Accidents de la route : Les autorités décidées à sévir

03/09/2022 mis à jour: 01:35
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Décidément, cet été 2022 aura été l’un des plus sanglants sur nos autoroutes et nos voies rapides. Et l’accident de mercredi dernier, dans la wilaya de Naâma, qui a fait 10 morts et 42 blessés, ne fait que confirmer cette impression angoissante que nos routes ne sont plus aussi sûres, et que prendre le volant vous expose à tous les dangers. 
 

Devant cette hausse alarmante de la mortalité routière, le gouvernement a décidé une nouvelle fois de sévir. C’est ce qu’a laissé entendre le ministre de la Justice, Abderrachid Tebbi, ce jeudi 1er septembre. M.Tebbi a abordé le sujet alors qu’il procédait à l’installation du nouveau président de la cour d’Alger, Kamel Ghazali, et du procureur général auprès de la même instance, Moussa Ben Athmane. Prononçant une allocution d’une dizaine de minutes à cette occasion, le ministre a énuméré une série de textes élaborés par son département. Il a ainsi indiqué que le ministère de la Justice «s’est attaché au long de cette année à parachever tous les textes émanant de la Constitution, dont certains ont été publiés au Journal officiel, à l’image du texte relatif au Conseil supérieur de la magistrature, de la loi organique relative à l’organisation judiciaire, de la loi organique sur le Conseil d’Etat (…). D’autres textes sont encore à l’étude au niveau du gouvernement à l’instar du statut de la magistrature». 
 

«Des amendements qui vont durcir les sanctions»
 

Abderrachid Tebbi a précisé en outre que «plusieurs autres textes juridiques ont été préparés, à l’instar de la loi sur la protection des terres domaniales contre toute forme d’atteinte, la loi relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, la loi contre la traite des personnes et le code pénal». Ces textes de loi, souligne le représentant du gouvernement, «constituent un moyen de protéger la société de différents types de fléaux qui se sont propagés, et que la justice doit contrer par la force de la loi». 

Et parmi ces «fléaux», insiste le ministre de la Justice, «les effroyables accidents de la circulation qui ont connu une tendance haussière dangereuse au cours de cette saison estivale, et qui ont fait de nombreuses victimes». Dans la foulée, M.Tebbi a annoncé l’entrée en vigueur très prochainement de nouvelles mesures coercitives pour faire stopper cette hémorragie et lutter contre la délinquance routière. «Dans ce cadre, le ministère de la Justice a introduit des amendements dans la loi relative à l’organisation, la sécurité et la police de la circulation routière qui visent à durcir les sanctions et cela sera suivi par d’autres dispositions réglementaires que le gouvernement va prendre prochainement, en particulier au niveau du ministère des Transports et des services de sécurité», a affirmé le ministre de la Justice.
 

Une mortalité routière alarmante
 

Nous le disions à l’amorce de ce papier : la mortalité routière a explosé cet été. Nous évoquions le récent carnage sur la route de Naâma, au sud-ouest du pays, qui a fait 10 morts. L’accident s’est produit, rappelle-t-on, à l’aube de ce mercredi 31 août, vers 3h45. Il est survenu au lieudit «Boutouil», sur la RN6 reliant Tiaret et Tindouf, «à 15 km de la commune Djenine Bourezg (daïra de Meghrar) au sud de la wilaya de Naâma, suite au dérapage et au renversement d’un bus de transport des voyageurs», indique la Protection civile citée par l’APS. Il est à noter que l’an dernier, quasiment à la même période, exactement le 12 septembre 2021, toujours dans la wilaya de Naâma, un accident de la circulation avait fait 13 morts et 7 blessés. 
 

D’autres accidents tout aussi meurtriers ont endeuillé des dizaines de familles durant ce noir été 2022. Le 15 août, dans la wilaya de Tindouf, 6 personnes ont trouvé la mort et 15 autres ont été blessées suite à une collision entre un bus assurant la ligne Béchar-Tindouf et un camion semi-remorque, près de la localité de Hassi Khebbi. Il convient de rappeler également l’accident survenu le 7 août dernier, à Aïn El Turk, près d’Oran, où une collision entre deux véhicules a fait 7 morts et 6 blessés. 
 

