Afrique de l’Ouest : Les attaques d’Al Qaïda et de l’EIS en hausse de 250%

23/01/2025 mis à jour: 19:10
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Le terrorisme est aujourd’hui la menace la plus importante pour la paix, la sécurité et le développement durable sur le continent africain», a déclaré mardi dernier la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina J. Mohammed, devant le Conseil de sécurité, lors d’un débat sur le terrorisme en Afrique, en général, et au Sahel, en particulier.

La responsable a constaté que les groupes affiliés à Al Qaïda et à l’Etat islamique «ont étendu leurs tentacules meurtriers aux pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, avec une augmentation des attaques violentes de plus de 250% en seulement deux ans. Elle a évoqué l’attaque du 8 janvier au Bénin, revendiquée par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM), la plus meurtrière depuis 2021».

Quelques jours plus tôt, a-t-elle souligné, «le 4 janvier, des extrémistes avaient lancé une attaque brutale contre une base militaire de Sabon Gida, à Damboa, au Nigeria, tuant six soldats. Dans d’autres régions d’Afrique, des groupes terroristes tels que les Shebab en Somalie, les Forces démocratiques alliées en République démocratique du Congo et Ahl al-Sunna wal-Jama‘a au Mozambique continuent de déchaîner une violence horrible».

Elle a averti qu’à «ce rythme, l’avenir en Afrique de l’Ouest est en jeu et souligné que la  marginalisation des jeunes, associée à l’explosion du chômage, a laissé toute une génération vulnérable aux groupes extrémistes. Si nous n’agissons pas, nous risquons de perdre cette génération dans les horreurs du terrorisme».

Pour la responsable de l’ONU, «l’Afrique est tragiquement restée l’épicentre du terrorisme mondial». Sous toutes ses formes et manifestations, a-t-elle révélé, le terrorisme est aujourd’hui la menace la plus importante pour la paix, la sécurité et le développement durable sur le continent africain. L’Afrique subsaharienne représente désormais près de 59% de tous les décès liés au terrorisme dans le monde, le Sahel étant le «point zéro» de cette crise.

Durant ces trois dernières années, le nombre de décès liés au terrorisme y a dépassé les 6000, soit plus de la moitié de tous les décès dans le monde. Et dans cette vague meurtrière, le Burkina Faso est en tête du classement avec une augmentation stupéfiante de 68% des décès et peu de soutien apporté pour inverser la tendance.

L’intervenante a précisé en outre  que «les groupes affiliés à Al Qaïda et à l’Etat islamique ont étendu leurs tentacules meurtriers aux pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, avec une augmentation des attaques violentes de plus de 250% en seulement deux ans». Elle a rappelé les attaques les plus meurtrières revendiquées par Al Qaïda, avant d’évoquer un nouveau groupe connu sous le nom de «Lakurawa» qui, selon elle, mène des attaques transfrontalières dans le nord-ouest du Nigeria, au Niger et au Tchad.

Pour Bankole Adeoye, commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’UA, durant  «la seule année 2024, plus de 3400 attaques terroristes ont été menées sur le continent, faisant plus de 13 900 morts. Ces groupes armés non étatiques entravent la gouvernance démocratique et une croissance inclusive en Afrique.

Nous sommes en train d’atteindre un point de non-retour».  Le représentant de la Chine a mis en garde contre le «deux poids deux mesures» et une lutte sélective contre le terrorisme au nom d’intérêts géopolitiques. Elle a averti qu’une telle approche pourrait conduire à un «effet boomerang».

Abondant dans le même sens, la Russie s’est élevée contre «l’hypocrisie des Occidentaux», constatant qu’au Sahel, «le Mali, le Niger, le Burkina Faso et d’autres pays sont presque seuls à lutter contre le terrorisme international».

Elle a également jugé que la destruction de l’Etat et de l’économie de la Libye, à la suite de «l’agression militaire occidentale» contre ce pays en 2011, a créé un terrain propice au renforcement du terrorisme sur le continent. Elle a par ailleurs accusé l’Ukraine d’avoir «fourni une assistance à l’attaque contre les Forces armées maliennes à la frontière avec l’Algérie, dans la zone de Tinzaouatine, en juillet 2024».
 

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