Depuis sa création, le G77+Chine s’efforce d’adopter les principes d’unité, d’intégration et de solidarité, visant à défendre les intérêts des pays en développement et à promouvoir la coopération économique au sein de l’ONU.
Les travaux du 3e Sommet du G77+Chine ont été amorcés, hier, à Kampala, la capitale ougandaise, symbolisant l’engagement des Etats membres envers la création d’un monde qu’ils aspirent à rendre «plus équitable». Organisée sous le thème «Ne laisser personne de côté», cette rencontre de deux jours vise à insuffler une nouvelle énergie dans le partenariat entre les nations du Sud, dans un contexte mondial marqué par une compétition croissante.
Le président Tebboune, par le biais d’un discours lu en son nom par le Premier ministre Nadir Larbaoui, a inauguré le sommet en réaffirmant le soutien total et inconditionnel de l’Algérie au peuple palestinien dans sa quête d’un Etat indépendant, avec Al Qods comme capitale. Il a souligné que les violations flagrantes du droit international humanitaire dans les territoires palestiniens occupés resteront, selon les termes utilisés, «une marque d’infamie dans la conscience de l’humanité».
Insistant sur le lien étroit entre le droit au développement et le droit des peuples à l’autodétermination, conformément aux principes du droit international, le président Tebboune a réitéré le soutien de l’Algérie aux efforts du secrétaire général des Nations unies pour un règlement juste de la question du Sahara occidental. Il a mis en lumière l’importance d’un référendum libre et équitable pour le peuple sahraoui.
Parallèlement, le sommet vise à renforcer les relations et les échanges entre les pays du Sud, notamment dans les domaines du commerce, de l’investissement, du développement durable, du changement climatique, de l’éradication de la pauvreté et du développement de l’économie numérique. Dans ce contexte, le président Tebboune a souligné l’importance de lancer des initiatives ciblées pour faire progresser le plan de développement durable pour l’année 2030, mettant en avant la coopération Sud-Sud comme un élément indispensable pour réaliser les aspirations communes des pays en développement.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a également appelé dans cette allocution au renforcement de la coordination et de l’action commune au sein du groupe pour préserver son unité de négociation au sein des organisations internationales. Il déclare que «ces démarches qui doivent être concrétisées viennent en réponse à un contexte international mouvant et ambigu, caractérisé par des divisions, une polarisation accrue, et des défis résultant d’une succession de chocs ayant impacté les pays du Sud, provoquant une exacerbation des crises et une aggravation du fossé entre ces pays et ceux du Nord».
La nécessaire réforme de l’ONU
Le chef de l’Etat a appelé, dans ce contexte, à une réforme globale du système économique et financier mondial pour le rendre plus équitable et plus équilibré, et corriger les dysfonctionnements résultant de la domination des pays riches sur les mécanismes de prise de décision politique, économique et financière, ce qui a affaibli les capacités des pays du Sud, qui continuent de souffrir de marginalisation, de dépendance et d’incapacité, à réduire l’écart de développement.
«L’Algérie a toujours plaidé en faveur de cette réforme depuis les années 1970, dans le cadre d’une vision clairvoyante et ambitieuse visant à asseoir les règles d’un nouveau système économique international qui consacre efficacement le principe de l’indépendance économique des pays en développement en tant que complément essentiel à leur indépendance politique, et en tant que cadre équilibré non seulement en termes d’avantages, mais aussi en termes de responsabilités partagées», a poursuivi le président de la République.
M. Tebboune a souligné, en outre, «la nécessité de la réforme du système des Nations unies afin de le rendre plus représentatif et plus à même de répondre aux aspirations et aux priorités des pays du Sud, outre de conférer davantage d’efficacité à son travail pour renforcer le multilatéralisme et relever les défis de développement».
Evoquant les difficultés entravant le financement du développement dans les pays du Sud, en raison de la faiblesse des flux financiers, l’exacerbation des dettes extérieures et les conditions arbitraires imposées et qui compromettent les efforts visant à réaliser des réformes structurelles de leurs systèmes nationaux et à accélérer leur rythme de développement socioéconomique, le président de la République a appelé à «engager une réflexion sur la mise en place de mécanismes efficaces pour alléger le poids des dettes, voire leur annulation ou leur restructuration et la suspension des services de la dette, notamment au profit des pays les moins développés».
Il a insisté, en outre, sur l’importance de la coopération Sud-Sud pour «le renforcement du flux commercial et des investissements, et le développement des mécanismes d’intégration économique, au moment où la contribution des pays en voie de développement au commerce mondial et aux investissements internationaux reste faible, par rapport à leurs capacités». Abdelmadjid Tebboune a souligné l’aspiration de l’Algérie à lancer une initiative pour la création d’un centre d’excellence dédié à la valorisation des expériences réussies des start-up innovantes.
Selon lui, cette initiative vise à faciliter la communication et l’échange d’expériences entre les pays membres du G77+Chine, avec la science, la technologie et l’innovation comme catalyseurs pour la croissance économique et le développement durable. Il a mis l’accent sur l’impératif de valoriser leur contribution à la réalisation des objectifs de développement à travers des politiques favorisant le développement des compétences et la promotion de la recherche et de l’innovation scientifique et technologique.
Le président a mis en avant la nécessité d’accorder la priorité aux solutions permettant de surmonter les entraves technologiques et les pratiques qu’il qualifie d’«injustes», limitant l’accès des pays du Sud à ces outils modernes essentiels pour le développement. Il a rappelé les efforts de l’Algérie pour renforcer le dialogue et la coopération dans le domaine des start-up à l’échelle africaine, illustrés par la mise en œuvre des conclusions du 2e Forum africain des start-up.
Le chef de l’Etat a également appelé à une action collective et coordonnée face aux défis de la sécurité alimentaire et énergétique, soulignant que la coordination et l’action commune au sein du G77+Chine sont essentielles pour préserver l’unité de négociation des pays du Sud au sein des organisations internationales.
Il est à noter que depuis sa création, le G77+Chine s’efforce à adopter les principes d’unité, d’intégration et de solidarité, visant à défendre les intérêts des pays en développement et à promouvoir la coopération économique au sein de l’ONU. En 1967, l’Algérie a abrité la première réunion ministérielle du G77 (première appellation), une importante coalition intergouvernementale au sein de l’ONU, créé le 15 juin 1964 avec l’adoption de la Déclaration commune des 77 pays, au terme de la première réunion des gouvernements membres de l’Organisation (Cnuced).
La réunion d’Alger a été sanctionnée par l’adoption de la Charte d’Alger et la mise en place de la structure organisationnelle du groupe. L’organisation a gardé son appellation depuis sa création, malgré son élargissement à 135 Etats, soit les deux tiers des pays membres de l’ONU, ce qui représente 80% de la population mondiale et près de 43% de l’économie mondiale. La Chine, qui n’est pas un membre fondateur, assistait aux réunions de l’organisation en qualité «d’invité spécial». Elle devient membre, en 1996, avec la publication de la première déclaration au nom du G77+Chine qui porte, depuis, cette appellation.