13 Ong alertent sur la détérioration de la situation humanitaire à Ghaza : «Des tonnes d’aide sont bloquées depuis des semaines»

17/07/2024 mis à jour: 06:36
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Photo : D. R.

«L’entrée de l’aide à Ghaza s’est gravement détériorée depuis l’offensive terrestre à Rafah au début du mois de mai», dénoncent 13 organisations humanitaires dans une déclaration commune. «Des tonnes d’aide absolument nécessaires, destinées à être livrées par la route du Sud, sont bloquées depuis des semaines, voire des mois», affirment-elles. «Au Nord, l’acheminement de l’aide reste limité. Alors que le transport de marchandises entre Amman et le nord de Ghaza ne devrait pas prendre plus de six heures, il a fallu à Oxfam plus de cinq semaines pour faire entrer 1600 colis alimentaires dans le nord de l’enclave», témoignent ces ONG.

Treize ONG humanitaires internationales, dont Oxfam, Care, Médecins sans frontières, Médecins du monde ou encore Save The Children, ont dénoncé les récents massacres commis par Israël dans la bande de Ghaza et préviennent contre l’aggravation de la catastrophe humanitaire dans l’enclave palestinienne dévastée.

Dans une déclaration commune diffusée par ces 13 ONG lundi 15 juillet, on peut lire : «La détérioration de l’environnement a gravement touché les organisations humanitaires, notamment ActionAid (AA), CARE, Médecins du monde (MDM), Médecins sans frontières (MSF), Mercy Corps (MC), le Conseil norvégien pour les réfugiés (Norwegian Refugee Council, NRC), Save the Enfants (SC), Première urgence internationale (PUI), Plan international, et leur capacité à opérer.»

L’organisation Médecins du monde relève : «Les événements récents aggravent la catastrophe humanitaire alors même que les ONG continuent de se heurter aux obstacles imposés par la poursuite des opérations militaires israéliennes terrestres.» Ces organisations font observer que «l’entrée de l’aide à Ghaza s’est gravement détériorée depuis l’offensive terrestre à Rafah au début du mois de mai».

Et de poursuivre : «Les points de passage au Sud sont complètement fermés ou inaccessibles d’un point de vue logistique en raison de la détérioration des conditions de sécurité.»

5 semaines pour faire entrer 1600 colis alimentaires

Les 13 ONG témoignent que «des tonnes d’aide absolument nécessaires, destinées à être livrées par la route du Sud, sont bloquées depuis des semaines, voire des mois. Au Nord, l’acheminement de l’aide reste limité.

Alors que le transport de marchandises entre Amman et le nord de Ghaza ne devrait pas prendre plus de six heures, il a fallu à Oxfam plus de cinq semaines pour faire entrer 1600 colis alimentaires dans le nord de l’enclave.» Le Dr Jean-François Corty, président de Médecins du monde cité dans un communiqué de cette association, estime que «les Etats tiers doivent exercer de réelles pressions sur les parties au conflit pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat et durable». «Comme le répètent sans cesse les ONG depuis des mois, c’est le seul moyen d’apporter une aide humanitaire, de protéger et de sauver des vies à Ghaza», insiste-t-il.

Ces organisations caritatives qui sont très actives à Ghaza expliquent dans un snapshot comment leurs mouvements sont restreints. Elles dénoncent «les dangers qu’elles affrontent quotidiennement pour accéder aux personnes sinistrées dans la bande de Ghaza : contrôles militaires du personnel humanitaire via des caméras ou des drones au check-points israéliens, obligation d’informer les autorités israéliennes de leurs mouvements au sein même de la zone dite ''humanitaire'', ou encore personnel contraint à utiliser des charrettes tirées par des ânes en raison de la pénurie de carburant». «Médecins du monde et MSF ont été obligés de quitter les structures de santé en raison des attaques israéliennes et des soi-disant ''ordres d’évacuation''», révèlent-elles encore.

Et l’acharnement meurtrier sioniste n’est pas près de s’arrêter. Hier, le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza et le Croissant-Rouge palestinien ont indiqué que 22 personnes ont trouvé la mort dans des raids israéliens distincts, dont un a encore visé une école. Il s’agit de l’école Al Razi, administrée par l’UNRWA, dans le camp de Nuseirat, au centre de la bande de Ghaza, où 5 civils ont été tués.

C’est la sixième fois qu’un établissement scolaire abritant des personnes déplacées est ciblé par des frappes en une dizaine de jours. En outre, 17 Palestiniens ont péri hier dans le bombardement de la station-service dite El Attar, à Al Mawasi, près de Khan Younès, selon les autorités sanitaires de Ghaza.

Le camp d’Al Mawasi se voit ainsi de nouveau endeuillé à peine trois jours après l’effroyable boucherie de samedi dernier, qui a fait 92 morts et 300 blessés. Selon le ministère de la Santé de Ghaza, 49 personnes ont été tuées et 69 blessées en 24 heures, entre lundi soir et hier matin. Le bilan de la guerre contre Ghaza s’élève désormais à 38 713 morts et 89 166 blessés.

Principal allié d’Israël, même les Etats-Unis se disent inquiets du nombre massif des victimes civiles de la brutalité israélienne. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a déclaré que le nombre de civils palestiniens tués par les frappes sionistes «restait inacceptable», tandis que Netanyahu persiste dans sa campagne génocidaire.

Des Palestiniens accueillis en France

Le Quai d’Orsay a réagi également face à l’ampleur des massacres qui se succèdent à Ghaza. «La diplomatie française a dénoncé mardi ''les frappes de ces derniers jours'' qui ''alourdissent le bilan humain catastrophique parmi la population civile''», rapporte l’AFP. Par ailleurs, la France a annoncé qu’elle octroyait un visa à plusieurs réfugiés palestiniens.

Le ministère français des Affaires étrangères a en effet indiqué hier que les demandes de visa de Palestiniens de Ghaza qui sont bloqués en Egypte «sont en cours d’instruction par les autorités françaises». «Certains d’entre eux rejoindront la France prochainement», a promis le Quai d’Orsay. «Nous suivons avec attention la situation des bénéficiaires du programme Pause (Programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil, ndlr), de leurs familles, ainsi que de plusieurs boursiers», a ajouté le ministère français des Affaires étrangères.

Les demandes «confirmées» dans le cadre de ce programme concernent «une petite dizaine de personnes», précise-t-on de même source. Lundi, le journal Le Monde a affirmé qu’une trentaine de Palestiniens de Ghaza, essentiellement des intellectuels, des artistes et des journalistes, «qui ont réussi à fuir l’enclave côtière», ont obtenu une promesse d’emploi en France. «Mais bien qu’ils disposent du soutien du Quai d’Orsay, leur dossier est bloqué depuis des semaines au ministère de l’Intérieur», écrit le journal.

 

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