de 8 wilayas du pays avec un dispositif qui s’appuie sur la formation ouverte et à distance avec 3 pôles interconnectés.
Il s’agit de l’alphabétisation en présentiel, en milieu familial par la création de contenus télévisuels, radiophoniques et sur plateformes ainsi que sur réseau via classes virtuelles. C’est une adaptation «Ce qui est intéressant durant ce travail est l’implication démesurée des enseignantes qui ont eu à exploiter leurs propres moyens pour réussir cette opération. Même si nous avons été arrêtés en mars 2020 à cause de la propagation de la Covid19, nous avons pu reprendre nos actions en septembre de la même année.
Ce grand programme nous a permis d’avoir une base de données très intéressante sur la femme rurale qui devra servir d’outil d’aide à la décision. C’est justement un retour sur expérience très intéressant», ajoute M. Benmoussa. Durant les 419 jours d’expertise et de formation-action à distance et sur terrain, les experts, dont notre interlocuteur, ont eu à former 90 personnes parmi le staff qui a chapeauté ces deux actions ponctuelles.
«Nous avons également été surpris de voir que ces femmes, malgré leur analphabétisme, étaient connectées. D’ailleurs, parmi les motivations de certaines, c’était d’avoir accès à ces nouvelles technologies et surtout pouvoir les exploiter», ajoute notre expert.
Le grand acquis est certes pour les femmes en milieu rural, mais aussi pour l’Office national d’alphabétisation et d’enseignement pour adultes (ONAEA) qui dispose, maintenant, de ressources humaines et outils requis pour analyser, concevoir et mettre à jour les contenus, déployer et adapter dans d’autres contextes les programmes d’alphabétisation en fonction de la dynamique de son économie et de l’évolution des besoins des publics cibles.
Aussi, l’appropriation par l’Office de la méthodologie de l’enquête et de ses techniques de numérisation devrait lui permettre de cibler d’autres catégories d’adultes dont il assure l’enseignement, notamment les jeunes du service national et le personnel carcéral.