Scénariste et réalisateur, il a notamment sorti Mémoires de scènes, sujet brûlant d’époque, sur une troupe de théâtre qui adapte en algérien Molière et son Tartuffe, en plein terrorisme.
Propos recueillis par Chawki Amari
Les deux viviers, guerre d’Algérie et terrorisme, ont donné une foule de films ici. Sur cette période sombre du terrorisme, y a-t-il eu assez de films sur le sujet ou pas assez ?
Il faut beaucoup de viviers, et le mot vivier est noble, tout comme la mémoire qui ne doit pas disparaître. Tant qu’on fait beaucoup de films sur la Révolution ou sur l’histoire en général, c’est bien, ça construit les générations. Regardez les USA et la guerre du Vietnam, le nombre de films tournés. En ce qui concerne la décennie noire que l’Algérie a traversée, contre l’extrémisme, l’ignorance, et le peuple algérien était seul, je le dit d’ailleurs dans mon film, ce n’est qu’après le 11 septembre aux USA que le monde a compris le danger. Donc non, il n’y a pas assez de films sur cette période où on a sauvé la république et la culture.
Vous serez prêts à refaire un film sur le terrorisme ?
Oui, même si je le ferai d’une autre manière, aller plus vers les gens, comment ils réfléchissent, soit comme des gens civilisés soit comme des gens archaïques. L’image est plus forte que la littérature, cette dernière étant abstraite et le cinéma plus concret.
Le cinéma algérien, cinéma d’actualité ou cinéma d’auteur ?
Je ne pense pas que le cinéma algérien existe aujourd’hui, il y a des films, on raconte des histoires et c’est tout. Nous n’avons pas de cinéma national comme avant, Le premier pas de Bouamari (1979), Omar Gatlato, Une femme pour mon fils, Barrière, Les aventures d’un héros ou Le charbonnier qui ont approché le néoréalisme, aujourd’hui, c’est un cinéma qui raconte des histoires mais il n’y a pas d’âme, un cinéma comme l’ont eu les Allemands avec l’Expressionisme, les Italiens avec le Néoréalisme ou la France avec la Nouvelle vague. Par rapport à notre société, notre culture, oui, on fait des images, des films sociaux sur les harragas par exemple, pourquoi pas si on ne le fait pas avec des clichés et sans travailler sur le fond du problème et sans pour autant dénigrer le pays. Un cinéma doit traverser le monde entier et même l’Egypte n’y est pas arrivée en dehors des pays arabes, ses films ne sont pas distribués à l’international à part dans les petits cinémas d’art et d’essai comme La dernière reine ou autres. La technique a évolué mais il n’y a pas d’âme, il faut qu’on arrive à faire des films de qualité aux normes mondiales, des films universels ancrés localement. Aujourd’hui, on se félicite que tel ou tel film soit dans un festival, Venise, Berlin ou Cannes, mais les festivals étant surtout des marchés, a-t-on réussi à les vendre à l’international ? Non.
Votre film Mémoires de scènes, sorti en 2016, va être remonté pour une nouvelle version. Pourquoi ?
A l’époque, je ne l’ai pas monté comme je voulais, pas assez de temps donné par le producteur. Donc, je vais refaire quelques scènes, le son, couper quelques longueurs.
C’est une histoire d’actualité puisque le combat contre l’ignorance est toujours en cours. C’est universel et raconté à partir d’ici donc j’ai décidé de le remonter et m’occuper de la distribution à l’étranger parce qu’en fait, 8 ans après, il n’a toujours pas été distribué.