Réunis à Alger en novembre 1988, les dirigeants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) annoncent qu’ils acceptent les résolutions 242 et 338 de l’Organisation des Nations unies (ONU) comme base pour une conférence internationale, qui permettrait à la Palestine d’obtenir l’autodétermination.
C’est un tournant historique dans le conflit israélo-palestinien. Les décisions du Conseil national palestinien fournissent de nouvelles occasions de faire des progrès vers la paix.
L’indépendance de la Palestine est proclamée le 15 novembre au Palais des nations, à Club des Pins (Alger), le président Yasser Arafat, traditionnel keffieh noir et blanc sur la tête, avait proclamé, lors de la tenue du Conseil national de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), la création d’un Etat palestinien indépendant avec El Qods Al Charif comme capitale. Un hymne national est joué et le drapeau du pays hissé.
Cette étape historique a été vécue dans la liesse et saluée par un tonnerre d’applaudissements. L’émotion était à son comble dans les rangs palestiniens. Le chef de l’OLP a serré contre lui la femme d’Abou Jihad, le numéro deux de la centrale palestinienne et son plus proche compagnon d’armes, assassiné par un commando israélien à Tunis le 16 avril 1988. «Ses paroles sont toujours présentes dans l’esprit du peuple palestinien», commente l’agence palestinienne Wafa, qui a consacré un article au 35e anniversaire de la déclaration d’indépendance.
Cette courageuse déclaration historique était fondée sur le droit naturel, historique et légal du peuple arabe palestinien à sa patrie, la Palestine, et les sacrifices des générations successives pour la défense de la liberté et de l’indépendance, sur la base des décisions des sommets arabes et de la légitimité internationale incarnée dans les résolutions des Nations unies depuis 1947, l’exercice par le peuple arabe palestinien de son droit à l’autodétermination, à l’indépendance politique et à la souveraineté sur sa terre, met en exergue la même source.
«En dépit de l’injustice historique imposée au peuple arabe palestinien, qui a abouti à sa dispersion et l’a privé de son droit à l’autodétermination au lendemain de la résolution 181 (1947) de l’Assemblée générale des Nations unies, recommandant le partage de la Palestine en deux Etats, l’un arabe et l’autre juif, il n’en demeure pas moins que c’est cette résolution qui assure, aujourd’hui encore, les conditions de légitimité internationale qui garantissent également le droit du peuple arabe palestinien à la souveraineté et à l’indépendance», stipule en effet la déclaration.
La déclaration d’indépendance de l’Etat de Palestine stipule : «La Palestine est le pays natal du peuple arabe palestinien. C’est là qu’il a grandi, qu’il s’est développé et qu’il s’est épanoui. Son existence nationale et humaine s’y est affirmée, dans une relation organique ininterrompue et inaltérée, entre le peuple, sa terre et son histoire.»
Elle ajoute : «Inspiré par la multiplicité des civilisations et la diversité des cultures, y puisant ses traditions spirituelles et temporelles, le peuple arabe palestinien s’est développé dans une complète unité entre l’homme et son sol. Sur les pas des Prophètes qui se sont succédé sur cette terre bénie, c’est de ses mosquées, de ses églises et de ses synagogues que se sont élevés les louanges au Créateur et les cantiques de la miséricorde et de la paix».
Mettre fin au sommeil des consciences
«L’occupation par étapes des territoires palestiniens et d’autres portions de territoires arabes, la dépossession et l’expulsion délibérée des habitants de la Palestine par le terrorisme organisé, la soumission de ceux qui étaient restés dans leur patrie à l’occupation, à l’oppression et à la destruction des fondements de leur vie nationale constituent autant de violations flagrantes des principes de la légalité internationale, de la Charte et des résolutions des Nations unies, qui reconnaissent les droits nationaux du peuple arabe palestinien, y compris son droit au retour, à l’autodétermination, à l’indépendance et à la souveraineté sur son sol national», est-il mentionné. Une déclaration qui voulait lever le voile sur «toute une époque de falsification et de sommeil des consciences».
L’Algérie a été ainsi le premier pays à avoir reconnu l’Etat de Palestine.
Depuis cette époque, la Direction palestinienne demeure attachée aux constantes nationales, à savoir l’établissement d’un Etat de Palestine indépendant sur les frontières du 4 juin 1967 avec El Qods comme capitale et le retour des réfugiés palestiniens conformément aux résolutions pertinentes de la légalité internationale.
La proclamation de l’Etat de Palestine se voulait un message de paix des Palestiniens adressé au monde entier, pour affirmer leur volonté de vivre en paix sur une partie de la terre sainte de Palestine dans le respect des principes de l’ONU et de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des principes du non-alignement. La Palestine a malheureusement diminué comme peau de chagrin, se limitant à quelques parcelles de territoires, encerclés par des colonies juives et l’armée israélienne. 138 pays dans le monde ont reconnu l’Etat de Palestine.
La Palestine dispose d’un siège d’observateur à l’ONU depuis le 29 novembre 2012, et a été accueillie comme membre par l’Unesco en 2011. Le Parlement européen a voté en 2014 en faveur d’une reconnaissance d’un Etat palestinien en insistant sur le «principe la reconnaissance de l’Etat palestinien et la solution à deux Etats».