Vacances d’été des Algériens : Les premières tendances se dessinent

30/06/2025 mis à jour: 21:05
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Cet été, les Algériens privilégient une variété de destinations pour leurs vacances, mêlant amour du terroir, liens familiaux et soif de découverte. Si l’Algérie regorge de trésors, l’envie de découvrir le monde est bien présente. Des plages animées de l’Est aux paysages montagneux de la Kabylie, en passant par les sites historiques et les destinations internationales, chacun y trouve son compte. 

Avec le début des vacances d’été, la Tunisie reste la destination étrangère privilégiée des Algériens. Sa popularité s’explique par la flexibilité des options de transport, qu’il s’agisse de voyager par voie terrestre ou aérienne (Air Algérie, Tunisair, Nouvelair), selon plusieurs agences de tourisme contactées. 
En deuxième position, l’Egypte s’impose comme une destination de choix, incluant des séjours au Caire combinés à Charm El Cheikh ou Hurghada. 

La Turquie rétrograde à la troisième place des destinations étrangères les plus demandées par les vacanciers algériens. A vrai dire, la Turquie a perdu au fil du temps sa réputation de destination de vacances bon marché. Bien que le pays continue d’offrir des loisirs de bonne qualité, les voyageurs devront planifier leur budget beaucoup plus soigneusement. Les forfaits tout compris (all inclusive), qui étaient auparavant abordables à Antalya, même pour les vacanciers à faibles revenus, deviennent désormais un produit de luxe. Ce pays a du mal à sortir de la spirale de l’inflation.   

Les prix ont augmenté de 20% 

Dans le même contexte, une nouvelle tendance émerge fortement : l’Asie du Sud-Est gagne rapidement en popularité auprès des Algériens. Une niche de marchés juteuse pour les agences de voyages qui s’adressent à une clientèle particulièrement aisée (cadres supérieurs dans des sociétés) ou issue de la classe moyenne. La Malaisie est évoquée pour sa beauté, mais le Danemark est préféré pour sa singularité et son attrait en tant que destination de découverte. 

L’idée de voyages axés sur l’histoire et les ruines romaines est également mentionnée, révélant un intérêt pour le «vrai tourisme» et la quête de connaissances. 

Comme chaque année, le secteur du voyage est confronté à un défi particulier : les résultats du bac ne seront annoncés qu’à la mi-juillet, ce qui entraîne une baisse significative des réservations, atteignant environ 70%. Il est prévu que la demande reparte à la hausse après la publication des résultats.
Parallèlement, les prix des voyages ont connu une augmentation de 15 à 20%. Face à cette hausse, les destinations intérieures deviennent de plus en plus attractives. 

Pour beaucoup, l’Est est une destination de prédilection. Jijel et Béjaïa sont souvent citées pour leurs plages magnifiques et leur atmosphère familiale. Les vacanciers apprécient particulièrement les moments partagés en famille. Annaba est également mentionnée, elle reste une option appréciée pour son environnement agréable. La région de l’Ouest, particulièrement Ténès, a une signification particulière pour de nombreux Algériens. C’est souvent l’occasion de retrouver la famille, passer ses vacances avec les cousins et les neveux. Les repas partagés et l’ambiance conviviale font de ces séjours des moments précieux. Les environs de Ténès offrent un cadre idyllique, avec des activités variées entre montagnes et plages. 

Tipasa et Skikda sont des destinations récurrentes pour les vacances d’été. Skikda est réputée pour ses plages où les campeurs et les amateurs d’activités nautiques se retrouvent. Les aquaparcs sont également une option populaire pour les familles souhaitant se rafraîchir et s’amuser.  

La Kabylie occupe une place spéciale dans le cœur de certains vacanciers. Plus qu’une simple destination, elle est perçue comme un patrimoine, un lieu où l’on peut découvrir la richesse de la culture locale, de l’artisanat et de l’histoire. C’est une région qui invite à l’exploration et à l’immersion dans un environnement authentique.  

Des voyages organisés sont proposés par les agences de voyages à l’Est et l’Ouest, et des camps d’été sont mis en place pour les enfants des régions intérieures, visant à dynamiser le tourisme local. 
Cependant, malgré le potentiel touristique immense de l’Algérie, l’investissement dans les infrastructures hôtelières et les complexes touristiques reste insuffisant. 

Déséquilibre entre l’offre et la demande

Le pays, riche de ses divers paysages (désert, côtes), doit combler ce manque pour offrir des séjours de qualité à des prix abordables. Le coût élevé des nuitées est un obstacle majeur. Une nuit peut coûter l’équivalent de plusieurs millions de dinars, rendant l’accès aux hôtels difficile pour de nombreuses familles. La nouvelle formule d’hébergement chez l’habitant, bien que potentiellement intéressante, souffre également de prix exorbitants. Cette situation pousse de nombreux Algériens à chercher des alternatives à l’étranger. 

En Algérie, le secteur hôtelier est partagé entre établissements publics, principalement gérés par le groupe Hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT), et établissements privés, qui représentent la majorité du parc hôtelier. Au-delà des hôtels de luxe, il est important de développer des options d’hébergement variées, comme des hôtels de gamme moyenne, des auberges de jeunes, des campings aménagés et des résidences de tourisme pour s’adapter à tous les budgets. 

Le déséquilibre marqué entre l’offre et la demande touristique en Algérie, particulièrement pendant la période estivale, est un désavantage majeur qui entrave le développement du secteur. 

Ce phénomène crée une série de problèmes qui impactent directement l’expérience des vacanciers et la réputation du pays en tant que destination touristique. La saturation des infrastructures existantes peut entraîner une baisse de la qualité des services. Le personnel est sous pression, les installations sont surchargées, et l’expérience globale du touriste en pâtit. Un touriste qui ne trouve pas d’hébergement adapté à son budget ou à ses attentes, ou qui est confronté à des services de qualité médiocre, repartira avec une image négative de la destination. Cela nuit au bouche-à-oreille et à la fidélisation des visiteurs. 

Le fait que les hôtels soient rapidement remplis par les réservations des œuvres sociales des entreprises est une réalité courante en Algérie pendant la saison estivale.

 Pour les établissements hôteliers, avoir leurs chambres réservées en grande partie par des œuvres sociales assure un taux d’occupation élevé et prévisible sur de longues périodes. Cela garantit un flux de revenus stable, ce qui est crucial pour leur planification financière et leur rentabilité. Le principal inconvénient est que les particuliers peinent à trouver des chambres disponibles.

Enquête réalisée Kamel Benelkadi

 

 

CHIFFRES-CLES

Plus de 7 milliards de dinars : budget de l’aménagement et réhabilitation des espaces balnéaires

461 plages ouvertes à la baignade    

3,5 millions : nombre total de touristes en 2024

2,3 millions de touristes étrangers

1,2 million d’Algériens résidant à l’étranger  

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