La Défense civile de la bande de Ghaza a annoncé, hier, la mort de 19 personnes, dont au moins six enfants, tuées dans des frappes et tirs nocturnes israéliens en plusieurs endroits du territoire palestinien. Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré à l’AFP que «19 Palestiniens ont été tués et plus de 40 autres blessés dans trois massacres provoqués par des frappes aériennes israéliennes dans la bande de Ghaza entre minuit et ce matin» ainsi que dans des tirs de char à Rafah (sud).
Une des frappes a visé une maison de Zeitoun, un quartier de Ghaza-ville, et fait sept morts, dont trois enfants, et dix blessés, selon M. Bassal. « Qu’est-ce que ces gens avaient fait ? Ils dormaient chez eux, ce sont des civils qui n’ont rien à voir avec le Hamas ou la résistance», a déclaré Abdallah Shaldan, un membre de la famille dont la maison a été totalement démolie. Des images de l’AFP montraient des gens inspectant les décombres à la lumière de torches et de téléphones, tandis qu’à l’hôpital Al Ahli où les blessés ont été transportés, un jeune garçon criait, appelant désespérément «Papa». Une autre frappe à Khan Younès (sud) a tué six personnes, dont trois enfants, et blessé 26 personnes déplacées qui vivaient dans des tentes à proximité de la maison atteinte, a indiqué M. Bassal. «J’ai immédiatement accouru et j’ai vu la destruction, des gens qui transportaient des morceaux de corps de dessous les décombres», a témoigné Oum Mohammad Abou Sabla, la sœur d’une des victimes. «Toute notre vie n’est que misère.
Qu’ils nous tuent tous pour que nous puissions être soulagés de cette souffrance», a dit cette femme de 62 ans. Dans le camp de Nusseirat, dans le centre de la bande de Ghaza, quatre autres personnes ont péri dans une frappe contre une maison familiale, et à Rafah, ce sont des tirs de char qui ont tué deux jeunes hommes, a-t-il précisé. Le ministère de la Santé a lancé, avant-hier, «un avertissement urgent, car tous les hôpitaux de la bande de Ghaza vont cesser de fonctionner ou réduire leurs services sous 48 heures en raison de l’obstruction de l’entrée du carburant par Israël dans le petit territoire assiégé».
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite «profondément préoccupée» par la situation de 80 patients, dont 8 en soins intensifs, et du personnel de l’hôpital Kamal Adwan, l’un des deux seuls hôpitaux fonctionnant partiellement dans le nord de Ghaza. Une attaque avait visé la veille l’établissement, endommageant le générateur et le réservoir d’eau, a ajouté le chef de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Le directeur de l’hôpital Hossam Abou Safiyeh a indiqué à l’AFP que son établissement avait été de nouveau ciblé par des frappes israéliennes, avant-hier, faisant état d’un médecin et de patients blessés. La Défense civile a signalé 12 morts et plusieurs blessés du fait de frappes dans l’est et au sud de Ghaza-ville. «J’ai perdu toute ma famille, 10 personnes, et je suis le seul qui reste», a lancé Belal, dans une salle de l’hôpital Al Ahli où ont été transportées des victimes. Pour sa part, le chef de la politique étrangère de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, a affirmé que «ce qui se passe à Ghaza est une tragédie» et déploré le fait que l’acheminement de l’aide humanitaire vers ce territoire palestinien, ravagé par plus d’un an d’agression sioniste génocidaire, est entravé «pour des raisons futiles».
«Ce qui se passe à Ghaza est une tragédie, mais elle est le fait de l’homme», a écrit M. Borrell dans un message sur les réseaux sociaux. «Les opérations humanitaires de l’ONU pourraient devoir s’arrêter lundi, parce qu’il n’y a plus de nourriture, plus de carburant», a-t-il averti. Selon Borrell, l’acheminement de l’aide nécessaire est entravé ou refusé pour des raisons «futiles». Le chef de la diplomatie de l’UE, dont le mandat s’achève dans quelques jours, avait fait part récemment de sa «frustration» à la suite de la poursuite de l’agression israélienne. Plus de 44 000 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’agression militaire israélienne, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé.