1760 corps décomposés et 2210 disparus : Une guerre génocidaire qui ne connaît pas de fin

19/08/2024 mis à jour: 00:30
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Photo : D. R.

Alors que les négociations pour un accord de cessez-le-feu à Ghaza, en contrepartie de la libération des otages israéliens et des détenus palestiniens, butent sur le point lié au contrôle, par Israël, de l’axe Netzarim, et le retour des déplacés vers le Nord, que refuse le Hamas, l’armée sioniste a intensifié ses raids contre de nombreuses zones à Rafah, Khan Younès, Deir Al Balah, tuant plus d’une vingtaine de Palestiniens et blessant des dizaines d’autres.

La guerre génocidaire menée, depuis plus de 10 mois, par l’armée d’occupation israélienne contre les Palestiniens de Ghaza ne connaît pas de répit.

Les espoirs suscités par les négociations autour d’un accord qui permettrait l’arrêt de cette machine infernale de destruction et d’assassinats massifs restent suspendus aux tergiversations du Premier ministre, Benyamin Netanyahu, et de ses ministres extrémistes.

Pendant ce temps, le chef de l’état-major de son armée, Herzi Halevi, «a ordonné à ses unités l’intensification des opérations, notamment à Rafah et à Khan Younès, afin de peser sur les tractations de Doha».

C’est ce qu’a révélé, hier, la presse israélienne, dont le site bien informé, Wala, citant de hauts responsables sécuritaires, sans les nommer. Pour les médias hébreux, l’un des points de discorde et surtout «l’une des plus grandes monnaies d’échange israéliennes», c'est l’axe Netzarim, qu'Israël veut avoir sous son contrôle, pour empêcher le retour des déplacés vers le Nord à travers la présence de ses unités des systèmes techniques de surveillance, alors que le mouvement de la résistance palestinienne Hamas exige un retrait complet des forces israéliennes, de Ghaza, y compris de Netzarim.

Dans les grandes lignes de l’accord présenté par le président américain, Joe Biden, au mois de mai dernier, Netanyahu avait accepté de retirer cette demande qu’il avait ajoutée à l’accord, après avoir été rassuré par ses responsables de sécurité de l’existence de «solutions opérationnelles, technologiques et de renseignement».

Mais le 27 juillet dernier, dans son «document de clarification», Netanyahu a, encore une fois, réitéré la même demande, alors que le Hamas a clairement déclaré et publiquement qu’il n’accepterait «aucun mécanisme qui empêcherait les Palestiniens de rentrer au nord de Ghaza ou de les contrôler».

Même les Américains lui ont indiqué, selon la presse new-yorkaise, qu’il ne devrait y avoir «aucune restriction ni aucun mécanisme organisé et permanent pour contrôler les déplacés qui veulent rentrer chez eux au nord de Ghaza».

Cette question n’a, à ce  jour, pas été tranchée. Pour lui, et il l’a réitéré, hier, publiquement, «la pression militaire et politique forte est le moyen de libérer les otages». Selon lui, «les pressions doivent être exercées sur le Hamas et Yahya Sinwar et non pas sur Israël qui mène des négociations très complexes». Pendant ce temps, les bombardements n’ont pas cessé.

Selon le ministère de la Santé palestinien, 25 Palestiniens ont été tués par ces raids et 72 autres ont été blessés dans des frappes entre samedi et hier dernier, ce qui porte le bilan de cette guerre génocidaire à 40 099 morts et 92 609 blessés, en dix mois.

Les raids ont ciblé des quartiers résidentiels, de la rue Al Mazra’a à Deir Al Balah, entraînant la mort de sept civils, à savoir une mère et ses six enfants. Dans l’intervalle, et selon l’agence palestinienne Wafa, des frappes aériennes ont visé une maison dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Ghaza, tuant quatre personnes et blessant des dizaines d’autres.

En Cisjordanie occupée, la situation est devenue explosive, suscitant la condamnation du président de l’Assemblée palestinienne, Rouhi Fattouh. «Le gouvernement d’occupation exterminait délibérément les familles palestiniennes en représailles contre les enfants et les femmes, des actes qui n’avaient pas été observés dans l’histoire de la guerre», a-t-il déclaré dans communiqué rendu public hier.

Plus de 40 communautés bédouines forcées à l’exode

Selon lui, «plus de 40 communautés bédouines avaient été déportées de force et les auteurs de crimes et d’attaques par les milices des colons, à la suite de la déportation des dernières familles bédouines palestiniennes d’Umm Al Jamal dans le nord de la vallée du Jourdain».

Et de souligner en outre, que ce «crime, s’élevant au niveau du crime de nettoyage ethnique, se situe dans le cadre de l’annexion progressive continue de la Cisjordanie occupée et son vidage de ses habitants et propriétaires autochtones, et la consacre comme une profondeur stratégique de règlement et de contrôle des richesses plus naturelles de l’Etat de Palestine, sur un chemin d’annihilation et en sapant toute opportunité d’incarner l’Etat palestinien sur le terrain avec Jérusalem-Est comme capitale».

Une déclaration qui intervient quelques heures seulement après la mise en place, par un groupe de colons, de clôtures sur de nombreuses terres agricoles dans la vallée du Jourdain, avant d’y mettre le feu.

