Alors qu’un nouveau rapport de l’Onu avertit que près de 2,2 millions de personnes ont toujours besoin de nourriture et d’aide à Ghaza, l’armée israélienne a bombardé hier matin une école.
Au moins 13 Palestiniens ont été tués et 15 autres blessés lors d’un raid aérien, contre une école où se trouvaient des réfugiés et un immeuble résidentiel à Ghaza, après 48 heures de bombardements qui ont fait 61 morts et 162 blessés, portant le bilan de la guerre génocidaire menée contre Ghaza, depuis 11 mois, à 40 939 morts, 94 616 blessés et plus de 10 000 disparus sous les décombres.
En milieu d’après-midi, des sources médicales ont annoncé un bilan de 31 Palestiniens tués et des dizaines d’autres blessés lors des raids sur de nombreux quartiers de Ghaza. Tôt dans la matinée d’hier, l’armée sioniste a commis une véritable boucherie à Jabaliya, au nord de l’enclave.
L’école Halima Saadia, qui sert de refuge pour la population civile, a été bombardée, tuant sur le coup huit Palestiniens, tous des enfants. Les images choquantes diffusées par de nombreuses chaînes de télévision montrant des corps déchiquetés d’enfants n’ont laissé aucun doute sur la cible, que les autorités israéliennes ont présenté comme étant un centre de commandement du Hamas.
Les cinq autres Palestiniens tués, se trouvaient dans immeuble à Nuseirat, visé également par un raid aérien, tôt dans la matinée, a annoncé l’agence palestinienne Wafa. En début d’après-midi, une autre école, Omar Ibn Al As, abritant des réfugiés, et située à Cheikh Redouane, au nord de l’enclave, a été pilonnée, tuant 4 Palestiniens et en blessant 25 autres. A Khan Younès et à Rafah, l’offensive militaire israélienne n’a pas connu de répit.
De nombreuses maisons ont été détruites à coups de canons des chars, mais aussi par des drones, ne laissant qu’un laps de temps à la population pour amener les enfants se faire vacciner dans les centres de santé, dans le cadre de l’opération lancée par l’Onu pour lutter contre le virus de la polio. Selon l’agence Wafa, un Palestinien a été tué par balle à Rafah, au nord du camp de réfugiés de Nuseirat, au sud de l’enclave, alors que le nombre des martyrs dans la région d’Al Hasaniya était de 8, dont 3 enfants.
La même source a révélé que l’armée israélienne a également bombardé le nord de la ville de Rafah, blessant de nombreux citoyens, sans donner leur nombre. «Les équipes de secours ont récupéré un certain nombre de blessés dans les tentes des personnes déplacées, après avoir essuyé les tirs des navires de guerre stationnés en haute mer en face des plages du camp de Nuseirat.
Selon des sources médicales, 24 civils ont été tués dans des raids isolés sur la bande de Ghaza depuis ce matin, 18 d'entre eux au centre et au sud de la bande», a précisé l’agence. Celle-ci a fait état de 33 blessés évacués vers les hôpitaux, après le mitraillage intensif effectué par un hélicoptère Apache sur le quartier Zeitoun, au sud-est de Ghaza.
«Nouvelles propositions»
En Cisjordanie occupée, l’offensive militaire entamée depuis plus d’une dizaine de jours ne s’est pas arrêtée malgré l’annonce du retrait des forces militaires de Jénine, après une offensive militaire qui a fait 21 morts. Hier, armée d’occupation a démoli à l'aide de bulldozers, 45 habitations agricoles au nord d’Al Khalil.
Des sources palestiniennes, citées par Wafa, ont affirmé qu’elles ont découvert ces démolitions une semaine après la levée du blocage de l’accès aux lieux par les forces d’occupation, en précisant que celles-ci empêchaient constamment les agriculteurs d’accéder à leurs terres. Elles ont évoqué «les agressions des colons qui ont augmenté depuis le début de l’agression contre la bande de Ghaza».
A Ramallah, au moins six Palestiniens ont été arrêtés, alors que l’escalade se poursuit dans d’autres villes. Pendant ce temps, les deux chefs du renseignement américain et britannique annonçaient à Londres, lors d’un débat organisé par le Financial Times, qu’ils «travaillent ensemble sans relâche» pour un cessez-le-feu.
Largement médiatisées, la déclaration et l’apparition publique des deux responsables, Bill Burns de la CIA et Richard Moor du MI6, ont surpris les médias. «Nos services travaillent sans relâche sur de nouvelles propositions pour parvenir à un cessez-le-feu et à un accord sur la prise d’otages à Ghaza, qui pourrait mettre fin aux souffrances et aux pertes de vies humaines effroyables des civils palestiniens (…).
