Affaire du juge d’instruction blessé par arme à feu au tribunal de Mostaganem : Ce qui s’est réellement passé

01/08/2023 mis à jour: 02:24
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Les faits se sont déroulés dimanche 30 juillet vers 15 h

Fait unique dans les annales de la justice. Un ancien greffier en chef a tiré une première balle puis une deuxième sur le juge d’instruction qui l’avait placé, auparavant, sous contrôle judiciaire dans le cadre d’une affaire «d’abus de fonction» et «d’usurpation d’identité». C’était dimanche dernier, en milieu d’après-midi, dans le bureau du magistrat au tribunal de Mostaganem. 

L’intervention rapide d’un gendarme et du greffier en chef de la juridiction présents sur les lieux a permis la neutralisation de l’agresseur au moment où il tentait de poursuivre son agression armée contre le juge, apprend-on de sources locales. 

Le juge et le greffier ont été blessés par balles mais leur état est hors de danger. En fin de journée, le ministre de la Justice, Abderrachid Tabi, s’est déplacé sur les lieux et a rendu visite aux victimes. L’information s’est répandue comme une traînée de poudre, notamment sur la Toile, a alimenté les rumeurs les plus folles et suscité l’inquiétude parmi la corporation des magistrats.  

La première réaction officielle a été celle du Syndicat national des magistrats(SNM). Dans un communiqué signé par son président Laidi Aoudeche et rendu public hier matin, le syndicat a dénoncé «énergiquement l’attaque armée menée par un prévenu, contre le juge d’instruction alors qu’il était dans son bureau en exercice de ses fonctions» et demandé aux «autorités de prendre les mesures nécessaires pour la protection des magistrats à l’intérieur et à l’extérieur des juridictions». Le SNM a précisé que «cette affaire fera l’objet d’un suivi et de prise de position lors d’une réunion urgente du bureau exécutif prévue demain (aujourd’hui, ndlr)».  
 

Quelques heures plus tard, c’est le procureur général près la cour de Mostaganem qui est revenu sur les faits à travers un communiqué destiné à l’opinion publique. «Le 30 juillet 2023, vers 15h, au moment où le juge d’instruction du tribunal de Mostaganem poursuivait la procédure d’audition d’un prévenu, ancien greffier en chef du même tribunal, poursuivi pour des faits d’abus de fonction et d’usurpation d’identité, ce dernier lui a tiré des coups de feu, avec pistolet, l’atteignant au niveau de l’abdomen. 

Durant l’intervention du greffier en chef et d’un gendarme pour l’arrêter et le désarmer, il a été atteint à la tête.  Les blessés ont été transférés à l’hôpital où le juge a subi une intervention chirurgicale et son état est stable et l’agresseur a bénéficié de soins et se trouve sous contrôle médical», précise le communiqué. 

Et d’ajouter : «A la suite de cette affaire, le ministre de la Justice s’est déplacé à l’hôpital pour s’enquérir de l’état du juge d’instruction blessé et ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les faits et les circonstances dans lesquelles l’agresseur est entré dans le bureau du juge d’instruction avec un pistolet et si le fait qu’il n’a pas fait l’objet de procédures sécuritaires habituelles soit lié à son ancienne profession. Toutes les mesures disciplinaires et pénales seront prises contre quiconque dont la responsabilité dans ces faits sera avérée.» 

Le communiqué n’a cependant pas donné de détails sur le pistolet utilisé par l’assaillant  contre le juge d’instruction, sachant que les greffiers ne sont pas armés. 

D’où provient cette arme à feu utilisée par l’agresseur ? Pourquoi cet ancien greffier s’en est-il pris au juge d’instruction avec lequel il a travaillé durant des années, avant d’être pris dans une affaire «d’abus de fonction» et «d’usurpation d’identité» qui lui a valu une inculpation et une mise sous contrôle judiciaire ? Autant de questions qui  méritent réponse. Les agressions en milieu judiciaire ne sont pas nouvelles. 

De nombreux avocats ont fait l’objet de violence, certains ont été victimes d’homicide volontaire par arme à feu et dans des circonstances troublantes. Certains actes ont été élucidés, mais beaucoup d’autres cachent une vérité que personne n’a pu connaître malheureusement.  

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