Aïn Benian (*) ou la fontaine autour de laquelle fut érigé un noyau urbain de l’ère romaine se veut une expression qui dénommait un douar où vivait jadis une ancienne peuplade autochtone. Cet endroit historique est connu pour sa source naturelle se déversant dans un grand bassin qui existe encore maintenant. Son eau jaillissait naguère au milieu de ruines romaines éparses provenant de vieilles maisons, gisant sur un promontoire, d’où l’on peut jouir d’un panorama exceptionnel.
En 1856, la ville prit le nom de ce célèbre colon et se fait alors appeler Guyotville, même si elle était officiellement créée sous le nom de Aïn Benian, une dénomination autochtone qu’elle ne retrouvera d’ailleurs qu’à l’indépendance. Bologhine, l’agglomération côtière voisine, reçut, elle aussi, le prénom de ce haut responsable de l’administration coloniale et se fait à l’époque, baptiser Saint-Eugène.
Aïn Benian est située à 16 km de la capitale et 8 km de Chéraga, c’est l’une des plus importantes villes maritimes de la banlieue algéroise. Un centre de population y fut fondé par arrêté du 19 avril 1845, en exécution d’un plan de colonisation imaginé par un haut fonctionnaire français répondant au nom d’Eugène Guyot.
En 1856, la ville prit le nom de ce célèbre colon et se fait alors appeler Guyotville, même si elle était officiellement créée sous le nom de Aïn Benian, une dénomination autochtone qu’elle ne retrouvera d’ailleurs qu’à l’indépendance. Bouloghine, l’agglomération côtière voisine, reçut, elle aussi, le prénom de ce haut responsable de l’administration coloniale et se fait, à l’époque, baptiser Saint-Eugène.
D’abord, annexe de la commune de Dély Ibrahim, Aïn Benian sera ensuite rattachée à la ville de Chéraga avant d’acquérir son autonomie administrative en date du 28 novembre 1874. Elle est intégrée à la wilaya de Tipasa dès 1984, avant qu’elle ne relève, une nouvelle fois, à partir de 1997, de la wilaya d’Alger, constituant désormais avec les communes de Dély Ibrahim, Ouled Fayet, Hammamet et Chéraga, la circonscription administrative (daïra) de Chéraga, dont le chef-lieu est la ville éponyme.
La découverte dans le domaine de l’archéologie de vestiges très anciens à Aïn Benian témoigne, à une époque fort reculée, que cette contrée fut occupée par des populations antiques. En 1869, au cours du percement du tunnel de l’ancienne voie ferrée, des ossements humains, des outils et poteries avaient été mis au jour dans une grotte au lieudit Grand Rocher.
Le tunnel dont il ne reste aujourd’hui plus aucune trace fut dynamité dans les environs de 1935. Aussi des dolmens ayant abrité des sépultures avaient été découverts dans cette commune par l’archéologue Berbruger en 1840. Un de ces monuments mégalithiques est toujours visible sur le plateau de Aïn Benian, au quartier Rando. Celui-ci témoigne qu’à des temps très éloignés, des hommes préhistoriques vivaient effectivement dans le Sahel algérois.
Dans ce même secteur, sur un vestige d’un des deux piliers de la porte d’entrée d’un vieux domaine, on peut lire l’inscription : «Clos des dolmens». Ces dolmens, dont on a déjà parlé lors de notre escale dans la localité de Béni Messous, sont des monuments funéraires composés de roches grossièrement taillées, plantées au sol et recouvertes de dalles.
Ces grandes pierres forment des abris ayant l’aspect d’un cube allongé, mesurant en moyenne, deux mètres de long et un mètre de large. Aïn Benian ou la fontaine des constructions est une expression qui dénommait un douar où vivait jadis une ancienne peuplade autochtone. Cet endroit historique est connu pour sa source naturelle se déversant dans un grand bassin qui existe encore maintenant.
Son eau jaillissait naguère au milieu de ruines romaines éparses provenant de vieilles maisons, gisant sur un promontoire, d’où l’on peut jouir d’un panorama exceptionnel. Une vieille ferme coloniale dénommée Kol Segui, dont les bâtiments avaient été en partie érigés avec des matériaux de réemploi antiques, domine les lieux à hauteur du dernier grand méandre de la route qui donne accès à la ville par Chéraga.
A l’intérieur de ce domaine de gros blocs de pierres taillées toujours visibles témoignent que ce hameau avait primitivement accueilli un établissement romain. Dans le voisinage, au lotissement château Boumediène, il existe un vieux palais de style provençal qu’on surnommait à l’époque maison isolée ou encore château Baïnem. Une cité AADL avec ses bâtiments flambant neufs, créée sur le terrain y attenant, surplombent à présent les lieux. La somptueuse résidence susmentionnée, où dit-on l’Américain Eisenhower avait séjourné un temps, appartenait à un promoteur immobilier français, un ancien capitaine de la marine marchande nommé Tardis.
