Affaire Issam Abdelfattah : Le silence inquiétant des arbitres algériens

23/02/2022 mis à jour: 04:14
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L’affaire Issam Abdelfattah, ancien arbitre international égyptien, président de la commission d’arbitrage de la zone UNAF (Afrique du nord) et membre très influent au niveau de la commission des arbitres à la Confédération africaine de football (CAF), risque de faire beaucoup de dégâts du côté du Nil et en Algérie aussi.

Les graves révélations faites au Caire, en Egypte, par un arbitre égyptien répondant au nom de Saïd Hamza Halbi, sur des méfaits commis en Algérie par son compatriote Issam Abdelfattah risquent d’avoir des répercussions très négatives sur la suite de la carrière du mis en cause.

Cela concerne le volet égyptien. L’auteur de la dénonciation a mis en garde sa fédération contre toute tentative d’étouffer l’affaire. Il lui a accordé, ainsi qu’à son collègue, un délai pour reconnaître les faits et quitter définitivement l’arbitrage égyptien, continental et mondial.

Quid de la partie algérienne que Saïd Hamza Halbi a citée nommément ? Le silence couvrira-t-il cette affaire dont beaucoup d’acteurs de l’arbitrage algérien étaient au courant au moment des faits ? Issam Abdelfattah, responsable de l’arbitrage au niveau de l’UNAF, venait régulièrement en Algérie pour diriger des séminaires.

Au cours de ses multiples voyages en Algérie «il joignait l’utile à l’agréable», souffle une source de l’arbitrage algérien. Une autre renchérit : «Il prenait du bon temps et outrepassait ses missions. Il a noué une très forte relation, extra-football et arbitrage, avec une arbitre qui a ensuite tourné au cauchemar pour la femme en noir. Il y a eu un abus de position. Tout le monde dans le giron de l’arbitrage savait ce qui se tramait mais personne n’a osé dénoncer les agissements de Issam Abdelfattah».

Lors d’un séminaire, une vive altercation aurait éclaté entre les deux personnes dans le hall d’un grand hôtel sur la place d’une importante ville du pays. Des témoins oculaires, des arbitres et des officiels, ont assisté à la scène sans intervenir. Donc, tous ont enfreint les statuts de la FIFA qui dans un article précise que «toute chose contraire à la réglementation, à la morale et à l’éthique doit obligatoirement être signalée par tout officiel de l’association (fédération)». Le devoir de signalement s’impose à tous.

Ceux qui ne le respectent pas encourent une suspension entre 2 et 5 ans de toutes activités liées au football et une très forte amende. Le scandale Issam Abdelfattah a été ébruité à partir de l’Algérie. Ce sont des arbitres ou des officiels algériens qui ont vendu la mèche à Saïd Hamza Halbi qui a ensuite relaté le scandale sur les réseaux sociaux égyptiens et les médias.

Pourquoi ces Algériens n’ont-ils pas dénoncé les agissements de Issam Abdelfattah lors de ses (nombreux) séjours en Algérie ? Le plus grave dans l’affaire serait que la fédération aurait été mise au parfum et qu’elle n’a rien dit. Seule une enquête menée, côté algérien, par une commission indépendante lèvera le voile sur ce scandale dénoncé à partir de l’Egypte.

Le témoignage de ceux qui accueillent Issam Abdelfattah comme un prince et lui déroulent le tapis rouge, sera intéressant. Ils continuent à ce jour de lui transmettre des vidéos des séquences de matchs du championnat d’Algérie pour leur fournir ses appréciations. Ce sombre épisode de l’arbitrage algérien mérite d’être connu.

Quant aux arbitres et leurs responsables qui ont tout vu et rien dit, ils ne méritent pas de porter la tunique. En off, ils sont intarissables sur ce mauvais feuilleton mais dès qu’il s’agit de témoigner ils perdent la mémoire. Ils trahissent leur engagement de servir loyalement l’arbitrage en toute circonstance. Ils sont indignes, comme ceux qui les ont promus, de faire partie de la famille des arbitres.

La compétence, l’intégrité, la loyauté, le respect des lois du jeu ne s’achètent pas comme les vulgaires désignations décrochées par des moyens que la morale réprouve.

 

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