Alerte à la drogue !

22/03/2022 mis à jour: 23:05
2018

Quand le moral national est à zéro, le trafic et la consommation de drogue prennent l’ascenseur. La cocaïne pour les riches, les psychotropes pour les pauvres. 

Pour la première, le dernier bilan de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie souligne une augmentation de 1584,34% entre 2020 et 2021. De quoi donner froid dans le dos. Le phénomène explose malgré les saisies quasi quotidiennes opérées par les services de sécurité. Quelque chose ne va pas dans la politique nationale de lutte contre ce fléau, ou alors celle-ci est en train de prendre l’eau au fur et à mesure que la société sombre dans la déprime.
 

En l’espace de trois semaines, entre février et mars, deux altercations aux armes à feu entre bandes rivales de dealers ont secoué un quartier des hauteurs de Constantine, surnommé Colombia. Comme au beau milieu des années 1990, les riverains renouent avec les coups de feu sous leurs balcons, mais cette fois pour un enjeu purement commercial, celui du contrôle du marché de la drogue, des barbituriques surtout. Les faits divers s’enchaînent pour former un phénomène. Ici, c’est le royaume des comprimés, du «Saroukh». 

Les riverains ont un sentiment croissant d’insécurité et d’abandon, face à l’audace des dealers du quartier et leurs commanditaires, qui s’adonnent à leur commerce funeste au grand jour, n’hésitant plus à s’armer et à user de leurs armes ! 
 

En dépit des opérations menées par les services de sécurité locaux, le trafic et la consommation s’accentuent. Et chaque jour compte de nouveaux convertis à ce business enrichissant, y compris parmi les hommes en uniforme. L’affaire des 13 membres du BRI de Constantine, arrêtés et condamnés pour «trafic de stupéfiants», a fait déborder le vase et poussé l’opinion locale au-delà d’un palier psychologique dangereux. 

Et bien qu’il ne soit pas donné de généraliser à partir d’une wilaya, il incombe aux autorités centrales de rassurer la population en confiant la mission à des forces prêtes à déployer des efforts à la hauteur de la volonté de l’Etat et de ses engagements dans la lutte contre ce fléau.
 

Comme on l’a déjà écrit, pandémie ou pas, le trafic des stupéfiants, comme celui du kif et des drogues dures, est en train de vivre ses plus beaux jours en Algérie. La tendance révélée par le bilan officiel de l’année précédente se confirme par les informations livrées quotidiennement en ce début 2022. 

Les réseaux de trafic s’élargissent et se complexifient, alors que la population toxicomane se rajeunit et compte de plus en plus d’adolescents. Les dealers persistent aussi à cibler les cours d’école, et obtiennent un succès fatal, parmi les lycéens surtout.
 

Les efforts de l’Algérie sont indéniables sur les plans législatif, judiciaire et opérationnel, mais les carences soulignées dans la stratégie n’ont visiblement pas été comblées alors que l’ennemi devient plus performant. Il y a des choses à revoir, et ça ne peut pas attendre.

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