45e session du Conseil exécutif de l’Union africaine : Intense activité diplomatique de Attaf à Accra

21/07/2024 mis à jour: 11:00
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Photo : D. R.

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a multiplié les rencontres avec ses homologues africains dans la capitale ghanéenne, Accra.

Représentant le président Abdelmadjid Tebboune, le Premier ministre, Nadir Larbaoui, est arrivé hier à Accra, au Ghana, pour participer à la 6e réunion semestrielle entre l’Union africaine (UA), les huit Communautés économiques régionales (CER) et les mécanismes régionaux (MR), ont annoncé les services du gouvernement.

«Cette réunion de haut niveau sera consacrée au renforcement de la coordination et de la coopération entre l’Union africaine, les Communautés économiques régionales et les mécanismes régionaux dans différents domaines en vue d’appuyer les efforts de maintien de la paix et de la sécurité et d’accélérer la cadence du développement et de l’intégration économiques au niveau continental», a précisé le même communiqué.

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, était déjà sur place, où il a multiplié les rencontres bilatérales avec nombre de ses homologues africains, en marge de sa participation aux travaux de la 45e session du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA). Ainsi, le MAE a échangé avec son homologue sud-africain, le tout nouveau ministre Ronald Lamola, à la fois sur les principaux points inscrits à l’ordre du jour du Conseil exécutif de l’UA mais aussi sur les grandes questions régionales et internationales d’intérêt commun.

M. Attaf a également eu des discussions avec son homologue nigérian, Yusuf Maitama Tuggar, sur les développements de la situation dans la région sahélo-saharienne ainsi que sur des dossiers bilatéraux qui concernent le renforcement des relations entre les deux pays. Il a aussi rencontré son homologue éthiopien, Taye Atske Selassie, avec lequel il a examiné les moyens de renforcer la coopération bilatérale.

M. Attaf a également échangé avec son homologue sierra-léonais, Timothy Musa Kabba, notamment sur l’impératif de renforcer la coordination bilatérale au niveau du Conseil de sécurité dans le cadre du Groupe africain A3. M. Attaf a aussi rencontré ses homologues du Ghana, du Rwanda, du Zimbabwe, de la République du Congo, de la République démocratique du Congo.

Le MAE a également échangé avec son homologue mauritanien, avec lequel il a abordé les derniers développements dans la région sahélo-saharienne. Il a eu des entretiens bilatéraux avec son homologue tanzanien, lesquels ont permis de passer en revue les relations bilatérales privilégiées entre les deux pays et d’échanger les points de vue sur différentes questions régionales et internationales d’intérêt commun.

M. Attaf s’est également entretenu, avec son homologue égyptien sur des questions liées aux prochaines échéances au niveau de l’Union africaine, mais aussi les moyens de promouvoir les relations privilégiées entre les deux pays à travers l’activation de tous les mécanismes, à même d’intensifier la consultation politique et d’approfondir le partenariat dans les domaines économiques.

Financement de l’UA

Par ailleurs, s’exprimant devant le Comité des représentants permanents (Corep), Ahmed Attaf a souligné «la nécessité d’intensifier les efforts collectifs pour assurer un autofinancement durable de notre organisation continentale, avec des moyens africains pour assurer l’indépendance de ses positions et la souveraineté de ses décisions».

Pour ce faire, le ministre des Affaires étrangères dit avoir accueilli favorablement l’établissement d’un plafond des contributions des Etats membres fixé à 200 millions de dollars, comme première étape pour la réalisation de cet objectif important.

M. Attaf a relevé, dans ce contexte, l’impérieuse nécessité «du strict respect des règles et procédures qui régissent les opérations administratives et financières de notre organisation, afin de prévenir les violations et abus révélés par les différents rapports émis par les sous-commissions du Comité des représentants permanents».

Sur un autre aspect, le chef de la diplomatie algérienne a dénoncé le blocage du projet de mise en place d’un cadre politique et stratégique définissant les relations de partenariat entre l’UA et le reste du monde.

«Nous ne pouvons qu’exprimer une fois de plus notre regret face à l’état de blocage auquel est confronté le projet de cadre politique et stratégique, qui est le projet qui régirait les partenariats que l’Union africaine a établis avec divers acteurs internationaux, qu’ils soient avec des pays de manière individuelle ou avec des groupements régionaux», a-t-il affirmé.

Le pire, selon le ministre, est que «la raison de ce blocage est la volonté de certains de perpétuer une politique d’exclusion, ou plutôt d’exclure un membre fondateur de notre organisation, et d’empêcher sa participation à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, Ticad».

La Ticad, faut-il le préciser, est une initiative lancée en 1993 par le Japon pour promouvoir un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires dans le domaine du développement. M. Attaf a insisté sur le fait qu’il ne doit pas y avoir de place «pour une telle logique dans une organisation qui a été construite pour rassembler et non pour exclure, et qui a été créée pour unir et non pour diviser, et dont les fondations ont été établies afin de réunir nos pays et nos peuples, non pas pour les disperser et les déchirer».

Le ministre des Affaires étrangères a appelé à s’inspirer du parcours du défunt Kwame Nkrumah, premier leader africain à conduire son pays, le Ghana, à l’indépendance et également artisan du panafricanisme et l’un des rédacteurs de la Charte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’UA.

Égalité souveraine

«Nous ne devons pas tourner le dos aux idéaux et aux valeurs portés et défendus par ce dernier ainsi que par les pères fondateurs de notre organisation continentale afin d’éclairer notre chemin vers l’intégration et l’unité», a poursuivi M. Attaf, qui réitéré l’impératif d’organiser et d’encadrer les partenariats que l’Union africaine a établis avec le reste du monde.

Pour lui, il y va de la crédibilité et du prestige de l’organisation continentale, d’autant plus que «le réseau de partenariats n’a cessé de s’étendre ces derniers temps sans que nous ayons, en tant qu'Etats membres, notre mot à dire». Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé dans ce sillage les principes devant régir les partenariats.

«Un véritable partenariat nécessite de recourir aux principes d’égalité souveraine, de respect mutuel, de bénéfice partagé et de contribution commune pour définir les caractéristiques de ce partenariat et formuler ses buts et objectifs», a-t-il relevé, avant de se demander : «Où en sommes-nous par rapport à tous ces principes alors que 55 pays sont convoqués pour se rencontrer avec un seul pays ?

Où en sommes-nous par rapport à tous ces principes lorsque le pays hôte détermine unilatéralement les résultats de la réunion sans solliciter l’avis de ses invités africains ?

Où en sommes-nous par rapport à tous ces principes lorsque nous sommes traités comme des donataires qui n’ont d’autre choix que d’accepter ce que décident les donateurs ?» M. Attaf a ainsi affirmé que l’UA a cruellement besoin aujourd’hui de «définir une vision stratégique globale pour ces partenariats».

«Une vision qui préserve notre dignité, une vision qui préserve notre souveraineté et une vision qui élève nos intérêts et nos priorités», a-t-il précisé, réitérant dans ce contexte le soutien de l’Algérie au projet de février 2023 relatif au cadre politique et stratégique des partenariats. Le MAE a souligné l’urgence de consacrer l’Union africaine comme partie principale dans tous les partenariats existants ou futurs.

Dans son discours devant la commission de paix et de sécurité, M. Attaf a insisté sur l’urgence d’activer le mécanisme relatif à la force africaine en attente en apportant les correctifs nécessaires au projet de résolution. Il a souligné dans ce contexte que la Capacité régionale d’Afrique du Nord (Narc), qui est l’une des forces régionales sur laquelle s’appuie l’UA, est prête à l’emploi. 

 

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