Le département intégrité de la Fédération algérienne de football (FAF) a entamé la mission que lui a confiée le président de la FAF, Charaf Eddine Amara, à savoir l’affaire Hammoum-Bichari. Ainsi, depuis quelques jours le président du département intégrité, Halim Djendoubi, reçoit des témoins qui étaient présents au diner offert par Khellil Hammoum (ancien président de la Ligue de wilaya d’Alger, membre du Bureau fédéral et président de la commission fédérale des arbitres) et au cours duquel ce dernier aurait porté de graves accusations de corruption contre l’actuel vice-président de la CAF, Mohamed Bichari.
Les témoins défilent dans le bureau de Halim Djendoubi, chargé de prendre leurs déclarations sur cette grave affaire. Des voix autorisées au sein de la fédération auraient soulevé un problème de taille. Elles s’interrogent sur «la légitimité de Halim Djendoubi pour instruire ce dossier alors que son contrat de travail est arrivé à terme depuis plusieurs semaines et qu’il n’a pas été renouvelé», précise une des voix. Remplit-il la condition posée par l’article 34 du code d’éthique de la FIFA (Indépendance) ?
Quelques interrogations entourent le choix de confier cette mission au département intégrité et pas à la commission d’éthique. Des observateurs avertis rétorqueront : «Tout simplement parce que la FAF ne dispose pas d’organes juridictionnels indépendants (commission de discipline, de recours et d’éthique) constitués de personnes désignées, non élues» comme l’indiquent les statuts de la FIFA et les principes de la commission d’éthique.
Normalement, cette affaire aurait dû être confiée à la commission d’éthique comme le préconise l’alinéa 3 de l’article 29 du code d’éthique : «La commission d’éthique est compétente pour enquêter et statuer sur tout comportement au sein du football…». Le code d’éthique couvre tous les aspects liés à cette affaire.
Dans son article 1, il précise que «le présent code s’applique à tout comportement portant atteinte à l’intégrité, l’image du football et de ses instances, et notamment les attitudes contraires à la loi, la morale et l’éthique…».
Ce qui est vraiment grave dans ce vaudeville c’est que des officiels de la fédération ignoraient totalement le contenu du code d’éthique qu’ils sont censés respecter avant tout le monde. Ils étaient présents dans la salle lorsque de graves accusations de corruption ont été proférées.
Ils ne l’ont pas signalé. Ils ont enfreint l’article 17, alinéa 1 (le devoir de signalement) qui indique que «les personnes auxquelles s’applique le présent code qui sont informées d’une infraction aux dispositions du présent code doivent le signaler par écrit directement au secrétariat et/ou au président de la chambre d’instruction de la commission d’éthique».
Les plus exposés aux sanctions dans cette affaire sont Yacine Benhamza, (vice-président de la FAF), Rachid Oukali (membre du Bureau fédéral), Mounir Dbichi (secrétaire général de la FAF). Étaient-ils au courant du contenu de l’alinéa 1 de l’article 2 (champ d’application personnel) du code d’éthique qui précise que «le présent code s’applique à tous les officiels…».
Ils sont les premiers officiels de la fédération concernés par le code d’éthique. L’alinéa 2 de l’article 13 mentionne: «Les personnes auxquelles s’applique le présent code se doivent d’observer la réglementation de la FIFA les concernant».
L’alinéa 2 de l’article 17 (devoir de signalement) avertit que «tout manquement au devoir de signalement est sanctionné d’une amende d’au moins 10.000 francs suisses, ainsi que d’une interdiction d’exercer toute activité relative au football de deux ans au plus». La fédération sanctionnera-t-elle tous ceux qui ont failli à leur devoir? L’avenir le dira.
Encore un élément pour le voyage. L’alinéa 2 de l’article 29 (manipulation de matchs ou de compétitions de football) souligne: «Les personnes auxquelles s’applique le présent code doivent immédiatement signaler à la commission d’éthique toute approche liée à des activités et/ou d’informations concernant directement ou indirectement la possible manipulation d’une compétition ou d’un match de football».
A travers cet article, le code d’éthique situe le degré de responsabilités d’officiels de football et fixe les sanctions qui doivent être infligées. La fédération ira-t-elle jusqu’à suspendre tous ses officiels qui étaient présents chez Khellil Hammoum, qui ont entendu les graves accusations portées contre Mohamed Bichari et qui ont failli au devoir de signalement ?