Pour mettre à disposition des éleveurs et notamment pour la transhumance en période dite « azabas» (période hivernal) par opposition aux «achabas» au niveau de la steppe, le HCDS (Haut Commissariat du développement de la steppe) a mis en «location dans la seule wilaya de Tiaret pas moins de 72 700 hectares de parcours pour permettre aux éleveurs de faire paître leurs troupeaux» indique un communiqué. Cinq des 8 communes steppiques du sud de la wilaya sont concernées par cette opération de location de leurs mises en défens. Ain Dheb à hauteur de 32 780 hectares, 20 000 hectares à Naima, 8670 à Rosfa, 5800 à Madna et dans trois sites à Sidi Abderrahmane. Dans son communiqué, le HCDS ajoute que «l’opération n’en est qu’à son début et vise à atténuer les souffrances des pastoraux pour nourrir leurs bêtes du fait d’un stress hydrique prononcé et de la cherté des aliments de bétail». Les assemblées communales qui disposent d’immenses réserves steppiques sur le territoire de la wilaya de Tiaret engrangent beaucoup de dividendes dans ces opérations, vu que la location d’un hectare revient à 1000 DA. Ce que cet organisme ne dit pas et que d’autres associations écologiques brandissent c’est «la dégradation de ces parcours et l’atteinte à la biodiversité» nonobstant «l’extinction de certaines espèces tant végétales qu’animalières» du fait alerte l’association dite commission nationale de protection de l’environnement et le climat que préside le Hamou Kadda de Aïn Kermès. Dans une lettre adressée aux responsables, cet infatigable militant écologique parle de «la chasse illicite de certaines espèces répandues dans la région, tels le lièvre, l’outarde et même celles protégées» en plus d’autres actions entreprises en parallèle, la surveillance contre le braconnage et la chasse illicite en période de gestation. «Ce n’est pas tant la location des mises en défens qui est indexée mais plutôt la surexploitation et surtout les empiétements et autres dépassements qui ont valu par le passé de terribles levées de boucliers», explique un autre militant écologique. Il est de notoriété publique que l’exploitation non contrôlée de ces zones dites arides concoure grandement non seulement à l’avancée du désert mais assène des coups fatals à la biodiversité. L’association citée en référence évoque dans sa correspondance «la présence de nomades avec armes et bagages, motos, autos et tentes», car «le temps imparti s’avère être un massacre». Ces locataires ne font pas que paître leurs troupeaux mais s’adonnent à la chasse, jour et nuit, ne laissant derrière eux que ruine. Concilier nécessité de préserver ces vastes contrées et mettre à disposition des transhumants des mises en défens s’avère être un équilibre difficile dans cette notion de mutation socio-spatiale en milieu steppique, mais possible si chacun s’en tient à ses limites. Tiaret avec son un million d’hectares de terres steppiques et cette vision d’agriculture de précision requièrent en plus de cette politique volontariste le respect du droit…