155 000 femmes enceintes dans une situation critique

18/07/2024 mis à jour: 09:10
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Photo : D. R.

Alors que les bombardements de l’armée d’occupation se poursuivent avec la même intensité, visant aussi bien le centre que le nord et le sud de Ghaza, l’Onu alerte sur «la situation critique» de 155 000 femmes enceintes qui sont dans un besoin accru de nourriture et de suppléments nutritifs.

Faisant face aux déplacements forcés à répétition, aux difficultés d’accès aux soins vitaux et à la nourriture, 30 000 d'entre elles sont confrontées à des niveaux aigus de faim, 10 000 au bord de la famine et 7000 dans des conditions de famine.

Dans son dernier rapport sur la situation humanitaire à Ghaza, l’Unrwa, l’Agence onusienne de prise en charge des réfugiés palestiniens, a fait état d’une situation alarmante à laquelle sont soumises les 155 000 femmes enceintes à Ghaza, alors que la guerre génocidaire menée par l’armée d’occupation ne connaît pas de répit.

Les déplacements forcés à répétition se font du Nord vers le Centre, puis vers le Sud, avant de remonter vers le Nord, souvent dans des conditions extrêmes, traversant des centaines de kilomètres à dos d’âne, sur des charrettes de fortune ou en marchant sur des gravats, avec des ballots d’effets personnels sur le dos, sous de fortes températures et souvent sans rien à boire ou à manger.

Les récits de certaines d’entre elles, qui ont perdu leur bébé en cours de route, sont glaçants. Publié hier, le rapport de l’Unrwa alerte sur cette situation qui met en danger la vie de 155 000 femmes enceintes ayant un besoin urgent d’une aide alimentaire accrue et des suppléments nutritifs.

Parmi celles-ci, affirme l’agence onusienne, 30 000 sont confrontées à des niveaux aigus de faim, plus de 10 000 sont au bord de la famine et près de 7000 dans des conditions de famine.

«Les femmes enceintes à Ghaza ont de plus en plus de mal à accéder aux soins vitaux dont elles ont besoin en raison des déplacements répétés, de l’insécurité et des attaques contre les établissements de santé, ainsi que des coûts de transport inabordables et du manque de services d’ambulance», écrit l’Unrwa dans son rapport sur la situation humanitaire à Ghaza, en précisant que «jusqu’à l’heure actuelle et selon les données du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa), les soins obstétriques et néonatals d’urgence complets ne sont disponibles que dans 11 hôpitaux et hôpitaux de campagne, où les graves pénuries de carburant entravent le fonctionnement des incubateurs néonatals et d’autres équipements vitaux».

Selon toujours les mêmes sources, «des informations anecdotiques suggèrent que certains accouchements d’urgence ont lieu dans des tentes sans assistance médicale».

L’agence onusienne met en garde contre «la pénurie d’eau et le manque de médicaments de santé maternelle» qui «exposent également les femmes enceintes et allaitantes à divers risques, alors que les médecins continuent de signaler un nombre croissant de bébés prématurés et de faible poids à la naissance, qui sont des indicateurs courants de malnutrition sévère, aggravée par le stress, la peur et l’épuisement».

L’Unrwa affirme en outre que «les partenaires et coordinateurs du groupe sectoriel protection et santé ont travaillé à l’intensification des services de santé sexuelle et reproductive, notamment en recrutant, formant et équipant les agents de santé déplacés, en particulier les sages-femmes, pour fournir des services de soins prénatals et postnatals et assister aux accouchements d’urgence dans des établissements de santé sélectionnés».

L’agence ajoute, par ailleurs, que l’Unfpa, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et d’autres prestataires de services de santé sexuelle reproductive, «met en œuvre le Paquet minimum de service initial (DMU) dans les situations de crise en fournissant des équipements aux établissements médicaux et en maintenant à jour les informations sur lesdits services».

L’ONU et ses partenaires humanitaires continuent d’aider les familles qui ont fui le nord de Ghaza vers des zones dans le Sud. Une équipe de le Bureau onusien de coordination des affaires humanitaires (Ocha) a effectué, lundi dernier, une mission visant à renforcer les opérations là où les familles arrivent dans le Sud.

Les partenaires humanitaires enregistrent aussi les déplacés pour pouvoir leur porter assistance, là, ils trouveront un logis dans le sud de Ghaza. Ils planifient également des missions dans les zones de la route Salah Eddine, à l’est de Ghaza, pour évaluer les besoins. Mais, ajoute l’Unrwa, sur le terrain, les familles «ne trouvent nulle part la sécurité à Ghaza (…).

Les opérations militaires et les bombardements constituent une menace constante, les personnes déplacées étant contraintes de se déplacer vers des zones surpeuplées et invivables».

L’agence onusienne relève, par ailleurs, que la bande de Ghaza est devenue ce qu’elle a qualifié «d’enfer sur terre», avant de rappeler que son quartier général dans cette ville a été «rasé et transformé en champ de bataille» en raison d’un «mépris flagrant du droit humanitaire international». «La semaine dernière a été l’une des plus meurtrières à Ghaza depuis le début de la guerre.

Les images du siège de l’UNRWA sont vraiment choquantes», a écrit sur X (anciennement Twitter) l’Unrwa en précisant que «les installations de l’ONU ne sont pas des cibles et doivent être protégées à tout moment (…). Au cours des dix derniers jours, cinq écoles ont été touchées.

La dernière en date a été cette école de l’Unrwa abritant des familles déplacées, qui a été la cible des raids israéliens lundi dernier», soulignant au passage que la destruction se poursuit sans relâche dans une enclave où «personne n’est en sécurité». «L’année dernière, à la même époque, les enfants de Ghaza s’adonnaient à des jeux, des sports et des arts lors des Jeux d’été de l’Unrwa.

Cette année, ils fouillent les décombres et pleurent leurs proches sous le poids de leur traumatisme. La guerre a privé les enfants de Ghaza de leur enfance», a déclaré le chef de l’agence onusienne, Philippe Lazzarini, en relevant que «les installations civiles doivent être protégées à tout moment et ne doivent jamais être utilisées à des fins militaires ou de combats».
 

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