Un bilan des services de la Gendarmerie nationale diffusé le 16 août sur la page «Tariki», sur Facebook, une page dédiée à l’information routière, faisait état de 167 morts et 595 blessés enregistrés durant la première quinzaine d’août dans 331 accidents de la route. De son côté, la Protection civile a recensé 59 morts et 1898 blessés en seulement une semaine, du 14 au 20 août 2022, selon un communiqué diffusé le 23 août dernier. La DGSN complète le tableau en précisant à travers un communiqué diffusé ce jeudi 1er septembre que 8 personnes sont décédées et 246 ont été blessées en une semaine suite à des accidents de la circulation survenus en zone urbaine, durant la période allant du 23 au 29 août. Selon la DGSN, «le facteur humain reste la principale cause de ces accidents à plus de 96%, notamment en raison du non-respect du code de la route et de la distance de sécurité, l’excès de vitesse et au manque de concentration au volant ainsi que d’autres raisons liées notamment à l’état du véhicule». 
 

Accidentologie
 

Pour revenir à la déclaration de M.Tebbi, aucune précision n’a été apportée à propos des amendements qui seront introduits dans la loi 17-05 du 16 février 2017 «modifiant et complétant la loi 01-14 du 19 août 2001 relative à l’organisation, la sécurité et la police de la circulation routière». En attendant de connaître la nature de ces modifications, l’on se demande dans quelle mesure ce durcissement des sanctions portera réellement ses fruits et fera descendre de façon tangible les statistiques de la mortalité routière. Même si depuis la circulaire du ministère de l’Intérieur du 24 janvier 2022, le retrait de permis n’est plus systématique, les autorités préférant viser le portefeuille des automobilistes en situation d’infraction, toujours est-il que les lois en vigueur demeurent assez dissuasives. Il suffit donc de les appliquer. 

Pour le reste, les services concernés seraient bien avisés de mener des enquêtes autrement plus rigoureuses en associant des spécialistes en accidentologie pour une analyse plus fine des accidents de la circulation et leurs causes. Cela servirait surtout à situer avec exactitude les responsabilités, comprendre et diagnostiquer les facteurs réels des accidents et agir en conséquence. 

A titre d’exemple : les statistiques pointent régulièrement l’implication des bus de transport des voyageurs, et aussi les véhicules de transport routier de marchandises, dans un nombre important d’incidents. Cela devrait inciter les autorités à contrôler davantage les sociétés de transport, notamment privées, et voir si les chauffeurs engagés par ces entreprises jouissent du temps de repos et de récupération nécessaire, s’ils sont professionnels, s’ils sont formés, quel est l’état de la flotte de ces sociétés… On le voit quotidiennement – puisque nous prenons régulièrement le bus – nombre de transporteurs font preuve d’un manque de vigilance et d’une désinvolture coupables. Un comportement que conforte la Délégation nationale à la sécurité routière (DNSR) qui, dans un post sur sa page facebook suite au drame de Naâma, observe : «Les accidents de la route augmentent de jour en jour, particulièrement ceux impliquant les bus de transport de voyageurs». 

La DNSR note que la conduite imprudente de ces chauffeurs compte parmi «les premiers facteurs» de multiplication des accidents «en raison du fait que les transporteurs privés n’engagent qu’un seul chauffeur qui n’est pas épaulé par un second conducteur pour le relever», une précaution qui est pourtant fondamentale, «surtout pour les longs trajets», relève la Délégation nationale à la sécurité routière. Réagissant à cette même publication, un internaute a proposé d’équiper les bus et les poids lourds d’un «mouchard» afin de pouvoir traquer et géolocaliser les chauffeurs susceptibles d’être mis en cause pour conduite dangereuse.

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