Elle a rendu heureux les quelques centaines d’Algériens bruyants présents au stade Rolland Garros et les quelques autres millions qui ont suivi son exploit face à leur petit écran.
Pour Imane qui a esquissé quelques petits sauts rapides sur place avant de descendre du ring, la joie et le soulagement se mêlaient à la décompression intervenue après les outrages à sa personne et les honteuses péripéties qui ont découlé de cette cabale qui restera longtemps gravée dans l’histoire de ces Jeux olympiques. Car pour Imane, cette qualification acquise brillamment et à la régulière est l’aboutissement de nombreux sacrifices, de multiples efforts sans cesse renouvelés et d’une détermination à toute épreuve.
Atteindre la finale a été un rêve qu’elle avait déjà raté à Tokyo. Elle s’est forgée entretemps un talent et une résilience qu’elle a soutenue par une très bonne préparation précédant les Jeux olympiques sous les conseils éclairés de ses préparateurs du Nice Boxing, son club, et également de son staff. Au terme d’un premier combat tronqué par l’abandon précoce et inattendu de l’Italienne Carini (match arrêté après 46 secondes), l’Algérienne n’avait pas eu le temps de montrer toute l’étendue de son potentiel physique et technique. Cela a été loin d’être le cas lors de son combat pour les demi-finales de mardi soir face à sa rivale thaïlandaise Jan jaem sunnawafeng. Imane savait pour bien la connaître avoir une bonne boxeuse sur son chemin vers la finale, une bonne pugiliste, elle qui s’était étonnée de sa victoire sur la Turque Surmeli Besoz en quarts de finale alors qu’elle pressentait qu’elle était sa rivale la plus sérieuse. Face à la Thaïlandaise, l’Algérienne était bien armée. Une préparation sans faille, une attitude technique et offensive rare et un repli défensif rapide, avant d’attaquer de nouveau avec autant de célérité.
Le style d’Imane a épousé celui des boxeurs professionnels dont elle s’inspire et qu’elle tente d’imiter. Preuve d’une prise en charge efficace de son staff technique pendant ces dernières années d’où Imane s’est beaucoup inspirée et améliorée. Les coups que Imane portait ne faisait peut- être pas mal à son adversaire mais ils étaient si nombreux et convenablement placés qu’elle remporta les trois rounds et s’assura une victoire à l’unanimité des cinq juges. La qualification de l’Algérienne où l’attend son adversaire la plus redoutable, la Chinoise Yang Liu (même morphologie, même rapidité et technique approchante) revêt pour les Algériens un caractère particulier.
Malgré les attaques, Imane ne s’est pas laissé abattre et a survolé ces propos outranciers en ne se fixant qu’un seul objectif dans la tête qui témoigne de sa force mentale à toute épreuve. Après sa qualification face à la Hongroise Humori en quarts de finale, elle avait déclaré : «Cette épreuve, ces calomnies qui auraient abattu par leur ampleur les plus courageuses, m’ont au contraire renforcée dans mon objectif.» Notre compatriote est blindée aux paroles malveillantes. Un seul but l’anime : monter à la conquête de la médaille d’or olympique et rendre les gens heureux et fiers, particulièrement ceux qui l’ont soutenue.
Ce sera là l’aboutissement de ses nombreux sacrifices, ses efforts acharnés et sa détermination à concrétiser son rêve, celui, aujourd’hui, de tous les Algériens.
Paris, de notre envoyé spécial Omar Kharoum