Aïn Témouchent : Un plan pour la protection et la mise en valeur de Siga

16/04/2022 mis à jour: 02:05
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Le site archéologique de Siga gagnerait à être protégé

La première mouture d’un plan de protection et de mise en valeur des vestiges de la capitale de Syphax, aguellid de la Massaessylie, a été votée par l’APW. Il a fallu toute l’ardeur persuasive du directeur de la Culture pour que la seule objection émise ne constitue pas un frein à son adoption.

 En effet, il a dû rappeler l’intérêt capital que représente le site archéologique de Siga pour la connaissance de notre histoire antique : «C’est en outre l’unique capitale numide de cette période dont l’emplacement n’a pas été empiété par la construction d’une ville moderne et la faire disparaître». 

Car, précisément, il a été demandé par des élus que soit réservée une assiette pour la construction d’habitations au profit des riverains ! Passé ce premier examen, le plan doit être soumis à l’avis technique des directions de l’exécutif pour ensuite faire l’objet d’une enquête de commodo et incommodo. Enfin, il reviendra devant l’APW pour être définitivement avalisé. Ses dispositions constitueront alors un outil juridique opposable au tiers. Mais comment se présente le site aujourd’hui ?

 Tout d’abord, chez les populations locales, Siga n’est plus que Takembrit, le lieudit sur lequel elle a été édifiée et où elle a été ensevelie au fil des siècles par des dépôts de limon ayant ruisselé dessus à partir des sommets alentours. 

En réalité, dessous, c’est-à-dire la partie invisible, elle est constituée de quatre cités antiques s’étageant l’une au-dessus de l’autre successivement depuis la période punique, numide, romaine et musulmane. Plusieurs illustres voyageurs ont vanté sa prospérité au 10e et au 11e siècle, la cité dont le nom est attesté au 4e et 3e siècle avant J.C. Elle aurait amorcé son déclin au 16e siècle. 

C’est donc un fantastique gisement qui, grâce au travail des archéologues, dévoilera des pans entiers de cette histoire dont celle de la période numide, la plus hypothétique de notre histoire parce qu’écrite par le vainqueur romain à sa gloire et pour ternir la postérité de Syphax, leur ennemi, dont le pays couvrait les deux tiers de la Numidie et qui a été le premier roi à battre monnaie en Numidie.

 Mais, pour l’heure, il n’est pas encore question de fouilles mais d’un programme à court et long termes pour la protection du site et le développement de ses abords. L’état de conservation du site révèle qu’il a fait l’objet de plusieurs fouilles entre 1936 et 1978, mais qui n’ont pas été parachevées par un travail de protection des vestiges mis au jour et dont l’ensemble se détériore au fil du temps du fait des intempéries. La nécessité de coulis de chaux pour l’étanchement des structures et leur consolidation est ainsi préconisée. 
 

Il y a également les dégradations causées par la végétation qui entraine des fissurations au niveau des vestiges, ce qui implique l’urgence d’un désherbage répété. Outre les outrages du temps. les menaces auxquelles le site est exposé sont le vandalisme et le tourisme de masse comme par exemple à Taghit du fait de visites massives non maîtrisées. Dans une première étape, l’approche mise en œuvre a consisté à reconnaitre chaque structure archéologique par une méthode de numérotation à trois dimensions et par un positionnement GPS afin d’immortaliser sa configuration tridimensionnelle. 

A partir de là, la mise en valeur du site par son aménagement a été arrêtée à travers neuf opérations avec en premier lieu un bornage du périmètre, le site étant ouvert et non limité. La protection du site devra alors passer par la création d’un système de patrouille et de gardiennage équipé de matériel de surveillance. 
 

En troisième position, il y a la classification des vestiges archéologiques en éléments pouvant être déplacés et qui le seront dans un musée du site alors que les structures immobiles et ancrées seront mises en valeur par un désherbage ainsi que par une consolidation et un étanchement de leur base et leur sommet en vue de leur préservation. La clôture du site est envisagée par le biais de la plantation de cyprès type «bougie» espacé de 4m. En cinquième lieu, il y a la mise en place d’un plan de gestion des flux de visiteurs nécessitant la création d’une entité administrative et la mise en place d’un plan d’entretien permanent. 

A cet égard, le travail de gestion implique de mettre à la disposition des visiteurs des guides et prospectus documentés et illustrés, ce qui rendrait accessible la lecture des structures archéologiques. 

A un autre niveau relatif à la conservation intégrée du site, des procédures d’autorisation et de contrôle des fouilles et autres activités archéologiques seront mises en place. 

Enfin, il est disposé que les aménagements d’accueil des visiteurs ne devront en aucun cas porter atteinte au caractère archéologique et scientifique du site.   

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