-La 12e édition du congrès de la Société algérienne de médecine vasculaire (Samev) était axée sur la femme. Pourquoi les hommes ont été «écartés» de cette édition ?
Cette session était, exprès, destinée à la femme. Surtout que de manière générale, que ce soit dans les études scientifiques, les essais cliniques…, on retrouve beaucoup plus d’hommes que de femmes. Nous avons donc décidé de nous intéresser principalement aux femmes lors de ce congrès. Et l’intérêt de ce congrès est de donner les dernières nouveautés en matière de recommandations de traitement des pathologies vasculaires chez la femme.
-Le thème général s’est concentré sur les pathologies vasculaires chez la femme. Pourquoi avoir insisté sur ces pathologies sur la femme seulement ?
Nous avons décidé d’aborder les pathologies vasculaires de la femme, car celles-ci ont des spécificités et des particularités, notamment la maladie thromboembolique, les thromboses veineuses ou encore l’embolie pulmonaire. Et les médecins doivent prendre en compte ces particularités pour pouvoir prendre en charge ce genre de pathologies féminines. Il faut savoir que les thrombophlébites, qui surviennent pendant la grossesse, les thrombophlébites qui surviennent au décours d’un accouchement, que ce soit par voie basse ou par césarienne, intéressent aussi bien les médecins gynécologues que leurs confrères médecins vasculaires, internistes cardiologues…
-Le congrès aborde également les particularités du risque cardiovasculaire chez la femme…
Classiquement, tout le monde pensait que la femme était protégée par ses hormones. On disait : «Avant la ménopause, on ne parle pas de risque cardiovasculaire.» Cependant, cela est faux parce qu’il y a des changements d’habitudes de vie, des changements dans le mode de vie à prendre en compte. Il faut savoir qu’il y a beaucoup plus de femmes qui fument, beaucoup de femmes qui ont de l’hypertension, du diabète, etc. Et lorsque l’on associe tout cela à des facteurs spécifiques à la femme, qui sont liés à sa ménarche, c’est-à-dire à «sa vie génitale», cela explose le risque cardiovasculaire. En fait, elle atteint le risque vasculaire des hommes, et parfois elle le dépasse. Par ailleurs, la femme a beaucoup plus de maladies inflammatoires chroniques, à l’exemple de la polyarthrite rhumatoïde, le lupus... Et aujourd’hui, on sait, de façon certaine, que l’inflammation est responsable d’une athérosclérose fréquente et précoce et qu’il faut développer un système de prévention cardiovasculaire spécifique à la femme, chose qui n’est pas faite jusqu’à maintenant. Par ailleurs, il y a aussi la dangereuse association pilule tabac. En fait, le tabac est un facteur de risque supplémentaire. Et si la femme fume et prend la pilule, cela explose le risque cardiovasculaire.
-Avez-vous des chiffres concernant les femmes atteintes de maladies cardiovasculaires ?
Malheureusement, nous n’avons pas de chiffres. Nous n’avons pas non plus de chiffres maghrébins. Mais je peux toutefois donner un chiffre : en Amérique du Nord, une femme sur deux décède d’une maladie cardiovasculaire. La maladie cardiovasculaire est donc la première cause de mortalité chez la femme. A titre de comparaison, le cancer du sein, qui est plutôt très fréquent chez la femme, arrive à la septième place.
Propos recueillis par Sofia Ouahib