«La sécurité n’est pas une option mais une obligation et une responsabilité qu’on doit tous assumer», a affirmé Dia El Hak Bouguetof, directeur de l’agence CNAS de la wilaya d’Alger.
Les journées portes ouvertes, organisées par la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) Agence d’Alger, sur les moyens de prévention contre les accidents de travail et les maladies professionnelles s’achèvent aujourd’hui. Sous le thème «Ensemble, travaillons pour un chantier plus sûr», ces journées visent à clarifier le rôle primordial des entreprises, notamment du secteur du bâtiment et des travaux publics dans la protection de leur employés et de les sensibiliser aux risques liés à ce secteur.
Et compte tenu des chiffres annoncés, ces journées restent primordiales pour tenter de limiter les risques de ces accidents sur les travailleurs. En effet, depuis le début de l’année, pas mois de 2743 accidents de travail, dont 577 dans le secteur du bâtiment, ont été enregistrés dans la wilaya d’Alger. En ce qui concerne les accidents mortels dans le secteur du BTP, l’année 2024 en a compté 13. En comparaison, l’année dernière (2023), 3843 accidents de travail ont été enregistrés dans la wilaya d’Alger, dont 939 dans le secteur du bâtiment avec 18 accidents mortels dans le BTP.
«La sécurité n’est pas une option mais une obligation et une responsabilité qu’on doit tous assumer», a affirmé Dia El Hak Bouguetof, directeur de l’agence CNAS de la wilaya d’Alger. Selon lui, «le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique est plein de défis mais fait face également à beaucoup de dangers, c’est pourquoi, nous devons travailler ensemble, avec conscience et professionnalisme, pour créer un environnement de travail qui garantit la sécurité de tous», a-t-il poursuivi.
«La stratégie de la sécurité sociale vise, à travers ces journées, à non seulement mettre la lumière sur les dangers qui guettent les travailleurs dans ce secteur mais aussi à exposer les bonnes pratiques en matière de sécurité et de la protection du personnel», a précise M. Bouguetof.
De son côté, Malek Madour, inspecteur principal CNAS agence d’Alger a tout d’abord fait savoir que le travailleur est confronté, sur le lieu de travail et dans l’exécution de ses tâches, à divers dangers et risques. Selon lui, le secteur du bâtiment et des travaux publics en Algérie est considéré comme l’un des secteurs les plus importants car il emploie une grande partie des travailleurs, que ce soit dans les grands projets étatiques ou privés. «Le nombre de travailleurs dans ce secteur est d’environ 1,9 million de salariés, ce qui représente 17,2% de la main d’œuvre, sans compter les ouvriers non déclarés», a-t-il indiqué.
Droit à la protection
C’est pourquoi, il estime que la prévention de ses risques professionnels est indispensable afin de les écarter ou du moins, minimiser leurs conséquences. «La responsabilité de l’employeur reste totale dans ce domaine», a-t-il affirmé. Assurant que l’Algérie dispose d’un important dispositif législatif et réglementaire sur lequel s’appuie la politique nationale en matière de sécurité et de santé au travail.
A titre d’exemple, l’article 5 du décret exécutif n° 05-12 stipule que tout chantier occupant plus de 9 travailleurs pendant plus d’une semaine doit être déclaré 10 jours avant son ouverture, par le maître d’ouvrage, à la caisse nationale des assurances sociales (CNAS), à l’organisme chargé de la prévention des risques professionnels dans le bâtiment, les travaux publics et l’hydraulique ainsi qu’à l’inspection du travail. Autre exemple : le droit à la protection, à la sécurité et à l’hygiène dans le travail est garanti par la Constitution dans son article 66.
Par ailleurs, M. Madour a expliqué que le législateur algérien a octroyé une mission des plus nobles à la CNAS. «Celle-ci consiste à participer à la promotion de la prévention des risques professionnels, que ce soit les accidents de travail mais aussi les maladies professionnelles», a-t-il affirmé.
Et justement, en termes d’accidents de travail dans le BTP, il y a les chutes de hauteurs par exemple. «Celles-ci représentent la 2e cause d’accidents mortels liés au travail après les accidents de trajet», a expliqué M. Madour, sachant que ces chutes peuvent survenir des toitures, des charpentes, des terrasses de bâtiments, des échelles mais aussi des escaliers, des passerelles, des échafaudage ou encore des camion citerne.
A savoir que le secteur du BTP comporte d’autres risques tels que les accidents de machine, des risques électriques, les vibrations, l’effondrement, l’inhalation de substances chimiques… Pour sa part, Mohamed Ben Dib, inspecteur régional du travail, a insisté sur l’importance d’intégrer un volet protection lors de dans la conception des plans.
A cet effet, il affirme : «Il faut que tout soit fait dans les règles.» Selon lui, il est essentiel que les entreprises consacrent une enveloppe pour la prévention et installent le chantier pour garantir la sécurité de tous. «Il faut aussi équiper le chantier et impliquer le maitre d’ouvrage», a-t-il recommandé. Appelant par la même occasion à la nécessité d’assurer un abri pour les travailleurs, de l’eau et un coin pour manger.
Selon lui, si certaines entreprises ne respectent pas cela, «c’est car il n y a pas de lois dissuasives», s’est-il désolé. Pour ces raisons, M. Ben Dib estime important d’intensifier les sessions de surveillances. Par ailleurs, les spécialistes ont fait savoir que les résultats d’enquêtes réalisées à ce sujet indiquent que les causes des accidents, enregistrés en grande partie dans le secteur privé, sont dues à la négligence de certains employeurs qui ne fournissent pas les moyens de protection individuels et collectifs aux travailleurs.