Le propriétaire du musée de Miliana Abdelkader Mekhati répond à nos questions.
-Je considère que c’est une caverne qui contient un trésor inestimable. Mais comment êtes-vous arrivé à posséder tous ce volume d’objets dans votre musée ?
Je suis un collectionneur depuis 40 ans. En 1996, j’avais ramené une personne pour nettoyer mes objets achetés afin de pouvoir les exposer chez moi. Or, en utilisant le vinaigre, il m’a endommagé mes deux mille articles achetés un peu partout, y compris à l’étranger. Certes, j’étais déçu, alors, depuis ce jour, j’ai décidé de collectionner les outils et les articles qui datent de l’ancien temps, notamment dans l’outillage, les clés, les cloches, les balances, les équipements domestiques, des trophées de sportifs, quelques étuis de douilles transformés par les soldats lors des trêves durant la Première Guerre mondiale que nous appelons l’art des tranchées et quelques équipements domestiques. Je voulais démontrer que la technologie actuelle est le résultat d’un développement à partir de ces anciens objets dont certains datent de plus de 700 ans. Je n’ai plus le chiffre, mais je dois avoir entre 12 000 à 15 000 articles. J’ai un ami spécialiste qui vient depuis Alger, à ma demande, expertiser les articles, expliquer les caractéristiques, la datation et l’histoire de chaque objet. Il me reste un grand travail à faire pour transformer ce lieu en un musée. Je dois reconnaître qu’il est exigu. L’important, c’est que mes produits sont en sécurité pour le moment. Je ne dévoile pas cet endroit à tout le monde. Plus tard, je vais faire quelque chose, pour faire intéresser nos jeunes à ces objets anciens, peut-être que cela va leur donner des idées. Je vais m’entourer d’une équipe pour inventorier, classer et pourquoi pas exposer ces œuvres dans mon musée.
La collection des articles anciens est ma vie, en plus de la restauration des monuments culturels et historiques. Néanmoins, je réitère que mon musée demeure toujours fermé pour le moment. Je ne vais pas m’aventurer à l’ouvrir afin de préserver ces objets que j’avais achetés. Cela m’a coûté beaucoup d’argent.
Êtes -vous l’unique collectionneur de ces objets en Algérie ?
Je ne crois pas. Sincèrement, je ne me suis jamais intéressé à ce sujet. Je me déplace beaucoup dans les wilayas. La première chose qui me vient à l’esprit, c’est de repérer et trouver les brocanteurs et les vendeurs d’objets rares afin de pouvoir découvrir de nouveaux objets et négocier pour les acheter. Je me contente de les préserver et de les protéger chez moi à Miliana. Mais, il y a d’autres collectionneurs dans notre pays qui possèdent des objets rares, excellents, par exemple celui de Blida.
Vous m’avez parlé de la restauration des monuments culturels. Est-ce que vous arrivez à travailler dans la restauration et collectionner vos articles ?
L’un n’empêche pas l’autre. En effet, je restaure les anciennes bâtisses. Les matières premières sont disponibles en Algérie. Nous avons l’acier, la chaux, le tuffeau, la main d’œuvre et le bois. Il suffit d’aimer la restauration et avoir la volonté de bien faire pour réaliser un excellent travail afin de remettre à neuf notre patrimoine.
-Êtes -vous prêt à transmettre votre savoir aux jeunes pour perpétuer vos techniques de restauration ?
Des responsables du ministère de la Culture et des Arts me connaissent, puisque j’avais travaillé avec eux dans certains projets. Pour la formation pratique, je suis prêt à transmettre mon savoir aux jeunes. Vous avez à Tipasa une école nationale supérieure qui est chargée de la restauration des biens culturels, ce sera un plaisir et un honneur pour moi.
Par ailleurs, j’ai une salle de conférence dans mon hôtel qui est utilisée de temps à autres pour abriter des évènements organisés par les enseignants du centre universitaire de Khemis Miliana. Je profite de votre passage pour lancer un appel à ceux qui sont intéressés d’organiser des manifestations scientifiques et culturelles ici.
Propos recueillis par M’hamed Houaoura