Considéré comme la clé de réussite dans la vie professionnelle, la formation suscite l’intérêt de beaucoup d’artisans de la wilaya de Boumerdès. Si elle est l’atout de certains d’entre eux, elle constitue aussi un sérieux handicap quand elle fait défaut chez d’autres.
Pour remédier à ce problème, pas moins de 600 artisans de la wilaya suivent depuis quelques jours des formations dans leurs domaines d’activité. Ce programme a été préparé par la Fédération des métiers, de l’industrie artisanale et du tourisme en collaboration avec la direction de la formation professionnelle. «Cette initiative suscite un grand engouement auprès des artisans de la région. Nous avons lancé ce programme car nous avons remarqué que la formation fait défaut chez beaucoup d’artisans», dira Mohamed Charef, président de la Fédération. La formation s’étale sur une durée de trois mois avec des cours une fois par semaine afin de ne pas pénaliser les concernés et ne pas les empêcher de continuer leur travail.
Tous les métiers sont touchés. De la peinture à la sculpture sur bois en passant par la maçonnerie, la coiffure, la couture, la menuiserie, la fabrication de fromage, la plomberie, l’apiculture, etc. «Nous avons ouvert des sections même dans l’élevage bovin et l’arboriculture. Les gens exerçant ces activités ont suivi des cours au CFPA de Kharrouba tandis que ceux ayant opté pour la fabrication du fromage ont été orientés vers le CFPA de Dellys. Car cette région s’est distinguée dans l’élevage bovin et la production du lait. A Thénia, en revanche, nous avons lancé une formation dans la confection de chaussures. Cela afin de permettre aux artisans des hauteurs de Béni Amrane de suivre la formation, eux qui sont réputés pour être les meilleurs dans le domaine», indique M. Charef.
Au total, 12 spécialités ont été concernées par ce programme qui sera sanctionné par la remise de diplômes aux stagiaires. Beaucoup d’entre eux souhaitent que ces formations soient accompagnées par d’autres initiatives en mesure d’alléger leurs difficultés. «C’est bien de nous former, mais l’Etat doit aussi nous aider à vendre nos produits à travers la multiplication des foires d’artisanat ou la création de sites appropriés au niveau des grandes villes», dira Nacer, un céramiste de Béni Amrane. Hamid (43 ans), peintre, lui évoque le problème de locaux. «Pourquoi, les bénéficiaires des dispositifs de microcrédits ont le droit de bénéficier de locaux au niveau des cités OPGI et de l’AADL et pas nous ? Plus de 50% des artisans de la wilaya n’ont pas de locaux où exercer leurs activités», déplore-t-il.
D’autres artisans, comme les peintres et des charpentiers, dénoncent leur exclusion des marchés publics, soulignant que l’artisan est banni des cahiers des charges des institutions publiques. «Même les petites opérations comme l’entretien des écoles primaires ou l’installation de chaudières sont octroyées aux grandes entreprises», s’indigne un technicien en froid. Ces doléances et tant d’autres ont fini par contraindre beaucoup d’artisans à changer de métier. La fédération et la Chambre d’artisanat n’y peuvent rien. Apparemment. La première s’occupe à présent de la formation. Outre le programme suscité, elle compte former incessamment 69 maîtres-artisans pour pallier le manque de formateurs constaté dans certains métiers. Répartis en 3 groupes, les candidats auront droit à des cours appropriés au niveau des CFPA de Naciria, Thénia et Boudouaou.