A propos du Manifeste et des Amis du Manifeste de la Liberté

27/08/2022 mis à jour: 15:31
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En ce 123e anniversaire de la naissance de Ferhat Abbas, une grande figure du mouvement national algérien, et au moment où l’Algérie a besoin de débat serein, éclairé pour se frayer un chemin dans une conjoncture complexe, et que certains distillent leurs contrevérités, vous ne m’en voudrez pas d’apporter des remarques cursives, agrémentées de quelques références et de compléments ou approfondissements qui nous seront à nous tous, profitables et nous feront méditer sur l’histoire glorieuse de notre pays. 

Même s’il y a eu tentative d’occultation par certains, la rédaction du Manifeste du peuple algérien, reste une œuvre de Ferhat Abbas, en février 1943 et qui lui a valu un emprisonnement en juin de la même année ; lors d’une émission télévisuelle, avant son retour du Maroc, le président Boudiaf répondit du tac au tac, à une question d’un journaliste sur d’autres prétendus auteurs du Manifeste, «Pourquoi Ferhat Abbas ne sait pas écrire ? »

Le Manifeste a été écrit par Ferhat Abbas à la rue Sillegue à Sétif, dans l’appartement de Mme Marcelle Abbas son épouse, il ne fut aidé que par le brillantissime pharmacien de Djidjelli, M. Djemame, président de l’association des étudiants musulmans. La décision de la publication d’une nouvelle charte fut décidée dans le cabinet de Maître Boumendjel, rue Vialar et sa rédaction confiée toujours à Ferhat Abbas. La seule colonne vertébrale du Manifeste est la réussite par Ferhat Abbas à rassembler les élus indigènes et à leur faire signer un document à la grande stupéfaction de l’administration coloniale.
 

M. Debaghine avait un autre programme, porté par son parti, encore absent et qui n’a commencé à être connu qu’avec les AML.
 

Par ailleurs, le Manifeste comme les AML ont fait l’objet d’examen par des personnes probes, honnêtes à travers des thèses en histoire maîtrisant les outils du savoir et de la connaissance scientifique. À l’instar de M. Baghoul Youcef, rédacteur en chef du journal Le Peuple devenu El Moudjahid, Directeur de cabinet auprès du chef de gouvernement 1994-1996 et membre du CNES. Ce chapitre du Manifeste, constitue selon Baghoul «un segment infini, dans l’infinité absolue.» De M. Abdelkader Mimouni qui s’est penché sur «Le manifeste algérien dans la presse française» (édition ennahda) et de M. Souti, dans sa thèse, quasi exhaustive sur l’«évolution du lexique dans l’œuvre politique, littéraire et journalistique de Ferhat ABBAS. 

Approche lexico métrique» publiée en 2016, et qui affirmait que le Manifeste est un des textes les plus célèbres de Ferhat Abbas. Ne l’appelle-t-on pas «l’Homme du Manifeste» ?» Ajoutant «faisant même de son nom le drapeau d’un certain nationalisme algérien.»
 

Déjà, Mostafa Lacheraf, l’a souligné à son époque, «le Manifeste a marqué un tournant décisif dans la prise de conscience algérienne».
 

L’historien, Ageron dans «histoire de l’Algérie contemporaine» (chez PUF), confirme bien que le Manifeste est rédigé par Ferhat Abbas.
 

Si le contenu du Manifeste, qui est loin des thèses radicales défendu par le parti auquel appartenait le Dr Lamine Debaghine, s’articule sur la condamnation du colonialisme et la volonté des musulmans de participer au gouvernement de leur pays, d’aucun disait que «c’est le bilan de la colonisation».

 Et ne peut naître que chez ceux qui ont souhaité l’assimilation ! Cette dernière est une des premières étapes du combat de Ferhat Abbas. Elle constitue «la politique du possible» dans la voie de «l’accès à la modernité» et de celle tracée par les «jeunes Algériens» et l’Emir Khaled. Jusqu’aux désillusions du Congrès musulman, sapées par le refus de la grosse colonisation d’accorder l’égalité des droits pour les musulmans, suivie peu de temps après par la défaite de la France. 

Grande idée, progressiste et hardie, l’assimilation fut vite remplacée par le «modèle kémaliste», c’est-à-dire l’émancipation du peuple, le triomphe de la société musulmane sur son passé sans le renier et de la domination coloniale. Pour cela une seule boussole : la déclaration du président Roosevelt et la Charte de l’Atlantique qui exige l’abolition du colonialisme, etc. Un additif, toujours rédigé par Ferhat Abbas, qui s’appuie sur le côté socio-économique fut ajouté au Manifeste, ce dernier comporte les revendications politiques. Le général De Gaulle parle dans ses mémoires du «Manifeste de Ferhat Abbas» . Il évoquera sa témérité de tenir tête à la «France libre», à ses ordonnances et à son défi à l’autorité.
 

Charles André Julien estimait, aussi dans un premier temps, que le Manifeste que préparait Ferhat Abbas fut l’objet de discussion dans les bureaux du Gouvernement général. Avec Murphy, le représentant du président Roosevelt et Augustin Berque représentant le gouvernement français en exil. Rien que cela. Vite démenti du vivant même de tout ce beau monde. Aussi, personne du vivant de Ferhat Abbas, pas même le Dr Lamine Debaghine, n’ont émis de telles élucubrations.
 

Afin de porter atteinte à la mémoire de Ferhat Abbas et bien plus à celle de Lamine Debaghine, qui n’a rien demandé, certains «perdant radicaux» tentent vainement de ranimer de vieilles rancœur et d’opposer les grands hommes, même outre-tombe, pour une dernière tentative «de réappropriation d’œuvres et de combats qui ne leur appartiennent pas» ! Vaines impostures intellectuelles. 
 

L’histoire glorieuse de notre pays retiendra que le Manifeste fut adopté dès février par les représentants authentiques du peuple algérien mais également soumis à l’approbation de ceux qui assument une responsabilité au nom du peuple algérien.
 

Portons alors, un regard fier, qu’au lendemain du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, Ferhat Abbas qui a rédigé le Manifeste et son Additif et l’avait fait signé par les élus musulmans le 10 février 1943, l’adresse aux alliés le 31 mars 1943.
 

Le 14 mars 1944, Ferhat Abbas fonde l’Association des Amis du Manifeste et de la Liberté, les AML, qui regroupe des militants des deux principaux mouvements politiques algériens (élus et PPA) et des Oulémas, à l’exception des communistes.
 

Par Nassim Abbas ,

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