Nous avons exploité nos canaux de renseignement pour faire pression en faveur de la retenue et de la désescalade.» Pour Burns, «les Etats-Unis travaillent d’arrache-pied sur de nouvelles propositions avec de nouveaux textes et des formules créatives.
Un nouveau plan, élaboré avec l’aide des médiateurs du Qatar et de l’Egypte, devrait émerger dans les prochains jours». Selon lui, «il n’est pas certain que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et le chef du Hamas, Yahya Sinwar, soient prêts à conclure un accord. C’est une question de volonté politique. Les dirigeants des deux camps doivent-ils reconnaître ou non que cela suffit et que le moment est venu de faire enfin des choix difficiles ?»
Le patron de la CIA a, par ailleurs, affirmé qu'Israël a gravement réduit les capacités militaires du Hamas au cours des 11 derniers mois, «mais n’a pas éliminé le mouvement». Pour lui, «c’est aussi un mouvement et une idée et on ne peut tuer une idée que par une meilleure idée. Il faut une meilleure alternative et un espoir à long terme pour les Palestiniens».
En attendant, la population de Ghaza subit une guerre génocidaire à plusieurs facettes, y compris par la famine. Publiée hier, le dernier rapport de l’Onu fait état d’une situation humanitaire «plus que catastrophique», avec «plus d’un million de Palestiniens n’ayant reçu aucune ration alimentaire en août et une baisse de 35% du nombre de personnes recevant des repas cuisinés quotidiens».
Expert et économiste en chef de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Maximo Torrero a expliqué que «la crise alimentaire à Ghaza est toujours la plus grave de l’histoire du rapport mondial sur les crises alimentaires, avec près de 2,2 millions de personnes qui ont toujours besoin de nourriture et d’aide. La crise s’est intensifiée, avec la moitié de la population affamée entre mars et avril, contre un quart de la population entre décembre 2023 et février 2024».
Si Israël a fini par accepter des pauses humanitaires limitées dans le temps et l’espace, pour permettre la vaccination des enfants contre le virus de la polio qui risque de se propager rapidement dans l’enclave, il s’oppose cependant toujours à l’accès de l’aide humanitaire, en rendant les quantités autorisées dérisoires. Il continue aussi à s’attaquer au personnel humanitaire de l’Unrwa et à ses infrastructures, particulièrement à ses écoles qui servent d'abris aux réfugiés.
Dans le monde, les voix continuent à s’élever contre le génocide à Ghaza. D’imposantes manifestations populaires ont été organisées en France, à Paris, mais aussi à Stockholm, en Suède, à Milan, en Italie, à La Haye, aux Pays-Bas, à Zurich, en Suisse, à Manchester et Londres, en Grande-Bretagne, à Copenhague et Aarhus au Danemark.
A l’intérieur de l’Etat hébreu, les manifestations exigeant du gouvernement un accord avec le Hamas pour la libération des otages se sont multipliées. Hier c’était la population de la ville de Haïfa qui a marché durant des heures pour réclamer un accord, alors qu’à Tel-Aviv, les familles des otages détenus par le Hamas poursuivent leur mouvement de protestation depuis des jours, particulièrement depuis la découverte des corps de six otages à Ghaza.
Un expert de l'ONU dénonce la «campagne de famine» dans l'enclave palestinienne
Le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l’alimentation, Michael Fakhri, a dénoncé la «campagne de famine» menée par l'entité sioniste contre les Palestiniens pendant sa guerre génocidaire dans la bande de Ghaza assiégée.
Dans un rapport publié cette semaine, l'enquêteur Michael Fakhri a déclaré que l'entité sioniste «avait commencé à bloquer toute nourriture, eau, carburant et autres fournitures dans la bande de Ghaza sous blocus, seulement deux jours après le 7 octobre (date du début de la guerre génocidaire en cours dans l'enclave palestinienne)».
«En décembre, les Palestiniens de Ghaza représentaient 80% des personnes dans le monde souffrant de famine ou de faim catastrophique», a relevé M. Fakhri. «Jamais dans l’histoire de l’après-guerre une population n’avait été confrontée à la faim aussi rapidement et aussi complètement que ce fut le cas pour les 2,3 millions de Palestiniens vivant à Ghaza», a ajouté le rapporteur onusien.
Depuis le début de la guerre sioniste à Ghaza, M. Fakhri a déclaré avoir reçu des rapports directs sur la destruction du système alimentaire du territoire, y compris des terres agricoles et de la pêche, qui a également été documentée et reconnue par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et d'autres.
L'occupation a ensuite utilisé l’aide humanitaire comme une «arme politique et militaire» pour nuire et tuer le peuple palestinien à Ghaza, a-t-il déclaré. M. Fakhri a formulé ces propos dans un rapport adressé à l'Assemblée générale de l'ONU et diffusé jeudi.