Le responsable de la Défense civile à Ghaza a, quant à lui, tiré la sonnette d’alarme hier, sur une situation humanitaire qu’il décrit comme étant chaotique. «Les forces d’occupation israéliennes nous empêchent de répondre aux appels d’urgence.

Nous avons perdu 82 cadres, tués par balles, nos bâtiments font l’objet de bombardements quand ils ne sont pas assiégés», a-t-il déclaré à la presse locale, avant d’être repris par la chaîne qatarie, Al Jazeera. Selon lui, «10 000 Palestiniens sont encore sous les décombres, tandis que les forces d’occupation refusent à nos équipes l’accès aux zones bombardées ou de coordonner avec elles les interventions».

L’autre cri de détresse a été lancé hier par le directeur de l’hôpital Mustapha Adwan : «Demain (aujourd’hui, ndlr), l’hôpital s’arrêtera de fonctionner en raison du manque de carburant, de médicaments et d’équipements médicaux qui nous permettent d’assurer les soins aux blessés et malades qui nous parviennent.»

Dans un communiqué, l’avocat de la Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers a dénoncé les «sanctions» imposées aux détenus palestiniens, à la prison de Rimonim, «par des représailles», a-t-il dit.

Les témoignages du détenu, Mazen Qadi, 44 ans, d’Al Bireh, en Cisjordanie occupée, condamné à perpétuité et en détention depuis 2002, où il est en isolement, à la prison de Rimonim, donnent froid dans le dos. «Le prisonnier a reçu de mauvais traitements après son transfert de l’isolement d’Al Ramla à l’isolement de Rimonim, où il a été menotté et forcé de s’asseoir sur ses genoux.

Il s’est plaint de la mauvaise alimentation et du manque de vêtements, où chaque détenu est autorisé à se laver pendant 15 minutes, avec peu de shampoing (…) le processus de transfert comprend des attaques brutales, représentées par des assauts accidentels des sections, l’utilisation de bombes sonores et de gaz lacrymogène et de nombreuses autres formes de violations, telles que des coups et des menaces», a déclaré l’avocat, précisant que «la section 24  de la prison d’Ofer a été vidée et que plusieurs détenus administratifs ont été transférés dans d’autres prisons, où tous les prisonniers ont été soumis à la torture et battus à plusieurs reprises.

Certains ont déclaré avoir été sévèrement battus pendant leur trajet vers la salle de visite». Il a également parlé d’autres conditions difficiles de détention comme «la fourniture d’eau pendant 45 minutes, l’électricité qui est coupée à partir de 22h et la nourriture de qualité médiocre».

La guerre génocidaire contre Ghaza depuis plus de 10 mois ne semble pas connaître sa fin. Les dommages qu’elle a engendrés en termes de pertes de vies humaines, de drames, de destruction et de douleur n’ont pas d’égale. Chaque jour qui passe apporte son lot de morts et de dévastations.

Le silence de la communauté internationale, l’impuissance des institutions internationales comme l’Onu, le Conseil de sécurité et la Cour internationale de justice, ne font que renforcer l’impunité d'Israël, qui agit en Etat paria, qui viole le droit international, humanitaire, les règles, la morale et l’éthique de la guerre.

Hamas accuse Netanyahu de faire «obstruction» à un accord de trêve

Le Hamas a accusé hier le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, d’avoir fait «obstruction» à un accord en vue d’une trêve à Ghaza après le dernier cycle de négociations à Doha.

«Nous faisons porter à Benyamin Netanyahu l’entière responsabilité de l’échec des efforts des médiateurs, d’avoir fait obstruction à un accord, et de la vie des otages, qui courent le même danger que notre peuple» avec la  poursuite des bombardements criminels dans la bande de Ghaza, a déclaré le mouvement de résistance palestinien dans un communiqué.

Les Etats-Unis ont soumis vendredi une nouvelle proposition de compromis après deux jours de discussions à Doha des médiateurs américain, qatari et égyptien, avec Israël. La proposition «répond aux conditions posées par Netanyahu, en particulier son refus d’un cessez-le-feu permanent et d’un retrait total de la bande de Ghaza», selon le Hamas.

Le Premier ministre israélien a également «posé de nouvelles conditions dans le dossier de l’échange de prisonniers et a reculé sur d’autres points, empêchant ainsi l’achèvement de l’accord», ajoute le communiqué.

Netanyahu avait dénoncé plus tôt le «refus obstiné» du Hamas de conclure un accord pour une trêve, en appelant à «diriger la pression sur le Hamas», et «non vers le gouvernement israélien» à la veille d’une rencontre avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, arrivé hier soir à Tel-Aviv pour pousser à un accord.

Le Hamas a réitéré dans le communiqué «son attachement à ce qui a été convenu le 2 juillet, sur la base de la déclaration de (Joe) Biden et de la résolution du Conseil de sécurité», appelant les médiateurs «à assumer leurs responsabilités et obliger l’occupation à mettre en œuvre ce qui a été convenu».

Le plan du président américain prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Ghaza et de la libération d’otages enlevés le 7 octobre, et dans sa deuxième phase, notamment, un retrait total israélien de Ghaza.  

 

 

 

 

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