La Palestine sera présente à la 97e édition des Oscars en 2025 avec le long métrage From Ground Zero.
C’est via un communiqué de presse que le ministère palestinien de la Culture a annoncé, jeudi, la nomination du long métrage From Ground Zero dans la catégorie «Meilleur long métrage international». Il est à noter que le projet From Ground Zero a été initié par Rashid Masharawi, réalisateur palestinien originaire de Ghaza, pendant la guerre contre la population de Ghaza.
Le projet en question est la résultante d’un film collectif fait par 22 artistes de Ghaza. A la fin de l’année 2023, Rashid Masharawi réussit à fournir 20 caméras à des cinéastes vivant dans la bande de Ghaza. Une population qui ne cesse de subir depuis le 7 octobre dernier des scènes de destruction et de souffrance atroces.
C’est parce que la parole de ce peuple est confisquée que ces jeunes artistes ont voulu immortaliser à travers leurs caméras la vie quotidienne, les peurs, les rêves ou encore les espoirs des Ghazaouis. Ils ont tenté avec brio de raconter l’enfer de la guerre qu’ils vivent depuis des mois.
C’est ainsi qu’est née l'idée de composer un film d’une durée de 100 minutes comprenant 22 histoires assez courtes, d’une durée de trois à six minutes chacune, entre documentaire, fiction et animation. Cette approche cinématographique permet, d’une part, de diversifier les points de vue et, d’autre part, d’assurer la faisabilité des tournages.
Le long métrage From Ground Zero a été présenté en avant-première mondiale lors de la 5e édition du Festival international du film d’Amman, qui s’est déroulé du 3 au 11 juillet 2024. Il est à noter que lors de sa présence au Festival de Cannes à la semaine internationale de la critique, le réalisateur Rashid Masharawi avait déclaré à la presse internationale que la motivation de Ground Zero est née suite au choc des images insoutenables.
«Je me suis dit, il faut raconter, témoigner et sauvegarder la mémoire de cette guerre ravageuse à Ghaza. Mais comment faire sinon en offrant l’opportunité à de jeunes artistes et réalisateurs ghazaouis de témoigner en réalisant plusieurs films.
J’ai, donc, fait appel à des encadreurs et à des conseillers du monde arabe dans le champ du cinéma. Divers conseillers du monde arabe, dont Abdessamad El Haj, Dorra Bouchoucha, et des réalisateurs, dont le Libanais Michel Kamoun, le Palestinien Rasmi Damo, la Jordanienne Nadia Alioune, et un groupe de cinéastes à Ghaza, dont Rabab Khamis et mon frère Khamis Masharawi. Nous avons travaillé dans le cadre d’un workshop afin d’assurer des films de qualité qui puissent être distribués dans le monde entier», explique-t-il.
Quand à savoir pourquoi le choix du titre, Ground Zero, il précise qu’il s’agit de la traduction du terme «el massafa el Sifr», ce qui signifie que «tous ces réalisateurs qui sont sur place apportent leur témoignage et racontent leur quotidien tragique à une distance zéro de ces milliers de bombes qui ont détruit leur ville et des milliers de vies avec leur cortège de malheur et de souffrance.
Et comme ils ont senti tout ça dans leur chair en ayant perdu leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs amis, leurs maisons, leurs lieux d’études et de travail et tant d’autres choses, ils étaient donc, à mes yeux, les mieux indiqués pour réaliser ces films et raconter l’enfer de la guerre qu’ils vivent depuis huit mois».
Rashid Masharawi a grandi à Shati dans un camp de réfugiés de la bande de Ghaza, dans une famille originaire de Jaffa. Il vit et travaille à Ramallah où il a ouvert le Centre de production et de distribution cinématographique en 1996 : façon singulière de promouvoir le cinéma local.
Il sponsorise également un cinéma mobile qui lui permet de faire des projections dans les camps de réfugiés. Il organise régulièrement des lectures et forums de discussions au Centre culturel Al Matal. Ses films et documentaires ont fait l’objet de plusieurs récompenses à l’international.