Dans votre quotidien du 19 mars 2024, en page 7, un professeur en retraite, détenteur d’un Ph D, C. Q. (?), Monsieur M. Benhaddadi, a publié un article qu’il a intitulé «19 mars 1962/19 mars 2025 Pépérité des négociations France/FLN» (?), dans lequel il écrit : «Il faut savoir que cette période coïncidait avec les manœuvres de de Gaulle et sa ‘‘paix des Braves’’ qui a débouché sur l’insolite affaire Si Salah, une piste qu’il a fini par abandonner», ce sur quoi je souhaite apporter quelques précisions en guise de rectificatif et mise au point.
- De Gaulle avait proposé la paix des braves au mois d’octobre 1958, ce que l’auteur ne signale pas, manquant ainsi d’objectivité dans la démarche annonciatrice de subjectivisme malhabile, tendancieux et ...malencontreux ; ce qui ne permet pas de se mettre en retraite de la vérité historique ;
- Si Salah et ses compagnons, Si Mohamed et Si Lakhdar, rencontrent, en effet, le président de la République française, à l’Elysée, le 10 juin 1960, dans le cadre du discours sur l’autodétermination, prononcé en septembre 1959, ce que l’auteur ne signale pas, non plus, et qu’il occulte même, l’assimilant maladroitement à «autonomie des régions» ; (position alambiquée de l’auteur).
Une année sépare ces deux dates (58-59), ce qui n’autorise nullement à assimiler la démarche de la Wilaya 4 effectuée en 1960 à la «paix des braves» (ou affaire Si Salah, comme la désignent les universitaires et militaires français pour des raisons propres, ainsi que certains universitaires algériens par mimétisme et bêtise).
Cette démarche n’est nullement une résultante de la proposition de cessez-le-feu, de dépôt des armes...
- Par ailleurs, de Gaulle n’a pas «fini par abandonner une piste», dès lors que les responsables de la W4 savaient pertinemment qu’ils ne donneraient pas suite à leur démarche ; car il s’agissait pour eux de faire bouger les responsables FLN domicilié(s) à l’extérieur, qui tergiversaient attendant patiemment le cessez-le-feu.
Bentobbal n’a-t-il pas déclaré, comme pour justifier et corroborer cela, lors d’une conférence à Riadh El Feth, en 1984 : «En 1962, nous avions un effort de guerre pour tenir 10 ans encore.»
Et pour cause, c’est cette démarche de la W4 (10 juin 60) qui a fait avancer l’avènement de l’Indépendance (mars 62) puisque, après un nouvel appel de de Gaulle, le 14 juin 60, pour une fin des combats, le GPRA répond favorablement, le 20 juin, pour l’envoi d’une délégation présidée par Ferhat Abbas, chargée des négociations.
Il est étonnant que l’auteur de «Pépérité des négociations» fasse l’abstraction et occulte les conditions de lutte de l’ALN, la domiciliation du FLN à l’extérieur, la constitution de l’armée des frontières, la séparation Intérieur/Extérieur, l’abandon des maquis... etc., et bien d’autres éléments objectifs de la rupture ALN/FLN... pour traiter allégrement du 19 mars 1962 et 19 mars 2025, et, de manière aussi cavalière pour qualifier la démarche de la W4 d’insolite, alors que Si Salah dénonçait dans un courrier au GPRA «la dictature des ambitions, les dangers du monde hypocrite, avide, intéressé... (et) soyons réalistes, évitons les rêves et les chimères et abordons résolument la situation telle qu’elle se présente, pour l’étudier dans son vif, et lui trouver une solution adéquate et sauvegarder les intérêts du peuple... qui nous évitera les catastrophes, les pertes humaines et matérielles inutiles, et le déshonneur».
Rabah Zamoum, fils de Si Salah