A ce dernier entrepreneur, le gouvernement de Bugeaud avait confié le projet de construction des villages maritimes de Fouka Marine et de Aïn Benian. L’administration coloniale fournit à Tardis les crédits en contrepartie de la réalisation à Aïn Benian, dans un délai d’une année, d’une pêcherie et une vingtaine de maisons sur une superficie globale de 200 ha.
Le centre de population européen de Aïn Benian fut érigé près du rivage, à quelques centaines de mètres plus loin du lieudit qui est à l’origine de son appellation. Les maisons nouvellement construites par le promoteur étaient très mal bâties, l’année suivante, elles se trouvaient déjà dans un état de délabrement.
L’entreprise se solde alors par un échec total, le village maritime de Aïn Benian ne verra jamais le jour. Ces habitants l’abandonnent et lorsqu’on décide d’y revenir, quelques années après, on se résout à substituer des pêcheurs en manque d’expérience par des agriculteurs d’origines française, espagnole et italienne.
A Fouka Marine, la situation n’était pas du tout meilleure, en 1856, la vingtaine de cabanes en bois, chahutées par les vagues et le vent, menaçaient déjà ruine. Il faut dire que les hameaux de pêcheurs projetés simultanément à Fouka Marine, Aïn Benian, de même qu’à Sidi Fredj, n’existaient à ce moment-là, que de nom.
Aïn Benian acquit, à une certaine époque, une grande renommée dans le domaine de l’agriculture, notamment la culture d’une multitude de variétés de vigne, dont le produit a été exporté jusqu’en Europe. A la fin de la guerre d’indépendance, Aïn Benian n’était qu’une petite bourgade coincée entre mer et maraîchers cultivés, avec ses petites maisons d’allure campagnarde.
Bien que l’étendue de son patrimoine bâti soit considérablement modifiée, le centre urbain primitif, lui, demeure toujours reconnaissable par ses petits îlots de pavillons vieillots. Ces maisons, chapeautées de tuiles rouges, ont été bâties sur deux ou trois étages tout au plus le long de ruelles parallèles et perpendiculaires.
Un simple examen du style d’architecture des vieux quartiers, bordant la mer, permet de reconnaître le noyau initial de cet ancien centre colonial. Il faut cependant avouer que l’apparence générale de la cité a beaucoup décliné au cours de ces dernières années. A l’origine, la vie gravitait autour d’une grande place publique aménagée au centre du bourg, plantée autrefois en son milieu d’un kiosque de musique, qui a laissé place en 1954 à un hôtel de ville. A ce dernier on y avait adjoint un bloc administratif affecté à des services de l’état civil.
L’un des plus anciens et des plus importants bâtiments de la ville, qui fut mairie, puis commissariat de police et récemment recette des impôts, est assis à l’angle de la rue Hadj Abdelaziz et du boulevard front de mer. Cette dernière grande artère a été rebaptisée boulevard Colonel Si M’hamed, traversant l’agglomération de bout en bout en longeant la côte à 50 mètres d’intervalle approximativement.
A deux pas de cette rue importante, il existait une église datant de 1874 qui fut détruite en 2014 pour laisser place à la grande mosquée El Bachir El Ibrahim. Le territoire de la commune de Aïn Benian est constitué de nombreuses cités populaires et autres nouveaux et anciens quartiers au nombre desquels l’on citera celui d’El Djamila, la belle en arabe, ex-La Madrague.
Ce dernier est formé essentiellement d’un ensemble de lotissements où se dressent de somptueuses résidences individuelles qui ont vu le jour juste à proximité d’un petit port de pêche et de plaisance. Au départ il n’existait dans ce coin de la côte ouest d’Alger que des débris d’un aqueduc romain, auquel les natifs attribuaient le nom de Ras El Qnatar, en référence aux arcades qui soutenaient cette antique structure, aujourd’hui disparue.
Cette curiosité archéologique a failli donner son nom non seulement au port d’El Djamila, mais aussi à l’agglomération tout entière de Aïn Benian. Des documents très anciens de l’administration coloniale en faisaient souvent référence. A l’époque, on désignait toute la contrée comprise entre le phare du Cap Caxine et El Djamila par Aïn Benian, d’autres l’appelaient Ras El Qnatar.
(*) Texte tiré des monographies sur le Sahel algérois, de l’auteur Ahmed Karim Labeche - [email protected]