A la recherche des zones d’influence

23/02/2022 mis à jour: 11:02
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Le 13 novembre 2013, l’Ukraine refuse de signer l’accord d’association avec l’Union européenne (UE). De son côté, la Russie propose à Kiev une assistance financière de 15 milliards de dollars et la réduction du prix du gaz pour l’intégrer dans sa sphère d’influence. 

Des manifestations éclatent à Kiev. Le 22 février 2014, le président Victor Ianoukovitch fuit le pays vers la Russie et dénonce un «coup d’Etat». 

Le jour d’après, le Parlement ukrainien abroge la loi sur les langues. Le 16 mars, la Crimée organise un référendum dont le résultat consacre son rattachement à la Russie. Une péninsule dont l’enjeu est la base de Sébastopol qui donne sur la mer Noire. Kiev a déjà proposé à Moscou un plan d’évacuation des forces militaires russes de Crimée après l’expiration du bail en 2017. 

En 2010 les deux pays signent un accord qui prolonge la présence des forces russes à Sébastopol jusqu’en 2042. L’UE et les Etats-Unis d’une part, et de l’autre la Russie se disputent l’Ukraine et chaque partie accuse l’autre d’entretenir cette crise. 
 

Or, la réorientation de la politique étrangère de l’ex-république soviétique vers l’Ouest est vue par son voisin comme une menace : l’élargissement de l’UE et de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) jusqu’à ses frontières signifie son encerclement, d’autant que ses anciens satellites comme les pays Baltes, la Pologne, Tchéquie, Slovaquie ont intégré l’UE et l’Otan. Situation qui a convaincu le président russe, Vladimir Poutine, que l’Occident poursuit sa stratégie d’«endiguement» de son pays. 
 

«Révolution»
L’évolution de la situation ukrainienne s’inscrit dans le prolongement des «révolutions» libérales «de couleur» ayant marqué les ex-républiques soviétiques: la Géorgie en 2003, l’Ukraine et le Kirghizstan respectivement en 2004 et 2005. «Révolutions» en partie par l’Occident. Les Républiques autonomes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud ont refusé, en 1991, d’intégrer la Géorgie et mené une lutte armée pour l’indépendance.

 Le conflit de 2008 marqué par la volonté de Tbilissi de vouloir reconquérir l’Ossétie du Sud a provoqué l’intervention des forces russes et l’indépendance de cette région protégée par Moscou. Dans les années 1990, la Russie est restée inerte face à la sécession du Kosovo de la Serbie et le démembrement de l’ex-Yougoslavie, ouvrant la voie à l’extension de l’Otan vers l’Est et l’émergence d’Etats pro-occidentaux : la Macédoine, Bosnie, Croatie, Monténégro, Kosovo. Entre 1999 et 2007, les puissances de l’Otan ont appuyé et reconnu le pouvoir sécessionniste albanophone du Kosovo. 

Les Occidentaux considèrent comme «conforme au droit international» la sécession du Kosovo vis-à-vis de la Serbie ainsi que les élections libres qui y ont été organisées pour avaliser cette sécession. Mais à leurs yeux, l’indépendance de la Crimée consacrée aussi par des élections selon Moscou est «totalement contraire au droit international» au prétexte qu’elles se sont déroulées «sous occupation» de l’armée russe. 

Pour le Kremlin, si les forces militaires russes ont «libéré» la Crimée de l’Ukraine sans tirer un coup de feu au départ, les puissances de l’Otan ont «libéré» le Kosovo par des bombardements aériens massifs ayant occasionné la mort de milliers de civils et la destruction des infrastructures stratégiques de Serbie. Comme l’Occident demeure indifférent à l’occupation illégale par la Turquie, membre de l’Otan, depuis 1974 une partie de l’île de Chypre, pourtant membre de l’UE. 
 

L’Ukraine, un pays marqué par des guerres avec ses voisins qui de tout temps l’ont empêché de construire son propre Etat et partagé son territoire. Comme tel il n’a existé qu’entre 1918 et 1920. Le pays est sous domination du royaume de Pologne qui finit par le partager malgré lui avec la Russie, ensuite la Russie le partage avec le royaume austro-hongrois. 

Ce n’est que le 24 août 1991 que l’Ukraine a proclamé son indépendance. Une indépendance qui aboutit aujourd’hui à sa dislocation : la partie ouest du pays a basculé dans le camp occidental. L’Est, avec les référendums de Donetsk et Lougansk a intégré le giron russe. 

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