Après une éclipse de cinq années, le Festival national de théâtre de marionnettes (FNCM) est de retour. Il se tiendra du 8 au 11 juin, soit seulement trois jours, restrictions budgétaires obligent, celles-là même qui ont gommé ce parent pauvre du théâtre algérien du calendrier des manifestations du ministère de la Culture, une décision très mal vécue par les marionnettistes qui n’avaient que cette unique rencontre annuelle pour promouvoir leur art.
En effet, ce festival avait réussi, en seulement quelques années, par les rencontres, les débats et l’émulation, à hisser la pratique des arts de la marionnette de l’archaïsme et d’un contenu infantilisant en direction de son public, qui en notre pays, est celui des enfants. Ses thématiques et ses techniques, pour les compagnies les plus avancées, ont évolué au point qu’une compagnie blidéenne a quitté le terrain du castelet et des tréteaux, et en est à défricher l’expérience de la marionnette dans l’audiovisuel, TV Puppets précisément, avec principalement la marionnette à gueule.
Mais, pour avoir choisi cette voie parallèle, la participation de la compagnie de Waheed Nehab n’a pas été retenue. Peut-être à une autre fois pour l’échange avec ses pairs ? Cette édition de la reprise, la 12e depuis que le FCNM existe, verra la participation de neuf wilayas avec douze spectacles dont seulement six ont été retenus en compétition en la salle de la maison de la culture.
En outre, en plus du chef-lieu de wilaya, deux répliques du festival auront lieu à Béni Saf et Hammam Bou Hadjar, les deux autres principales cités de la wilaya. En outre, les agglomérations dont les édiles auront mis à la disposition du festival d’un espace et des moyens afférant à une représentation, bénéficieront de la tournée de spectacles.
A noter que si le nombre de ces deniers retenus au programme est réduit, c’est parce que les troupes existantes n’ont pas toutes produit un spectacle dans la mesure où elles ne s’y engagent que si elles peuvent les rentabiliser par une tournée. Le FCNM en retrouvant une régularité de programmation contribuera à cela. Il leur offre l’opportunité d’un cachet pour les représentations en plus du numéraire des distinctions pour celles retenues en compétition.
Ainsi cinq prix vont être attribués, soit 80 000 DA pour le meilleur spectacle, 60 000 DA pour la meilleure mise en scène, 40 000 DA pour le meilleur texte, 30 000 DA pour la meilleure manipulation et 40 000 DA au titre du prix spécial du jury.
Cela n’est pas énorme comparativement à ce qui était accordé lors des précédentes éditions mais d’aucuns tablent sur l’éventualité que le ministère de la Culture revoit sa copie en ne minorisant plus les arts de la marionnette. Autre fait notable dans la participation, deux wilayas qui n’ont jamais été présentes au FNTP y seront cette fois. Il s’agit de celles de Relizane, où le théâtre a toujours fait florès sauf celui de la marionnette, et de Tizi-Ouzou qui a proposé un spectacle monté en darja et en tamazight. Le choix s’est porté sur la version en tamazight, une manière de valoriser cette langue nationale, sachant par ailleurs que l’idiome d’un spectacle ne doit être qu’un des langages de l’écriture scénique pour accéder à son intelligence.
Par ailleurs, trois hommages seront rendus à trois disparus, et à la mémoire desquels cette édition est d’ailleurs dédiée.
Cela sera à la faveur de la journée nationale de l’artiste qui coïncide avec le 8 juin. Il s’agit de Chioune Abdennour, auteur d’un opuscule sur les techniques de la marionnette, et une des figures marquantes de cet art qui a fleuri en sa ville, Chleff, plus qu’ailleurs à travers le pays. Il y a ensuite Douila Nordine de Sidi Bel Abbes, auteur, metteur en scène, fabriquant de marionnettes et manipulateur. Il était à lui seul une école, ses spectacles ont été souvent auréolés de divers prix au FNCM.
Enfin, il y a Blaha Benziane qui a participé à une édition du FNCM pour donner un coup à de main à la troupe « Triangle ouvert » à la demande de son ami Saïd Missoum en manque de manipulateurs. Blaha, artiste multiple et cœur généreux, comédien au théâtre avant d’être vedette du petit écran depuis Achour el Acher, avait répondu présent.
Il était aussi une « khizana », une référence en matière chiir el melhoun, vers lequel les spécialistes, à l’instar d’Ahmed Amine Dellaï du CRASC, à se tourner vers lui pour consultation. En outre, parallèlement à la manifestation proprement dite, un atelier de formation en écriture marionnettique figure au programme.
Enfin, et pour la première fois, l’université de Témouchent et les trois départements théâtre des universités d’Oran, Tlemcen et Sidi Bel Abbès débattront de l’art de la marionnette dans le cadre du FNCM.